J’aurais voulu être hyperfem, porter des talons méga hauts
R’garder l’monde depuis mon perchoir, avec mes faux cils et mon gloss
Mini-jupe et gros décolleté, des paillettes jusque dans les seins
Nombril à l’air et ch’veux coiffés comme une star de cinéma
J’aurais voulu savoir marcher avec ces échasses et ces fringues
Me maquiller, m’démaquiller, foutre un chassé aux gros pervers
Mais j’sais même pas mettre des chaussures, je tiens pas d’bout dans cette torture
J’ai pas l’talent pour être fem, soyons honnêtes, pas la carrure
J’aurais voulu être hypermasc, ou au moins être un peu viril
Gros muscles, grosse barbe, gros manteau d’cuir sur les épaules archi tatouées
Porter des trucs trop méga lourds, faire le kéké sur ma moto
Ch’veux longs au vent, bras nus, grosses chaînes, bandana rouge et vieux cigare
Soul’ver une caisse, planter une tente, tordre à mains nues des gros barreaux
Monter un meuble, tout aiguiser, abattre des troncs à la hache
Mais j’suis trop p’tit et trop faiblard, j’ai les poignets en éventail
J’ai qu’un vélo, tout p’tit, tout beau, j’suis un enfant dans la forêt
J’aurais voulu être hypermoi, être un peu tout ça à la fois
Crois’ment chelou et improbable entre un colosse et une déesse
J’aurais voulu d’un jour à l’autre troquer les biceps pour la taille
La barbe, les seins, aucun des deux, les deux ensemble et plus encore
J’aurais voulu être androgyne, le visage indéfinissable
Les cheveux fous, le corps en sable, la peau douce, souple et malléable
Être moi, un peu à côté, être tout ce dont j’ai rêvé
Entre mes jambes jamais ouvertes, rien d’existant, rien à cacher
4 décembre 2023.