J’ai toujours rêvé d’être quelqu’un d’exceptionnel. La célébrité, la reconnaissance, pourquoi pas, mais surtout me sentir un être à part. Une voix puissante, mais je ne sais pas m’en servir. Des idées à revendre, mais je ne sais pas les défendre. Du caractère ? Si peu. Un physique pas si atypique, quelques talents inutiles, et puis, quoi, un sourire ? Laisse-moi rire. Alors j’essaie de construire une personne qui me convienne; un corps qui tourne et vire, qui en impose, un corps plus souple pour prendre la pose; tailler une identité sur mesure, je l’aurai à l’usure; modeler une voix qui explose en un bouquet final qui te fissure. Il y a beaucoup de travail avant qu’un résultat ne se profile, et le temps file, mais dans mes tripes je sens poindre un avenir, et pas des moindres. Je rêve d’à nouveau monter sur scène. Mais cette fois, je voudrais que ce soit pour ma voix, pour mon chant. J’aimerais user de mes cordes vocales pour propulser mes chansons dans les esprits autrement qu’en pleine rue, au hasard des amitiés. Ceci dit, artiste ambulant ou chanteur déambulant sur les pavés semble le premier pas vers les planches qui me tentent tant. A force d’entendre des encouragements, peut-être mon courage viendra-t-il finalement; à force de rire des soucis, peut-être l’insouciance reviendra-t-elle en force. De ma plus belle plume, je bâtirai la nuit de toutes les folies pour parfaire un espoir déjà grandiloquent de savoirs dérisoires et de rires d’amants. Si je m’entraîne dur, si je laisse le chant s’emparer de ma voix, je forgerai le pur, l’éternel désarroi le plus grand des éclats. J’ai fait une croix sur une partie de ma liberté, le reste doit donc s’épanouir de manière exponentielle pour que je continue de te sourire. Je veux m’envoler sur les notes, oublier les sabots de bois et les sourires en cascade, voguer sur un flot de sensations immatérielles et de douceurs sucrées sous le son. Je veux vivre la musique comme certains oublient la panique ou fuient les idées utopiques.
20 juin 2016.