top of page

PUNK STUPID PUNK, punkage n°9 : Joey Glüten (il était temps)

Ce récit sera placé sous le signe d'ANTOINE PINTOUT (/hj).

Bon il s'est passé beaucoup (BEAUCOUP) de choses après, donc je vais juste te raconter le concert et quelques trucs, mais pour le chapitre des surprises et des retrouvailles, on verra ailleurs et plus tard, sinon j'vais tout mélanger. Beaucoup d'émotions dans ce séjour.

Ah oui parce que j'ai pas précisé, on est allé-es jusqu'à NANTES pour le voir, le bougre.

Ouais j'sais pas, ma pote peut pas aller à l'Arsenal, on cherche autre chose, on tombe sur un concert à Nantes dans une salle trop p'tite, on s'dit eh, Nantes ? Go. Du coup on y va. Alors bon comme je suis stupide et chelou je nous rallonge le trajet, au lieu de prendre le direct Lyon-Nantes je nous fais prendre un premier train jusqu'à une gare paumée, en vrai je regrette pas on a fait une jolie balade, enfin un joli pique-nique. Pis le deuxième train était archi silencieux et impersonnel, j'aurais pas tenu tout le trajet là-dedans, et c'était fun d'avoir une heure de pause. Mais quand même, je suis parti de chez moi vers neuf heures, pour arriver à vingt-deux heures.

Bon bref, on papote on papote, je sors des dingueries parce que quoi de mieux qu'un train bondé pour faire sa thérapie entre potes, eh. J'ai complètement oublié les sujets, mais c'était important et tout. Pis dans le deuxième train j'ai fait des calculs, donc j'ai écrit une lettre. D'où retrouvailles, ce qui est un autre sujet. J'ai chialé, un peu, et tremblé, beaucoup.

Allez j'essaie de rush, on va résumer tout ça. Arrivée à Nantes, mon pote sur le quai, on se marre en se voyant, ça fait longtemps. Marcher dans Nantes ça fait bizarre, les transports et trop de noms que j'reconnais. Et puis eh, dodo. Le matin je finis ma lettre, pendant qu'on parle d'Antoine Pintout, ouais fallait bien. Ah j'te jure ça m'éclate de parler de lui, le gars imagine même pas à quel point il est un running gag dans ma vie, pour des gens qui le connaissent même pas. Si j'tombe sur lui un jour, j'lui raconte. Ou pas. Bref les anecdotes de collège hein, pis les nouvelles parce que nos vies changent, pis imagine moi j'suis même plus en dépression, trop chelou.

Il s'est passé quoi ? Aucune idée, on papote pis on sort. Enfin on passe une demi-heure à paniquer parce que deux anxieux dans une pièce ça fait des paillettes, s'apprêter à sortir ça fait des bananes (qu'est-ce que je raconte). Donc bref on sort, et on va à Pirmil. Pirmil, tu t'rends compte ?! Ce nom ! Ce nom beaucoup trop familier ! Ah oui au cas où t'aurais pas l'info : j'ai grandi dans la région, c'est des mots de mon enfance. Pis bon voilà, on est trois on se balade un peu, on passe devant le bar de ce soir, il ouvre à dix-huit heures, on sera là à dix-sept trente. Le concert commence à dix-neuf trente hein, mais Joey Glüten il a dit si vous venez de loin venez tôt, nous on est des enfants sages on respecte la consigne !

Le parc, donc. Et Antoine Pintout, le retour. Parce que ouais, ma pote de Lyon elle a l'habitude de m'entendre jaser à ce sujet, ou juste lâcher ce prénom sans aucun contexte, mais là on est DEUX à en parler ! Et des souvenirs, et des aveux, et des nouvelles. Nan sans déconner cette pelle je vais pas m'en remettre, c'était si étrange. Y a une course d'orientation autour de nous, j'ai très envie d'aller me baigner. J'arrive à me retenir, cette fois (oui je me baignerai avant la fin du séjour t'en fais pas). Antoine Pintout partout, et puis plein de noms et d'anecdotes. Pardon hein, mais le gars a été omniprésent dans mes quatre années de collège, comment veux-tu que j'parle pas d'lui à tout bout d'champ alors qu'on s'tapait d'ssus. Puis on sort du parc, et je reconnais le parking. Je stoppe en pleine rue, oui c'est moi qu'ai donné l'adresse et demandé à être accompagné mais quand même, ça fait bizarre et je panique. J'ai ma lettre toute bien pliée en trois dans ma sacoche, et un papier blanc pour faire une enveloppe. Les deux autres m'ont bien proposé de passer acheter une enveloppe ou un autre papier ou du scotch ou que sais-je, mais cette lettre, elle doit me ressembler, donc ce sera papier blanc plié étrangement en guise d'enveloppe. Je vais pas faire semblant d'être un humain normal. Je la plie encore en deux pour qu'elle tienne dans le papier, et je tremble de partout. Ce parking hein, tellement de souvenirs. C'est ptet pas là que j'devrais raconter ça, tant pis, ça fera double emploi. Et je tremble et je tremble, et je vérifie quatre fois que c'est le bon endroit, mais tu sais c'est vraiment le bon nom de famille sur la boîte aux lettres. Imagine quelqu'un passe, imagine quelqu'un me voit, imagine je reconnais quelqu'un. Rien de tout ça n'arrivera. Je tremble comme une feuille devant cette boîte, j'hésite à juste partir en courant avec ma lettre et tant pis. Mais j'ai pas fait tout ça pour rien. Alors malgré les tremblements, je lâche la missive, dans la boîte. Le futur ne dépend plus de moi.

J'ai toutes les peines du monde à me retenir de fuir en courant, j'arrive à marcher, on retourne dans le parc et vite vite vite je parle à nouveau d'Antoine Pintout, pour revenir sur un sujet que je maîtrise. Et puis bon, on s'installe sur un banc face à l'eau, je lance ma fleur dedans (où j'ai encore chopé une fleur moi), je lui rends sa liberté, et puis toujours plus d'anecdotes. Et puis l'heure avance, on se met en route vers la salle de concert. Copain s'en va prendre son train, nous on attend comme des branques sur un pseudo banc à quelques mètres de l'entrée.

Ah oui j'ai encore voulu check les horaires d'ouverture, sauf qu'entre deux affiche de la devanture j'ai croisé le regard de JOEY GLÜTEN. Ouais je suis nul à reconnaître les visages, sauf quand j'les ai poncés des heures durant sur des vidéos. Faut dire, sa casquette aide, parce que dans la semi pénombre du bar et avec juste ses yeux et son front, y aurait eu de quoi se tromper. Mais c'était lui, j'en suis sûr (et après coup, j'te le confirme). D coup j'panique parce que même si moi je sais que j'étais juste en train de check les horaires, bah de l'extérieur (fin de l'intérieur du bar, t'as compris) ça a ptet grave l'air d'un fanboy qui tente d'apercevoir son idole, alors que franchement déjà c'est pas du tout ce qui s'est passé, mais aussi c'est pas du tout mon idole. Ouais j'kiffe ce qu'il fait et je l'admire, mais comme j'admire mes potes qu'ont des talents tu vois. Ptet un peu plus que si c'était juste un pote, j'admets, et surtout y a quand même le fait que bah lui y me connaît pas (j'peux pas aller jusqu'à dire qu'il a pas connaissance de mon existence, parce que y a quand même punk qui lui a envoyé une photo de moi en plein powerpoint sur lui, ouais chacun ses soirées), c'est très à sens unique. Mais vraiment, j'suis pas en émotion de fanboy. Mais émotion quand même.

Pis bon pique-nique sur le banc (vraiment on peut pas appeler ça un banc mais chut), dix-huit heures le bar ouvre, oh et y a un chat sur le trottoir il est trop chou. Une voiture arrive, se gare, au bruit je sais que c'est des punks. Y descendent, et là nan c'est pire que ça : c'est Mathéo et le reste du groupe. J'en frétille, mais j'ose pas les regarder parce que ptet c'est gênant un inconnu qui te dévisage, pis j'ai pas fini mon goûter moi. Un chien passe et me lèche allègrement la joue (ah oui je suis assis par terre, comment c'est arrivé aucune idée). Et ouais j'sais pas on finit par se lever et entrer dans le bar, je prends un sirop de fraise comme toujours (depuis gosse je prends un sirop de fraise en bar, qu'est-ce que je foutais à traîner régulièrement dans les bars à quatre ans bah demande à mon père), et puis je me range sur une table, tout petit tout timide, ouais j'ai ma dégaine de keupon mais j'ose pas parler. Franchement à ce moment on est pas passé loin du mutisme, mais finalement c'est parti sur avoir quatre ans et demi.

Je sais pas trop ce qui se passe, là y a des balances et tout, pis des punks, de plus en plus de punks. Et moi j'suis toujours semi tétanisé sur ma banquette, et grave hypé aussi. Pis bordel, les gens sont BEAUX. Faut arrêter hein. Faut arrêter les punks d'être beaux comme ça, moi après je sais plus où me mettre j'ai trop chaud encore. Pis j'reconnais les chansons des balances en plus, un enfer (positivement). J'ai plein de trucs dans la tête et dans l'corps et tout s'bouscule, alors je gère comme je peux : j'ai pas mon matos de couture ni mon stylo-plume donc la crise de couture est exclue comme la crise de poésie, donc je parle d'Antoine Pintout. Eh. Franchement j'aurais pu m'amuser à crier son nom en plein concert, juste pour rire. Si j'avais pensé à lui pendant le concert.

Ah ouais pis on s'dit, ce serait marrant qu'on croise des gens qu'on connaît, eh on connaît du monde à Nantes ce serait pas impossible. Mais improbable. Et là à la porte, y a quelqu'un qui ressemble à quelqu'un, et j'le fixe et je lâche son prénom parce que ouais c'est un pote qu'on voit à Lyon d'habitude, eh écoute les gens ça bouge. Le degré d'improbabilité de tomber sur lui par hasard à l'autre bout d'la France, j'adore. Et là au moins l'improbabilité ne passe pas par un doigt inconnu fourré dans mon nombril.

Bon, donc, concert. Oui bah je suppose que ça a fini par commencer. Cela dit, le premier groupe a commencé une chanson, puis pouf une demi-heure de pause. J'crois y a eu un souci mécanique mais j'ai pas compris. Bref y reprennent, c'est trop bien, la saxophoniste est incroyable. J'avoue on a pas tout bien pigé les paroles hein, mais suffisamment pour savoir que c'est cool. Bon j'avoue j'ai dû m'arrêter à la moitié pour retourner m'asseoir, j'avais trop mal à la nuque, pis eh faut bien s'épargner pour Mégadef.

Et là, Mégadef.

Que dire ?

Déjà Joey Glüten commence par un speech, on approuve très fort, et il finit ça sur un eh les gens grands, laissez le premier rang aux petits, y a des gens d'un mètre cinquante qu'aimeraient bien profiter du concert. Omg mec épouse-moi. Le gang des petit-es se réjouit on se check ou j'sais pas trop mais on est bien. Et puis j'ai tout donné sur Dinopunkach', ma voix tout c'que j'avais. Première chanson, donc. Ah t'inquiète j'ai gueulé pour tout le reste aussi, mais je sais jamais comment ma voix va tenir, et surtout mes poumons, du coup j'me lâche à mort et on verra plus tard. (J'écris deux semaines plus tard et j'ai toujours pas récupéré mes aigus, mais entre-temps j'ai chopé une rhinopharyngite aussi donc bon.) J'aime bien y a une meuf du premier rang qui s'est retournée plusieurs fois vers moi en riant parce qu'on m'entendait malgré la sono.

Pis y a eu les pogos. Oh ça a duré presque tout le concert. Mais du coup ça bouge dans tous les sens, moi je tiens le deuxième rang pour éviter que le pogo s'écroule sur le premier rang, du coup c'est moi qui leur tombe dessus mais bon avec mes trente kilos tout mouillé j'pense ça fait moins lourd que les grand-es énervé-es de derrière. Pis les deux rangs on se relaie du coup, et le moment est très cool. Vers la deuxième chanson les gars du groupe commencent à tomber le t-shirt, z'avaient prévenu et précisé que si y a que des gens qu'ont l'air de mecs cis qui font ça ça risque de mettre un malaise, genre on a toustes le droit, bon en vrai j'ai l'impression que sur l'avant du pogo ça a vachement hésité mais moi tu m'connais apwal dès que j'ai l'occasion. Pis la p'tite meuf du premier rang avec sa meuf, elle m'embarque d'une main sur la hanche ou j'sais pas où, et on vibe ensemble, et on est bien nous les p'tit-es, et on se vautre un peu mais osef on est si bien. J'avoue j'ai pas tant l'habitude d'être solo en concert, mais bah là on est dans un bar tout p'tit, entre punks, j'pense on est un certain nombre de gens pas cis, on est plein de visiblement pas het', bref on est bien.

En vrai j't'ai dit, si y avait eu changement de plan et que j'avais eu personne pour m'accompagner, j'y serais allé seul. J'aurais pas raté ça. Au point où j'en suis, ouais j'crois j'suis capable de débouler solo en concert.

Tu veux que j'te raconte quoi ? Le concert est extra, j'connais les chansons si fort que j'les gueule comme jamais, quand le p'tit con de chanteur s'arrête pour un speech ou bref trois mots hors chanson c'est top, il est à fond et nous aussi, et tout le groupe, et c'est trop bien quoi. Je sais pas te raconter un concert moi. Être pieds nus dans un pogo c'est le feu.

Le premier rang se vautre plusieurs fois sur les amplis, on les relève et on repousse le pogo ou on se jette dedans, pis un coup où Joey Glüten est de notre côté des amplis il se fait fracasser le genou dessus, du coup il se marre et retourne dans l'espace groupe, et y dit y va continuer le concert allongé hein, en PLS, y a pas quelqu'un qui peut le positionner ? Du coup quelqu'un le PLS, et y chante comme ça parce que pourquoi pas. Y a aussi un moment où il sort une toile, des pinceaux et de la peinture, y nous les file, et on Pintout, euh on peint tout. Franchement balancer une toile dans un pogo c'est magique. Et on se vautre, et on s'relève, et y a un grand type qu'arrive pour dégommer tout le monde et il se fait jarter en littéralement dix secondes, même pas le temps pour le chanteur de réagir.

Les chansons s'enchaînent et c'est formidable et on vibe à mort, plusieurs fois je me plie en deux pour tenter de respirer entre deux chansons et ça part en sales quintes de toux mais écoute. Pis un coup le pote me demande je sais plus quoi, alors j'dis que si on peut m'apporter ma ventoline j'dis pas non. Et j'me retrouve à ventoliner en plein pogo, et bon je sais d'expérience que si j'la range dans ma poche je vais la défoncer, du coup j'la file au bassiste (je crois ? en tout cas un blond) en lui demandant de me la garder en sécurité, je sais que le concert touche à sa fin mais que j'ai encore largement le temps de péter mon inhalateur (je suis plutôt talentueux pour ça). Pis ça chante encore et ça danse et ça vit et c'est beau (putain qu'est-ce que c'est beau).

Et pis je respire à nouveau plu', alors j'demande au bassiste en faisant un geste de ventoline, y me dit "ta ventoline ?" je oui il me la file, et là c'est la dernière chanson donc je la garde. En vrai il s'est encore passé plein de trucs mais j'ai oublié, parce que déjà j'étais beaucoup trop occupé à vivre le moment pour penser à le retenir pour le raconter, mais aussi il s'est passé tellement de choses après ça, mon cerveau a du mal à suivre je peux pas tout process. Ce concert était génial.

Et puis voilà, c'est fini, y a quelqu'un qui veut récupérer son pull sous les pieds du chanteur alors je vais lui chercher, et j'en profite pour coller dans la pattoune de Joey Glüten le bouton que j'lui ai pyrogravé et le patch de ventoline que j'lui ai fait. Y fait "c'est quoi" j'dis "un cadeau" puis je disparais. Parce que c'est ce que je fais quand j'offre un cadeau. Et mais voilà je sais qu'le move est chelou mais j'sais pas si j'vais avoir d'autres occasions, ok j'le revois à l'Arsenal mais y aura plein de monde donc pas dit que j'puisse le choper deux minutes, et là il a ptet envie de juste être tranquille pour se rafraîchir avec ses potes, pis y a aussi des fans, tsé pas des gens qui juste aiment bien les chansons et kiffent le bonhomme, nan y a vraiment des fans, et moi j'en suis pas, et j'ai pas super envie de me les coltiner déjà, mais aussi je peux pas batailler contre elleux pour m'approcher de lui tu vois, genre si j'peux lui parler c'est fun super, si j'peux pas bah c'est un super concert.

Du coup bref je fuis et retourne me vautrer sur ma banquette, je dégouline de sueur et de bière et de bière et de sueur, la sueur c'est beaucoup la mienne et pas mal celle des autres, la bière c'est pas la mienne. Je finis par remettre un t-shirt, enfin si on peut qualifier de t-shirt ma chemise de concert, c'est même pas une chemise c'est juste un tissu de Frankenstein, qui se trouve tenir vaguement sur mes épaules et couvrir à peu près mes tétons pour faire genre je suis un humain vêtu et civilisé. Tu vois ma température corporelle qu'est habituellement limite flippante parce que trop élevée et des fois j'me brûle presque les doigts en les posant sur mes hanches ? Bah là c'est pire. Du coup faut que ça retombe un peu, faut décanter le hot punk. Allez hop, nouveau sirop de fraise.

Et puis mine de rien c'est là que ma pote elle appelle Léo. Parce que ouais Joey c'est pas son prénom, comme il a dit pendant le concert (sûrement après avoir appelé sa mère, ouais grand moment ça aussi, elle a lancé la chanson suivante), et comme c'est assez facile à savoir s'tu suis ses posts. Fin bref, elle lui dit écoute mon grand (nan mais bref) j'ai des sandwichs pour toi, y sont gratos et délicieux, et vegan. Il est trop content y mange y s’assoit à côté de moi parce que quand même il s'est déglingué le genou, moi j'crois j'ai enlevé mes attelles, et y demande oh y a des pignons de pin, et oui y en a, et ça le fait kiffer. Et là du coup j'm'excuse d'y avoir collé mes trucs dans les pattes sans prévenir, mais j'savais pas s'il allait se barrer ou quoi. Et lui du coup il avait oublié que c'était arrivé (on est ensemble mon gars), et l'inconvénient c'est que bah y sait pas ce qu'il en a fait. À l'heure actuelle je sais toujours pas s'il a retrouvé les objets. Et bref on discute, et c'est chill et cool et juste normal, et j'dis merci pour les petits, et y demande si c'était malin parce que du coup on devait tanker les grands du pogo, mais en vrai ptet faut un poil plus de prépa genre prévenir que on va se prendre le bordel dans le dos, mais trop cool.

Le gars est juste un keupon quoi, on discute normal, il se prend pas la tête j'sais pas, c'est confortable. Et ça confirme cette impression que frère si on a l'occasion on peut grave être potes, t'es dans la même ambiance que nous ça fait du bien. Y nous demande nos noms, et moi c'est drôle parce que mon prénom civil c'est le même que lui, y dit on va pas partir sur un deadname, mais t'inquiète c'est pas un deadame c'est juste un nom qui me sert dans un contexte, comme mes autres prénoms vu que j'en fais collection, d'ailleurs y sont sur ma veste alors je montre, y a Sky, Leo, Leo Apwal, y a Bones aussi, et bref dans ce contexte moi c'est Bones. Et pis on cause de ventoline, y parle de son asthme vénèr', j'dis ouais je sais pis d'ailleurs Mot du médecin c'est ma pref, hélas y a pas les paroles, ah pourtant il met les paroles des chansons, ah ouais mais là la description est tellement longue qu'il a oublié, du coup on lui demande mais du xolair en quoi, eh ouais c'est marrant parce qu'il arrive pas à dire le mot donc il garde le mot comme il le dit et c'est fun. Eh on va pas s'mentir y a que nous pour remarquer. Bon du coup pour la postérité : c'est pas plesmographe, c'est pléthysmographe. Voilà.

Ouais j'sais plus, on papote quoi, pis d'autres gens viennent lui parler, pis moi j'prépare mes affaires parce que bon on va finir par se rentrer, y montre la conv' avec sa mère, et ouais juste avant de filer je lui dis merci pour NLCDLDO parce que ouais les gens qui s'défoncent pas on est là, d'ailleurs lui il est sobre depuis dix mois il a dit, bravo. Et on boit d'la bière pas cher à sa santé. Et on se fait coucou, et j'crois il a tenté de me faire vaguement un check mais j'étais trop mort pour calculer.

Voilà, on s'tire, on s'dit à quel point c'était bien et à quel point j'ai plus de voix, pis on va s'coucher (nan j'passe sous la douche avant, c'est pas mes draps j'vais pas les dégueulasser là quand même).

Après j'sais pas, le lendemain existe, ma pote m'emmène voir mes potes, j'sais pas quoi te raconter c'est juste des potes de collège qui partagent les souvenirs et les nouvelles, le moment est très cool mais s'tu connais pas Antoine Pintout et si t'étais pas là avec nous ça n'a pas grand intérêt. Pis bon ça cause aussi handicaps. Passage éclair chez un pote pour voir un nuage, puis retour dodo.

Après y a eu Saint-Nazaire, j'me suis baigné dans la mer, ça faisait ptet dix ans l'Atlantique, j'ai mis la tête sous l'eau. Sauf que après, je suis resté en short de bain et t-shirt trempés, en plein vent, pendant ptet une demi-heure, et ça c'était pas forcément une aussi bonne idée qu'il y paraissait, et la demi-heure suivante en vêtements presque secs mais cheveux toujours mouillés et vent toujours énervé, bon. Et puis je vais pour prendre une douche, et je vois un message. D'un numéro inconnu. Et je sais qui c'est. J'ai mis mon numéro dans ma lettre. Alors c'est une autre histoire, tu vois, mais du coup je panique et je prends ma douche, et puis je panique alors je m'active, et puis je panique et je finis par lire le message. Je finis même par y répondre. Bref, une autre histoire on a dit. Eh j'suis pas encore prêt tu me laisses le temps ok, les trucs bien ça fait peur. Pis on a regardé Heartstopper, je meurs c'est si doux et si beau je pleure.

Après y a eu Rennes, y a eu la pluie et moi tsé j'pars en Bretagne j'prévois rien pour la pluie. J'peux pas te raconter parce que t'as pas les infos et j'ai pas envie d'en parler, mais en gros j'ai revu quelqu'un qu'a été important dans ma vie, et qui va bien aujourd'hui, et c'est trop bien, et on s'est fait du mal mais maintenant on va mieux chacun-e de son côté. C'était doux. Et puis y a eu la maison à la campagne avec plein de chats, et puis moi j'étais très mort avec ma rhino et j'étais deg de pas pouvoir être aussi présent que j'aurais voulu.

Enfin voilà, dans l'aprem je saute dans un bus, je retourne à Nantes, et mon train au départ de Nantes arrive à dix-neuf heures, ce qui est pile l'heure à laquelle c'était pratique que j'arrive, enfin pratique pour me récupérer. Oui à partir de là on est sur l'autre histoire, donc je vais m'arrêter. On est jeudi soir, dix-neuf heures, et ma vie est sur le point de changer.

Dimanche, dix-sept heures, je grimpe dans un train après un dernier câlin (des phrases furent prononcées, j'étais là j'ai tout entendu), et je chiale de joie dans le train, j'étais tellement pas prêt. Ah et j'ai mangé la concordance des temps j'en ai rien à taper mon récit est vivant ok. Vingt-et-une heures trente, Lyon, la gare est vide j'ai jamais vu ça, le métro j'me trompe pas cette fois je vais pas à Charpennes, par contre quand je dois faire un changement j'arrive à me tromper de quai deux fois de suite (eh stp y en avait au moins quatre). Puis le bus pour chez moi, je m'apprête à envoyer un dernier "maison, dodo" pour signaler que je suis arrivé entier, mais un long message m'attend et franchement je m'effondre dans mon entrée en pleurant va falloir que j'arrête de faire ça mais j'me sentais si bien. Oui alors là on parle de pleurer positivement hein.


Et voilà, maison, dodo. C'était si bien.


4-5 avril 2024 (le récit, les événements se situent entre le 21 et le 31 mars).

8 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Capricieuse

Si petite si fragile dans le monde des adultes Tu évolues toute seule pour rire à l’univers Une enfant de la honte une fillette sans passé Tu te montres et te caches selon leur bon vouloir Tu ne sais

Ne m’attends pas

Ne m’attends pas ce soir pour dormir avec lui Ne m’attends pas demain surtout pour vivre ta vie Tu peux pas t’encombrer d’moiTu peux pas avoir envie De t’encombrer d’quelqu’un comme moi Tu peux pas pl

Exceptionnel

T’as les yeux d’mon enfance et le cœur d’un bel ange Ton sourire me réchauffe me fait tourner la tête Trop pour moi j’comprends pas ce qui s’passe ce qui change J’ai été si longtemps absent à toutes l

bottom of page