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PUNK STUPID PUNK, punkage n°2 : Arsenal festival

Dernière mise à jour : 28 août 2023

On commence par des trucs en vrac liés au festival ou au moins aux punks, des pensées random notées avant ou après le fest en pleine custo de casquette j'ai croisé mon marteau et ça a instant fait "tiens ça ferait quoi si j'me le fracassais sur le crâne ce serait cool jpense" j'ai ptet quelques soucis bon je sais plus si c une casquette ou une poubelle de quincaillerie tssk oh et j'ai retrouvé trois des grandes épingles à nourrice que j'avais foutu dans mon oreille en terminale lire la BD de Freaks avec un CD des Beru, c'est très chouette, mais ça fait des trucs ...ne pas se frotter le nez avec les deux doigts entre lesquels t'as coincé une aiguille ptn Leo c'est pas si compliqué bon dieu de merde comment veux-tu que je dorme alors que les punks et les fols *existent* ??? et qu'en plus y font de la musique c bon je pars de chez moi mercredi pour festoche mon cerveau est déjà en mode tape du pied et crie musique les trois prochaines nuits vont être infernales "omg mais vs êtes bcp trop drôles là c terrible c une tentative d'assassinat par ma gorge j'adore" oui Leo oui va te coucher j'ai mis sur ma casquette les vieux bouts de métal que je fourrais jadis dans les lobes de mes oreilles bah ça a bien rouillé entre-temps j'aime bien c joli et ça fait gling comme ça on me perdra pas dans la foule OU SONT LES PONKS jveux pas dormir le savais-tu ? le Leo est intenable quand il veut aller en festoche / concert / truc comme aç comment dire à mon cerveau que le festoche commence jeudi et que ça sert à rien de pas dormir, genre ça sert à rien de faire ça tout de suite t'auras tout le temps de pas dormir à partir de mercredi soir bjr les zonard-es et les sdf vivent la canicule aussi du coup t'as le droit de leur proposer à boire qd tu les croises (j'ai dit proposer hein) faudrait faire un tuto "comment apprivoiser 1 punk sauvage" -c quoi la diff entre punk et grunge -jsp je connais pas le grunge mais dans ma tête c un peu entre punk et metal genre j'entends des brutis de trucs métalliques qd on me dit grunge -grunge c Nirvana un peu -oh c plus propre que le punk pas forcément "propre" dans le sens "sale" mais genre net genre ptet moins les fringues déchirées et qu'ont pas de sens un peu comme les skins c d punks propres (mais y en a qui sont crados j'en ai un il a pété sa premiere dent sur mon genou) omg pardon pour les msg décousus comme mes fringues !!! non Leo c pas pcq tu pars en festival demain que tu peux arrêter de manger JE PEUX PLUS DORMIR BORDEL Y A FESTIVAL j'ai failli me lever avant 5h (ouais pcq à 4h45 y a un genre de klaxon qui s'est mis en marche et qui s'arrêtait pas donc je me suis levé, j'ai vu l'heure, hésité, réussi à me recoucher) et j'ai rêvé qu'il me pleuvait fort fort fort sur la yeule en cours de... jsp mais collège mais le moi d'ajd et la salle de classe ct un parc au bord de la mer et à un moment y a une ENORME vague qu'est passée au-dessus du mur-bibliothèque et pouf on était encore plus trempé-es ! FESTIVAL, FESTIVAL, FESTI-FESTI-FESTIVAL Tu l'auras compris, je pars en festival Et n'ayant pas internet sur mon (tout nouveau tout beau ❤) portable, j'aurai pas accès à fb, à partir de cet aprem Alors j'vais sûrement demander à qqn qu'a mon num de check ce post au cas où (et celui qui parle d'héberger Rythiel, lien en comm'), donc si t'as besoin de me contacter et que t'as pas mon num bah commente ce post ! Et je rentre dimanche, donc je reviens sur fb pas avant lundi Voilà bonne nuiiiiiiiiiit Leo 1h avant de partir en festival : *en calbute avec des trucs pour tenir les genoux là genre attelles souples* j'ai découvert un truc ce week-end genre de base j'ai peur des bébés et des enfants mais les enfants punks ça va ça fait pas trop peur, genre si le machin est au milieu d'un festoche punk je vais sûrement pas le casser en le regardant jsp je suis un jouet pour punks ou un accessoire fin c pareil j'ai testé l'huile solaire pcq bon je supporte pas la crème solaire (à l'odeur comme au toucher) et je suis pas supposé m'exposer au soleil c dangereux pour ma peau ("peau à grains de beauté" gngngn) sauf que j'aime rôtir donc chaque année entre février et novembre j'ai tendance à accumuler les coups de soleil et bon j'ai fini par me dire que ptet ça pourrait être une idée de limiter un peu les dégâts donc le jour où j'ai découvert que l'huile solaire c'était pas forcément de l'autobronzant, que ça pouvait être une protection solaire, me suis dit, eh pourquoi pas eh bah ça a plutôt bien marché, genre j'ai juste pris un p'tit coup de soleil sur le nez, et ptet vaguement une épaule, mais sinon tranquille c cool j'ai un peu bronzé mais sans passer par gros coup de soleil généralisé


-oui bjr la police je suis retenu en otage par trois punks et z'ont des objets menaçants pointés sur moi -quel type d'armes -euh deux sèche-cheveux et un peigne et de la laque et des crêtes Voici une conversation certes fictive mais qui décrit une situation bien réelle dont j'ai une photo (des punks autour d'un punk pour y faire une coiffure chelou, mais les flics étaient pas là tkt tout va bien on avait juste une bande avec marqué police municipale)


...j'ai trébuché j'ai cousu une poche sur ma veste ce festival a vraiment changé des choses en profondeur Oui je sais faudrait que je raconte, parce que c'était outrageusement génial (et terriblement crevant aussi), mais là chuis fatigué j'vais tenter demain, en espérant que ça parte pas en 80 000 carac comme l'autre jour C’est parti pour le récit ! On va tenter de faire court. (Vas-y, cours.) Après plusieurs jours à quasi rien manger et me coucher super tard pour cause d’excitation à l’idée de FESTIVAL, nous voilà mercredi matin. J’ai les doigts et les poignets en compote, à force de coudre et fixer des conneries sur ma casquette et ma chemise (presque tous les morceaux de métal que je trouvais dans la rue et dont je foutais une bonne partie dans mes oreilles ont fini sur mes fringues, ça y est), je panique totalement parce que je vais forcément oublier des trucs et peut-être que ce sera gravissime, je vérifie 500 fois ce que j’ai mis dans mon sac. Puis je me souviens que j’ai parlé de prendre mes grosses chaussures, parce que quand même on va en Picardie et peut-être qu’il fera froid et s’il pleut en plus ce sera compliqué de tout gérer -mais, et si on danse ? (Si tu connais pas mes grosses chaussures, sache qu’elles sont *grosses*, donc franchement, danser avec relève de l’exploit.) Bref, j’te passe l’attente et le trajet jusqu’à la Punkabane. Ah si, juste : je racontais des trucs à la personne qui m’accompagnait, quand subitement en plein milieu d’une phrase, «oh un trombone !» pouf je le ramasse et ça fait un truc de plus sur mon futal. Pis bref je suis récupéré et placé dans la Punkabane, on me fait manger une fleur (nan mais t’sais ça c’est encore Punk et les plontes hein, pour une fois c’pas moi qui cherche à tout mettre dans ma bouche), et pis pendant que je raconte je sais plus quoi à Ortie je sursaute violemment en découvrant Idra dans l’entrée, oui bon y bougeait pas c’est juste moi qu’ai oublié de regarder. Subitement Ortie fait une démonstration de joie dans ses nouvelles chaussettes-chaussures (oui je suis contagieux et j’aime ça), ça sautille ça rebondit c’est fantastique, poum y a deux punks qui gigotent et piaillent et punkent et crient «festival» et des trucs comme ça (j’crois Idra regarde les deux abrutis mais jsp parce que j’ai pas trop les yeux). Pis aussi on a fait gling-gling avec tous nos gling-glings de vêtements, j’ai montré ma chemise et ma casquette et je sais plus. Ah si chuis allé aux chiottes aussi, et j’pense c’est là que j’ai sorti «mais arrête d’essayer de me tuer ! Fin je sais moi aussi j’essaie de me tuer mais merde !» parce que j’ai trébuché dans le sol. Je sais pas trop ce qui s’est passé après parce que j’étais pas là, mais les punks ont punké et askip on a un peu fait un festival avant le festival, pis on m’a fait essayer de la résille et c’était hyper drôle (c’est troooooop doux ça fait frrtfrrt sur la peau), j’ai aussi essayé des plus ou moins kilts et ça touuuuurne. Le train qui déposait [jsp si je peux dire son nom mais copine] à Lyon est arrivé tard, fin y a eu des loupages mais bref elle est arrivée avec trois heures de retard donc moi je dormais (à peu près) depuis un moment. Le matin on est parti-es plus tard que prévu mais plus tôt que le retard, genre on avait qu’une heure ou deux de retard sur le départ prévu donc moins que le retard du train, bref j’me suis perdu dans mes mots. On était trois à stresser en fourrageant dans tout l’appart pour savoir ce qu’on était en train d’oublier (une tente, déjà, ce qui n’a eu absolument aucune conséquence), fallait nourrir le chat et franchement c’est pas juste on m’a pas laissé lui piquer sa bouffe alors que c’est dans une bouboule qui roule j’pense les punks aiment ce chat plus que moi je suis si malheureux. Bref nous voilà en voiture sous un soleil discret (ouf, parce que bon faire ça avec de la chaleur en bonus euh bof), on chante des conneries et on dit du punk (à moins que ce soit l’inverse), à un moment y a eu changement de conductrice et genre moi je suis resté à la place du mort 100% du trajet (de tous les trajets de la semaine, d’ailleurs) mais au bout de genre 20mn j’ai regardé copine et j’ai fait «oh ! mais tu conduis !», voilà. Je sais pas ce qui s’est passé pendant le trajet hein mais je sais que c’était drôle. (je continuerai plus tard parce que là y a une migraine qui commence à pointer le bout de son nez) Ok on en était où ? Hm trajet, j'pense on va passser à l'arrivée au fest. Bon ça commence à dater donc mes souvenirs hein, mais même sur le moment mes souvenirs foutent le camp. Le camp, justement : on arrive dans la petite ville de trou-paumé-dont-j'ai-oublié-le-nom, on se gare devant le camping, jsp où sont les autres et je panique un peu pour plein de raisons. J'attends dans la voiture pendant que les conductrices vont à l'accueil du camping, pour pouvoir flipper un peu tout seul tranquille avant le tourbillon. Bon. Il fait 172 000°, j'ai un pschit pour foutre de l'eau sur la yeule, j'ai une casquette custo mais ptet les autres vont trouver ça ridicule ou trouver que c'est trop, punk a dit que c'était chaotique ce qui est un compliment mais ça veut pas dire que les autres vont pas me juger, j'ai ma veste qu'a bougé un peu et ptet c'est nul, j'ai les cheveux gras (j'y ai mis de l'huile pendant plusieurs jours pour les protéger de ce qui va leur tomber dessus dans les jours qui viennent) et sales et moches et tombants mais osef j'ai fait un palmier donc y sont en l'air et y gigotent, j'ai de l'huile solaire pour tenter (pour la première fois depuis ptet dix ans) de me protéger un peu avant de me mettre à griller (vu que la crème solaire c'est mort), j'ai mon panda et mon duvet, un portable fonctionnel et solide, j'ai sans doute oublié plein de trucs et sans doute pris plein de trucs inutiles, bon ça devrait le faire. Je suis giga cheum et chelou, pas du tout en état j'ai mal partout, je suis crevé et j'ai complètement perdu l'habitude de voir des gens, mais je suis pas tout seul je vais pas être livré à moi-même. Tout va bien se passer. Pas de raison de paniquer. Mais je panique. Je panique, parce que j'ai peur de pas être à ma place, de plus avoir le droit. Alors je trifouille mes affaires, pour me donner une contenance. Et pis là, j'entends du bruit. Enfin je crois. Je suppose. En tout cas, mon alerte punk sonne : ça, c'est des punks, c'est pour nous, faut que je jaillisse hors de ma boîte. Bon, là, j'ai aucune idée de ce qui se passe, y en a deux ou trois, je connais une des crêtes, on crie, on est cons, j'y saute dessus en koala pour cause de c'est comme ça que je salue mes punks. Ça faisait longtemps, ça fait du bien. J'ai pas peur de casser celui-là, pas peur de lui faire mal, alors je me pose pas de questions. Mais deux ou trois, le compte n'y est pas. Y devrait y avoir dans les huit punks, si mes calculs sont bons. (En vrai, ça c'est ce que je dis maintenant, mais sur le moment je me suis juste dit "mais attends où sont les ponks y manque Freaks" parce qu'en-dehors des gens de la voiture et du punk que je viens de koalater c'est la seule personne que je connais dans le groupe, et du coup je me suis inquiété de son état ou de "ptet y me déteste" etc.) Je crois qu'on discute mais j'ai aucune idée de ce qui se dit alors je fais des trucs, je sais pas quoi, je sais pas quand. Quelqu'un d'autre arrive, ou plusieurs j'en sais rien, ou une des personnes du début (j'ai aucune idée de qui était là à la base), puis les punks qu'étaient à l'accueil reviennent, ça tombe bien ça s'éternisait on commençait àa se poser des questions. Ça re chahute, ça re crie, ça re trucs, et pis ça grimpe tout le monde (je crois) dans le camion pour aller à notre emplacement de camping. On tape le code qu'on vient de nous donner mais la barrière s'ouvre pas, retiens bien ça parce que ça a une importance dans la suite. Sur la borne on appelle l'accueil, on nous ouvre, on arrive au deuxième portail et le bip fonctionne mais on sait pas quelle touche a marché, bref ça passe. Ça ressemble à rien là-dedans, dans le camion je veux dire, les punks en tas à l'arrière et tout, et c'est comme ça qu'on débarque sur notre emplacement. Je sais pas trop comment on a fait le tour du camping mais on a vu des punks en petits tas un peu partout et à un moment donné un des tas était le nôtre. Bref on se gare, on descend, ça crie ça bouge ça punk et ça saute en l'air, c'est fun ça fait plaisir et puis il fait beau. On fait des présentations, on commence à sortir des trucs, on installe le truc là comme sur les scènes de crime dans les séries US sauf que là c'est bleu et blanc avec écrit "POLICE MUNICIPALE" en rouge, et pis ça part sur du rasage de tête hein parce que punk. Y en a plusieurs qui passent sur le billot, même une du camp d'en face, y en a qui se font des dessins sur le crâne. Interlude punks amoureux, ça se fait des bisous c'est joli c'est chou -euh j'veux dire, c'est dégueulasse baaah des gens qui s'aiment pouah quelle horreur hein 😶. Et pis là y a punk qui va vers l'are de jeux pour les gosses et qui m'entraîne pour jouer avec un INSTRUMENT DE MUSIQUE intégré à la structure stp, c'est trop bien tu tires sur des trucs et ça fait du clingcling, le fun est immense et intense on musique n'importe comment (en tout cas moi je très n'importe comment). Après on se perche sur un truc en hauteur jsp, j'crois le but du truc c'est de se déplacer mais nous on grimpe sur la structure eh, pis on fait les cons et on voit des gens qui nous voient de loin du coup, ça crie encore dans tous les sens c'est rigolo. Ça veut dire qu'on est déjà repéré-es sur le camping. On redescend et on rejoint les nôtres. Je pense que là c'est le moment où des vieux punks (ou en tout cas un vieux punk et ses potes, jsp si les autres sont punks ou pas mais osef aujourd'hui tout le monde est punk) débarquent parce que notre banderole là, elle est drôle, ça fait fuir les normies mais pour les keupons ça fait office d'invitation, du coup on parle on rigole, ils aiment bien ma casquette je crois, on fait une photo de groupe. Cette info servira aussi plus tard. Le vieux punk avec sa casquette grise toute nue, il me dit toi t'as plein de badges ben tu vois moi j'en ai qu'un, je suis le seul punk de mon groupe de parents quadragénaires, tout ça tout ça. (Eh, plus tard dans le fest il avait davantage de badges ! Il s'est fait plaisir aux stands c'est cool.) Il parle de sa fille, j'ai le même t-shirt qu'elle c'est rigolo, bref. Pis après avec Ortie et Freaks on part sautiller dans l'herbe et on croise des orties, je dois tenir ma casquette en courant pour pas que les bidules dessus me défoncent les yeux ou qu'elle tombe ou quoi, et du coup en retournant dans les punks Ortie dit qu'on aura ses adelphes à bouffer ce soir, soupe d'ortie (cette soupe ne verra hélas jamais le jour). Y a aussi eu je sais plus quand mais sans doute avant les orties, le moment où Freaks m'a mis sur son dos pour m'emmener au robinet, c'était rigolo. On a un papier avec le planning des groupes et le nom des punks, des cases à cocher pour savoir qui veut aller à quels concerts. On commence à discuter du programme, de la bouffe, ça part en préparation de ramen pour tout le monde. J'ai aucune idée de ce que je fais pendant ce temps-là, je sais juste qu'à un moment donné on me file ma gamelle. Je bouffe n'importe comment, pis y a Broug qui en passant me pique une poignée de ramen ! Comme ça ! Pas gêné, le bougre. Du coup j'y ai fait pareil quand il a eu sa bouffe, na ! Sérieux j'ai mangé la moitié de ma gamelle directement avec les dents. J'crois qu'après c'est vaisselle, et vu qu'on a pas de produit pour, y a un abruti (on dira pas qui) qui fout son gel douche dans l'eau et qui lave avec ça (il m'a achevé, après quand on a fait des courses j'ai cherché du gel douche en guise de produit vaisselle, tssk).

(Je finirai plus taaaard je suis claqué)


Aucune idée de ce qui se passe après, mais à un moment donné on se prépare toustes pour aller au fest, parce que genre le camping où on est c'est à un kilomètre des concerts, va falloir marcher et tout, et crois-moi une équipe de onze handi qui doit marcher un kilomètre entier ça va être compliqué.

On se dit qu'on est magnifiques, faut faire une photo de groupe avant de partir (bien sûr ça sera pas fait), y se passe des trucs et puis bref on se met en route, d'autres gens du camping veulent faire le trajet avec nous, on est un milliard environ (donc sûrement une quinzaine), sauf que bon comme on est des abrutis on se met à l'avant du groupe (jsp qui est ce "on" mais y a pas que moi) alors qu'on a aucune idée d'où on va donc on part pas dans la bonne direction, les autres nous appellent pour rebrousser chemin et les suivre, je croise des trucs par terre et les fous dans mes veuch' (ah oui j'ai zappé tout le passage où copine me tresse les cheveux des deux côtés et Ortie a pris les cheveux à crête pour tenter de les dresser, crêper avec un peigne, et faire tenir le tout avec des épingles à nourrice, j'ai mis du gel sur les tresses, bref c'est fantastique ça ressemble à rien j'adore), genre y a du plastique vert éclaté sur la route, donc quand je me fous au sol pour faire la chandelle en attendant les autres punks bah forcément j'en attrape et je m'en sers pour coincer mes cheveux eh.

Le trajet c'est marrant, éprouvant, on dit des conneries, on s'entre-attend, on traverse des routes, on croise un zèbre dans un jardin (oui c'est une statue tkt) puis des sculptures en bois, une déchetterie (where we belong on est des déchets et du coup on chante La France est une poubelle), et là, pile en face de moi, sur un grillage tout rouillé, un bout de carton qui dit "FESTIVAL" avec une flèche qui va pas vers la déchetterie. Ni une ni deux, j'affronte mon destin, et me dirige inexorablement vers l'amour de ma vie, tout en répétant "faut pas me laisser faire ma connerie". Alors forcément, personne peut m'arrêter, j'entends bien quelqu'un me ire de pas faire ça mais il est trop tard je suis sur le grillage et je lèche le panneau. Ah il est con le Leo.

Après dans le champ au bord du chemin y a des fin tsé les grands trucs là avec des câbles électriques et tout, fin bref des tours d'électricité ou de téléphone là, et bon forcément des grands trucs qui partent vers le ciel et qui ressemblent aux cages à poules moi j'ai envie de grimper dessus, sauf que je suis pas le seul, mais on arrive à ne pas grimper en racontant des conneries et en chantant des trucs jsp. Bref on marche on marche, on est une chenille géante ou un ver de terre géant genre on se déplie se replie on s'étire et se rapproche, bref on va pas très vite mais on avance. Et on se perd même pas, enfin je crois.

Là on aperçoit au loin des gens du staff, et à côté une équipe de flics. Donc bien sûr on se fait fouiller, avec nos dégaines on allait pas y couper hein, parce qu'on est vraiment trop magnifiques. Je sais pas trop ce qui se passe encore, les flics parlent et moi rien que l'existence d'un uniforme de flic à côté de moi ça me fait frôler la crise de panique et je suis probablement pas le seul du groupe donc bon c'est compliqué. Heureusement, j'ai pensé à retirer mes couteaux de ma sacoche avant de partir, eh. Bref iels finissent par nous laisser passer, en vrai iels sont plutôt avenant-es et tout, on pense qu'iels sont là volontairement et doivent kiffer la musique et tout, bref on aurait pu tomber sur bien pire quoi. Z'ont juste fait chier pour je sais plus quels médocs pour lesquels la personne n'avait pas l'ordonnance sous la main, mais c'est passé quand même, j'ai pas trop suivi hein moi j'étais juste terrorisé. En plus ça fait genre un quart d'heure de trajet qu'on entend la musique au loin, là on y est presque et on nous ralentit encore, pis y nous disent "vous y êtes presque il reste que 800m" eh frère autant nous achever direct (ouais parce que j'ai vérifié, je croyais que camping-fest c'était un kilomètre mais sur maps ça dit 2,6km c'pas la même), pis en plus juste après les flics à travers un grillage on voit très bien la scène et tout, on pourrait traverser c'est pas loin, mais... mais bon on le fait pas, flemme de chercher les ennuis sous le nez des flics. On fait le tour, on meurt un peu mais bon.

Entrée du festival, nouvelle fouille, fin genre le staff avec un détecteur de métaux, frère on est des punks pour un festival punk bien sûr qu'on a du métal sur nous on pourrait ouvrir une quincaillerie à nous seul-es, donc oui le bip fait bip hein. "Rien de dangereux ?" ça dépend si nos fringues comptent comme des armes, et nos corps aussi, et nos mots et nos maux et nos idées, bref. On rentre, Poésie Zéro est toujours sur scène et c'est super cool, je pige rien à rien mais on est là on est chez nous on est dans notre tribu tu vois, là on est pas des intrus, là on est pas bizarres, là on nous emmerde pas. Là j'ai pas peur.

J'ai deux souvenirs de leur concert : un type qui veut check le chanteur et le chanteur l'embrouille c'est drôle il lui dit "attends tu lèves le bras est-ce que t'es nazi je veux pas check un nazi moi" pis après tout va bien y a check et tout le monde est content, et la fin. La fin, c'est quand le chanteur chauffe le public pour un wall of death, passe au milieu en rangeant les gens là où il veut, il remonte sur scène et crie "là c'est les fachos parce que c'est à droite, là c'est les antifas parce qu'ils ont pas écouté mes ordres, battez-vous." Et il balance le micro par terre, et se TIRE. C'était génial.

J'ai aucune idée de l'enchaînement mais on a vu un stand avec des badges fantastiques, dont un orange mais on avait pas de monnaie, on a pris à bouffer je sais plus trop, ah oui pis avant ça y a eu le moment toilettes, on part à deux, et copine veut aller voir les stands après mais je suis pas chaud donc je retourne tout seul vers les punks (les nôtres, je veux dire), et je traverse donc tout seul une horde de punks, et ça va. Sauf qu'une fois à l'emplacement où on était, et qu'on avait défini comme lieu de rdv au cas où, bah y a pas mes punks. Du coup je sors mon tel, appelle punk, mais ça décroche pas, je regarde partout autour de moi mais c'est compliqué parce que je peux pas regarder le visage des gens et bon où que je pose les yeux je tombe sur des vêtements familiers qui en temps normal signifient "ça c'est des potes vas-y" sauf que là bah c'est des inconnu-es partout et même si les potes étaient debout à genre dix mètres de moi je serais foutu de pas les voir. Je suis là, debout, seul au milieu d'une foule, j'ai mal partout, et je me sens pas si mal. Parce que ma seule inquiétude, là, c'est "bah où sont les gens que je dois voir, j'ai envie de profiter avec". Genre, comme avant. Enfin y a toute la panique de la vie, tous les poids, mais genre... La vie d'avant. La vie de quand j'avais une vie. Ma vie. Là, je respire, parce que même si ne pas savoir où sont les potes ça fait un coup de stress, bah c'est juste un coup de stress, je dis pas que je kiffe là tout de suite, mais ça va. C'est étourdissant, de pouvoir respirer.

Et puis j'entends des voix, ça dit "Leo" ou je sais pas quel prénom, ou bref un truc qui me fait me dire "tiens on m'appelle", du coup je localise les voix, et c'est mes punks, donc j'y vais. (Askip y z'ont juste crié "eh sale punk de merde" ou un truc comme ça, bah kestuveux ça a marché.) Et me voilà à nouveau au milieu de mes punks, toustes vautré-es comme des sacs sur l'herbe, j'ai aucune idée de ce qu'on raconte mais c'est fantastique.

Et après, pouf voilà les Ramoneurs de Menhirs. (Pendant les entractes y a un zikos qui chante des chansons avec sa p'tite guitare et son p'tit micro c'était fun, y a eu du Matmatah et c'est tout ce que je sais.) Y font leurs balances, y a déjà plein de monde devant la scène, nous on fait les relous avec nos vannes de merdes et en plus on remue on est chiant-es c'est cool, on est des sales punks. Encore une fois j'ai aucune idée de l'enchaînement mais pogo, pogo pogo pogo, je suis là pieds nus et je kiffe, vraiment je vais pas te décrire le concert parce que bon les Ramos c'est le feu à chaque fois. Bon, très vite je me rends compte que physiquement je tiens plus du tout comme avant, mes poumons lâchent et je meurs de chaud et je dirais bien que je sens plus mes jambes mais je les sens vraiment bien au contraire, c'est tout le problème, je me demande lequel de mes genoux lâchera le premier, j'ai la sacoche qui me démonte la nuque et le dos, c'est normal et c'est pas grave. Je m'arrête deux-trois fois de rebondir pour cracher un peu mes poumons, j'évite de vomir, pis je repars. Je monte sur punk pour crier en l'air, puis je monte sur des gens pour me laisser porter, un bon vieux slam pour être vivant dans le ciel, y a le fils de Loran qui vole pas loin, puis je redescends je sais pas trop quand, on fait les cons dans le pogo avec les potes, aucune idée.

Le set doit durer deux heures, je finis par me dire qu'une pause s'impose, toute façon on entend très bien de loin aussi, donc on va boire de l'eau (oui je déteste mais je préfère encore ça que de faire un malaise au milieu du concert je veux profiter), on s'assied un peu. Honnêtement je suis pas bien, j'ai toute la fatigue et la surcharge sensorielle, c'est normal je m'y attendais, je suis prêt. Mon corps lâche, je dois juste le tenir à peu près en un seul morceau. On va se caler sur l'herbe, bien à l'arrière de la foule, je m'allonge et tente de survivre. Je sais pas ce qui se passe mais je sais que je kiffe vraiment les vibrations, les basses, même avec le casque antibruit (je comptais pas le mettre pendant les Ramos, mais là quand même, l'idée c'est de survivre au concert). Bon forcément y a certaines chansons qui me font retirer le casque et/ou gueuler comme un porc, c'est fantastique, Loran fait ses p'tits interludes, il parle de plein de choses, il lâche quelques phrases de soutiens aux teuffeur-ses notamment, il cause actu et politique et environnement et tout et tout. Vraiment un bon moment, même sans jouer les balles de flipper au milieu du pogo.

Et là, c'est la fin du concert, la fin du premier jour de festival. La foule se dissipe, on se rapproche de la scène, se cale vers la barrière, parce qu'on veut parler à Loran. Alors oui j'ai aussi oublié de parler du moment au camp où on a appelé papy parce que j'avais une crise de "je suis pas légitime imagine si on parle à Loran et qu'il se souvient pas de moi vu que genre je vois pas pourquoi il se souviendrait de moi et il rencontre tellement de gens omg help appelle-le et dis-lui que je risque de venir lui faire un coucou" sauf que bon on a dû laisser un message. Donc là on tente de se faire entendre des gens sur la scène, euh non attends. On passe environ quarante ans à paniquer à quelques mètres des barrières, à hésiter et tout, on y va on y va pas on sait pas on meurt. Mais bref donc on hèle Loran et les gens du staff, il nous dit qu'il doit finir d'aider à ranger la scène, normal, on attend en vrac et en panique, commence à faire bien froid en plus parce que bien sûr comme c'est l'été on a pas pris de pulls ou en tout cas pas assez, pis bon là c'est la nuit en Picardie, pieds nus j'ai l'habitude m'enfin un pull j'aurais pu y penser quand même. On se fait des câlins et tout, eh ça tient chaud.

Loran finit par descendre de scène et nous rejoindre, sa corne à bière a des fuites donc il la file à punk pour sauter la barrière, et pouf le voici de notre côté. Là forcément il est assailli par des fans, on leur laisse un peu d'air et on attend patiemment, Loran est tout poli mais genre jsp comment expliquer mais en gros lui ça l'intéresse de discuter avec des gens et tout, des gens qui kiffent sa musique c'est cool bien sûr hein, mais il est pas là pour avoir de l'attention, il est pas là pour avoir des groupies ou quoi, genre c'est un punk pas une idole tu vois ? Il est super cool, nous on adore sa musique ses positions politiques et on l'admire, ça reste une icône du punk il est dans la scène depuis des décennies il a connu plein de choses, et on se sent comme des gosses de le voir comme ça (enfin moi en tout cas), mais genre... Il est pas parfait, on le sait, on l'accepte, il fait des erreurs et des progrès, il est comme tout le monde, il est comme nous. Il a de la bouteille et plein de trucs qu'on a pas, comme on a plein de trucs qu'il a pas. Je sais pas, moi ça me semble logique, et je te jure que c'est pas un reproche aux gens qui l'idéalisent ou se comportent en groupies, y a pas de souci, j'explique juste ma logique. Et bref une fois que les autres ont fini de lui parler (y a plusieurs coups où il se retrouvait à moitié collé à moi parce que bon on va pas se mentir un peu assailli par fans bourré-es, du coup je me reculais un peu à chaque fois pour pas qu'il soit bloqué), on engage la conversation, j'ai aucune idée de qui dit quoi mais bref le contact se fait et on papote, pis justement nous on cherche pas à le toucher absolument, à le câliner sans demander ni rien (ouais ça par contre c'est des attitudes de merde, de choper un musicien dans tes bras sans prévenir, genre ok t'es fan mais pas besoin de, bon bref en vrai ça m'a saoulé de voir une personne le tenir par la nuque et forcer et tout, genre calme-toi laisse-le respirer à un moment, bref), on veut juste discuter pis on est ravi-es (et transi-es), fin voilà bref on papote. ET LA. Là y a Freaks qui lâche, dans la continuité de la conversation, un superbe "le punk, c'est païen, et c'est horizontal", ce qui provoque de grands yeux de Loran, et un grand sourire "j'avais jamais vu ça comme ça, merci, là tu me fais plaisir" et qui lui propose un gros câlin, c'est magnifique à voir. Bref pour te résumer ce qui s'est passé ensuite : ça a tellement bien accroché (et on était tellement mort-es) que Loran et l'équipe ont emmené Freaks dans leur bagnole et c'était très chouette mais je sais pas de quoi iels ont parlé j'étais pas là mais en tout cas nous on était tellement heureuxes d'avoir confié punk aux Ramos ! Et pouf y l'ont déposé au camping après en passant (vu que leur emplacement était à côté du nôtre).

De notre côté, on se met en route pour rentrer, on voit le groupe arriver de l'autre côté du grillage alors je cours rendre son tel à Freaks à travers le grillage parce que bon quand même ça peut être utile vu qu'il y a scission, pas très envie de perdre un punk dans la nature même si on l'a confié à des gens qui font pas peur. Ortie et moi on se cale dans un pull, eh c'est pas pratique de passer la tête alors j'crois on prend juste une photo puis je sors du pull, et je sais pas on marche, j'ai aucune idée de ce qui se passe sur le trajet vu que bah ça dure hyper longtemps et il est largement plus de minuit moi je suis plus en état de rien, je sais même pas comment je tiens debout. Je sais juste qu'à un moment donné, on est là à chanter dans le noir à côté du champ où on a pas grimpé dans les arbres en acier, et puis juste après boum on est à côté du camping. Ma théorie c'est que chanter ça permet de se téléporter. Bref, camping, je passe mes pieds sous le robinet d'eau pour cause de bah y sont crades et flemme d'aller les foutre dans mon duvet tsé. Comme tout tourne, je me vautre dans l'herbe devant le camion, et je reste allongé là pendant que les autres installent le couchage, ouais je suis un gros sac insupportable inutile et relou mais que veux-tu j'ai quatre ans manifestement. Alors faut dire que le camion c'est grave marrant, y a une couchette en bas et pour le haut bah tu déplies un truc fin bref c'est un genre de tente sur le toit, et pour grimper là-dedans c'est marrant aussi. Bah oui parce que forcément j'allais pas passer à côté de l'occasion de dormir en haut, attends.

Tiens j'ai oublié pendant Poésie Zéro le chanteur a parlé au mec de la sécu, il avait l'air plutôt cool et très très content d'être là (et pas très hétéro mais ça c'est peut-être juste parce que c'est ma façon de regarder les gens). Pis aussi le moment où punk me confie son portable vu que j'ai une sacoche qui ferme, et punk me confie carrément les clefs de sa bagnole, quelle idée sérieux faut pas me filer des responsabilités (spoiler : y a eu aucun problème sur ce point).

Une ou deux heures de vague sommeil plus tard (oui bon on a aussi mis longtemps à s'endormir parce que papotage), ça boumboum. Et ça boumboum très fort. Pas du boumboum genre basse de punk hein, boumboum de teuf. Autant les voisin-es qui gueulent "apérooooooooo" et qui s'entre-répondent, bon, on s'y attendait, c'est un festoche. Autant, quand ça dure genre une ou deux heures limite en boucle sur fond de boumboum teuf, avec en plus un type qui gueule "mais on s'en fout des voisins, si ça empêche les gens de dormir on les emmerde" ou des trucs du style, alors qu'on est sur un camping avec des familles et des gosses et tout, bon. En plus, leur sono est dirigée pile sur nous, eh ouais, il a fallu que ce soit pile le camp à littéralement deux mètres de nous. Les voisin-es qui nous ont filé un adaptateur pour qu'on puisse brancher nos trucs aux trucs du camping, avec lesquel-les on a bien discuté et tout. Et ça boumboum et ça boumboum et ça boumboum. Moi tu me connais, les sons de teuf, au-delà de pas être mon style, ça peut me provoquer des angoisses et/ou me mettre physiquement mal. Vu mon état, jackpot : nausées, tremblements, douleurs, angoisses. Ortie à côté de moi dit que c'est normal, genre c'est de la musique faite pour augmenter le rythme cardiaque donc ça augmente notre rythme cardiaque, et il est genre 4h du mat'. C'est pas le moment les gars. Honnêtement, si ç'avait été du punk, on aurait rien dit j'pense, et ça nous aurait probablement pas empêché-es de dormir, ou pas longtemps. Mais le boumboum... Bref je sais pas trop ce qu'on se raconte mais on en peut plus, j'ai limite envie d'aller leur gueuler dessus mais euh bon. Et pis à un moment, complètement à bout, je lâche un sauvage "eh par contre si demain y recommencent j'te jure que je mets un caleçon". Le niveau de la menace, attention hein. On élabore des plans foireux pour se venger, genre aller pisser sur leur sono, ou sur leur tente, ou se mettre à gueuler pour les empêcher de dormir dès qu'on se réveillera, sauf que bah ça ferait chier tout le monde autour et c'est pas ce qu'on veut, donc on se dit au pire vers 10-11h on commence à gueuler, comme ça ça les réveille vu qu'iels ont à peine dormi, alors que le reste du camping un peu plus. Vraiment on en peut plus, on se concentre sur ce qu'on peut pour éviter de vomir ou autres.

Bon ça a fini par s'arrêter, ou se calmer en tout cas, je sais plus trop. Vers 7h du mat', le soleil tape fort, pis t'façon on est pas programmé-es pour dormir plus tard nous, donc bon, on se réveille doucement. On se lève vers 8h je crois, parce qu'on commence à voir remuer des punks sans doute, et jsp on trébuche et on se retrouve à partir faire des courses à quatre. Enfin, à aldi à Tergnier, mais à quatre. Au moins, on va ni à Caen ni à Sète. Bref. On fait les cons sur le trajet, on arrive (e sais pas comment) à ne pas se perdre, on arrive à aldi. Une fois dans le magasin, on se regarde : c'est la merde, va falloir faire des courses. On prend quoi ? On a ni liste ni rien, on est venu-es les mains dans les poches, bon on a quand même des sous mais je crois qu'on a un seul sac. Je te jure c'est n'importe quoi, on part dans tous les sens, on est des sales punks et bon dieu ce qu'on est cons. On est intenables c'est infernal, et pis dans un magasin y a plein de trucs. Je ne sais comment, on réussit à réunir à peu près tout ce qu'il nous faut (deux fois on manque d'écraser un gosse, le même gosse mais deux punks différents, et sa mère lui gueule dessus en picard je t'avoue je pige rien), y compris du produit vaisselle je crois (du vrai, pas du gel douche) et un paquet de semoule avec un renard dessus. Moi j'ai pris ma conso perso, jus de pomme pour la survie (avec mes sous tkt, je fais pas payer ça dans le prix de groupe). On se répartit les sacs en sortant et on cale les quarante baguettes de pain (oui bon sûrement moins de dix mais bref), on a pris des glaces comme récompense de boulot et on mange ça sur le retour. Pourquoi je parle de ça ? Jsp on se fait appeler par des chiens sur le chemin, comme à l'aller, c'est cool. Ah oui pis à l'aller d'ailleurs, on passe sur un pont et on voit un cycliste alors punk l'encourage.

De retour au camping, on étale la bouffe, les autres sont à moitié debout je crois, et pouf à la bouffe ! Sauf qu'on peut pas réveiller les voisin-es, iels sont debout aussi. Avec genre trois heures de sommeil dans les pattes. Bon, iels sont peut-être pas handi, ça joue. Du coup j'crois on a un émissaire qui part leur offrir une bière pour leur demander de pas nous faire le même cirque ce soir, histoire qu'on puisse dormir un peu. Euh je sais pas trop ce qui se passe dans la journée, parce que bon, hein. Mais du coup pour le soir, on décide d'aller au fest en camion, pour cause de la fatigue et tout. Je sais pas trop comment ça se passe, je me souviens pas. Et pis ce coup-ci, à l'entrée du fest le bip à métal ne sonne pas ou à peine, z'ont dû comprendre la leçon : les punk, ça fait bip, c'est tout quincaillerité de partout, ça fait gling et ça pique. Bref, on entre, et je crois que c'est là (ou au même stade la veille ou le lendemain) que quelqu'un crie des trucs en mode "oh ils sont magnifiques je veux les épouser" et bon en nous regardant quoi, et c'est vrai qu'on est magnifiques et épousables, et pis la personne commence à crier "eh apache apache l'apache" et je sais que c'est pour moi vu que je suis le seul abruti à avoir foutu dans mes cheveux des plumes de par terre (donc c'était le premier soir ça en fait pardon, fin je suppose).

Bon euh aucune idée de ce qui se passe ni des groupes qui passent, à un moment on va au stand hot-dog y en a un végé donc c'est cool, ils sont très bons, bref. En marchant vers les potes j'me fais toucher la crête (alors oui non pas une crête, on a fait des spikes avec de la laque et des sèche-cheveux, c'était magnifique on m'a calé sur une chaise et y z'étaient trois à batailler pour faire tenir tout ça, j'ai failli mourir de chaud et en plus y en a un qui me foutait le sèche dans la gueule ou qui le laissait trois mille ans sur le même spot c'était infernal et extra drôle, ça a duré une éternité j'en pouvais plus ça tirait dans tous les sens, pis être assis les yeux fermés en public à me faire tripoter la tête comme un objet exposé c'est perturbant quand même eh) par un type derrière moi, oui je connais le move j'avais l'habitude avec la crête et c'est gonflant. J'me retourne, le type fait deux fois ma taille mais il est tout keuss, je lui crache "tu fais pas ça tu touches pas les cheveux des gens comme ça de dos sans demander ni rien" etc, il répond genre "ok bah je peux toucher du coup ?" "bah nan c'est trop tard là du coup", bon il finit par se casser. Sérieux, on fait pas ça aux gens. Après en discutant avec les potes, la position globale c'est : entre crêteuxes on peut se toucher mais on prévient au moins (là le mec était derrière moi et m'a même pas parlé avant de fourrer sa main sur ma tête), mais si t'as pas de crête / truc similaire surtout tu fais gaffe, et quoi qu'il arrive en cas de refus tu respectes. Fin normal quoi.

Bon le problème c'est que là vraiment, je sais pas quoi raconter, j'ai dû retrouver le programme pour me souvenirs des groupes du jour. Du coup y a eu les Sheriff, c'était très chouette hein mais j'étais plus en état de rien, j'ai juste phasé tout du long, je suis resté assis presque tout le temps tellement j'étais épuisé. Et pis à un moment j'sais pas j'aime trop la chanson donc j'me lève et je saute en l'air, je danse et tout, bref je moi, je punk, je sais pas. J'entends vaguement Ortie expliquer un truc comme "là j'ai peur que des gens le voient danser comme ça et nous engueulent en pensant qu'on se fout d'elleux t'sais on a sorti la carte prio au stand, mais justement on a sorti la carte pour que là y puisse profiter" et genre ouais, la file d'attente de quatre kilomètres devant le stand de frites j'aurais pas pu, mais sauter en l'air c'pas pareil. Ce qui me défonce les genoux, c'est pas de faire n'importe quoi avec, mais de rester debout statique, sans faire le con justement. Ma carte, elle dit "station debout pénible", elle dit pas "difficulté à utiliser les jambes".

Et là. Je sais vraiment pas ce qui se passe. J'ai aucune idée de comment on en arrive là. Mais subitement, je saute par-dessus deux de mes punks allongé-es par terre, un-e sur le dos et l'autre sur le côté, et ça s'arrête pas là. Bon c'est moi et mes conneries hein, j'aime bien (non ne dis pas ça par pitié, oui mais comment veux-tu le formuler autrement eh) sauter mes potes que veux-tu NON pas dans ce sens-là (chut) j'aime bien monter dessus et et et mais attends rah c'est pas ma faute à un moment je parle pas de cul mais de moi qui saute en l'air sur quelqu'un, qui grimpe dessus, qui saute par-dessus, qui... fin moi qui moi, je sais pas. BREF. Je disais donc, j'aime trop faire ça, sauter par-dessus des trucs même si c'est des trucs vivants et humains et potes. Et bref je sais pas, y en a un-e troisième qui s'ajoute, sur le côté aussi, je saute, ça passe, quatrième... Je les regarde, pas sûr-sûr, leur dis de bien se serrer, y en a trois sur le côté et un-e sur le dos, je crois que je peux le faire mais faut que je vérifie. Je me décale à côté des têtes, genre pas juste à côté mais un peu plus loin, je regarde, je regarde, je serre les pieds, plie les genoux... et saute. Ouais, ça passe. Allez, serrez-vous, serrez-vous bien. Même manège : je me place devant, je respire, regarde, réfléchis, serre les pieds, plie les genoux... et saute. Et ça passe. J'ai sauté les quatre. Eh c'est pas simple ! Rigole pas, c'est vraiment pas simple. Mais j'ai réussi. J'apprendrai plus tard que pendant ce temps quelqu'un du staff nous regardait genre au cas où on se serait fait mal tu vois.

Je crois que les Sheriff ça a duré longtemps. Avant tout ça y a eu le moment où à deux on a voulu retourner au stand de badges, y avait plus le badge orange mais y en avait plein d'autres alors on en a pris, et en revenant vers les punks on en a filé un chacun à punk pour cause de bah on avait envie. J'crois on a failli lui mettre des larmes dans les yeux. Bref après les Sheriff il est tard on est complètement mort-es, je tiens pas debout et je sais que je devrais retourner au camion. Sauf que le prochain groupe, et le dernier de la soirée, c'est Sidilarsen. Sidilarsen, c'est des toulousains, ça fait bien dix ans que j'en entends parler, elle était fan je crois. En tout cas, c'est le souvenir que j'en ai. Difficile à dire, après autant d'années sans discuter, autant d'années sans se voir, autant d'années sans nouvelles. Alors, je peux pas louper ça. Sidilarsen, je veux savoir. Sauf qu'il est tard, vraiment. Le groupe se scinde à un moment, pour cause de fatigue, mais j'accompagne pas l'équipe qui part au camion. Le problème, c'est que je vais pas tenir tout le concert, je suis pas en état, mais je peux pas louper ça. Je vais pas tenir. Je peux pas partir. Je suis là pour ça. Les balances commencent, je crois, et puis un gros larsen. Ou alors c'est pas à ce moment, y en a eu un gros à un moment je sais mais je sais plus quand, ça nous a presque mis-es à terre tellement c'était violent. C'est pas maintenant, mais mon cerveau associe les deux parce qu'il y a eu plein de soucis pendant les balances de Sidilarsen, ça a duré des plombes y a eu v'là du retard, genre z'ont expliqué que pour la première fois ils allaient devoir jouer sans leur machine parce qu'elle venait de cramer. J'ai aucune idée de ce que ça veut dire, mais leur machine a cramé et ils doivent jouer sans. Ils disent que c'est inédit, que c'est la première et la dernière fois. Ils disent qu'on pourra dire "j'y étais". Et j'y étais.

Y a encore un gros flou, avant que le concert commence vraiment. Ils ont grave galéré, mais là, ça y est, les premières notes s'envolent. Là, je peux pas te raconter, je peux pas te faire ressentir ce qui s'est passé. J'ai pas les mots. Je m'attendais clairement pas à ça. Là, ça vibre, ça sonne, ça résonne, ça rebondit partout entre mes os, ça déchire un pan de brume qui traînait dans mon corps depuis un sacré bail. Non, je me trompe. J'oublie le principal. J'oublie le début. J'oublie le moment où il a parlé. Je sais pas ce qui s'est passé, je suis même pas sûr de savoir lequel c'était. Je sais juste que sa voix. Sa voix a tout dévasté, sa voix a vibré, sa voix tellement grave et rauque, sa voix profonde et irréelle, sa voix. Peut-être celui avec de l'argent plein les cheveux ? Peut-être. En tout cas, sa voix, elle m'a déglingué. J'aurais pu m'effondrer et chialer, juste là, juste comme ça. Ah ouais, à cet instant précis, j'ai senti les daddy issues. J'avais des étoiles dans les yeux et une falaise dans la gorge, j'avais mal et je pouvais plus respirer. Sa voix, bordel de merde. Alors, quand ils ont commencé à chanter... Forcément, ç'a été pire. Parce que, leurs instruments, leurs voix, leurs cheveux, leurs mouvements, leur énergie. J'ai perdu le contrôle. J'étais plus là, je pouvais plus, je. Ils jouent, ils chantent, il bougent, ils respirent. Je reste debout, tenu par copine qui serait sûrement plus à l'aise sans ce boulet agrippé à son bras. Je sais que je tiendrai pas longtemps, je sais aussi que j'ai besoin de rester là. Au début, ils ont parlé, ils ont dit qu'ils tournaient depuis vingt-cinq ans. Je reste là, je reste là et je respire. Je l'ai pas senti venir. Le metal, ça m'avait manqué. Alors je laisse faire, je laisse ma tête exister, ma nuque se briser, mes cheveux nager. Je suis là. Je pourrais presque exister comme sur les Ramoneurs, si mon corps et mon esprit étaient pas aussi épuisés. Eh ouais, la dernière fois que j'ai fait un festival, ou même un concert, j'étais beaucoup moins handicapé. Je peux pas te raconter, je suis resté que le temps de deux chansons environ. Ok, peut-être un poil plus, une vingtaine de minutes. J'ai pas envie de sortir de là, mais mon corps va lâcher. Si j'étais le seul dans cet état, je resterais, mais les trois quarts de l'équipe sont déjà dans le camion. Alors, j'accepte d'être raisonnable, et je sors du concert. Mais j'y étais.

J'y étais.


Je sors de là en titubant, avec encore au corps l'envie de danser, mais clairement plus aucune énergie. Je ne tiens debout que parce que j'ai un humain dessous. Sous l'épaule, je veux dire. On se dirige vers la sortie, récupère un autre punk qui va profiter du retour en voiture (un des nôtres hein). Ou peut-être deux, je sais plus. Au bout de quelques mètres hors du festival, je manque de tomber, mes jambes ne me portent plus. Punk hèle punk pour me servir de deuxième béquille, il me dit de bien m'accrocher sauf que c'est mon côté droit ça marchera pas, alors il me fait grimper sur son dos. Et il me porte, pendant je sais pas combien de temps, je sais pas combien de dizaines de mètres, jusqu'au camion. Je suis peut-être un poids plume, mais à force, ça pèse, et puis en bon sac d'os, ben j'ai des os, et ils ont la manie d'entrer en contact avec les pires endroits des corps qui m'approchent. Bref, ça a dû être un enfer pour lui, mais au moins ça lui a fait sa muscu.

On arrive au camion, on se dit on est huit y a cinq places ça passe. (Oui bah on est pas des as en maths, que veux-tu.) Trois sur la banquette arrière, trois par terre. Il fait nuit, il est tard, on se dit les flics seront peut-être pas là. Faut éteindre les lumières à l'arrière quand même, et puis bon t'façon ça sert à rien y a les crêtes qui dépassent. Bref les flics sont là et nous contrôlent. Ils voient pas les trois resquilleureuses, nous sortent juste un "mais c'est pas chez vous qu'il y en avait un pieds nus ?" alors je lève les pieds en répondant si si, c'est moi, salut c'est moi, je suis l'abruti pieds nus. Et ça les fait rire, je crois. Honnêtement, je suis pas en état de comprendre ce qui se passe. Y e n a un-e qui finit par diriger sa lampe-torche vers l'arrière, et lâche un "oulah, vous êtes nombreux là-dedans". Et en effet, on est nombreuxes là-dedans. "Vous êtes pas très doués à cache-cache hein", "vous auriez pu faire un effort, vous avez même pas mis une couverture ou quoi". (Je cite approximativement, je sais que les mots "cache-cahe" et "couverture" ont été prononcés, pour le reste je suis pas certain de l'agencement.) Bref, ils prennent ça à la rigolade, nous disent gentiment que bon y en a trois qui doivent descendre parce que c'est dangereux, bon au moins notre conductrice a pas bu donc ils laissent couler. En vrai, on a eu chaud, on aurait pu avoir des ennuis (fin surtout la personne qui conduit quoi). Donc on en a trois qui descendent, on reviendra les chercher un peu plus loin après avoir posé les trois autres.

Posage de trois devant le camping, retour récupérage de trois, tentative d'entrage dans le camping. Sauf que le code du premier portail ne marche pas mieux qu'hier. On essaie plusieurs fois (attends, c'est au premier ou au deuxième trajet, ça ? je sais plus, ah si attends c'est la première bordée de trois), ça s'ouvre pas, et bien sûr l'accueil est fermé donc on aura pas le joker d'hier (sérieux c'est quoi ces branques, on leur a signalé le problème en journée mais z'ont juste dit "on vous ouvre" bah oui mais bon ???), bref on retourne chercher nos propres branques, on les dépose et encore une fois ça marche pas (je crois) donc on part à trois garer le camion dans une rue et s'installer pour la nuit. C'est pas super pratique je t'avoue, mais bon, on envoie à copine (la quatrième à dormir dans le camion, restée pour Sidiarsen) un sms pour lui indiquer où on est, tout en se disant que bon on est littéralement en plein milieu du chemin qu'elle doit prendre pour aller au camping, on a un véhicule bien repérable, peu de risques qu'elle nous loupe. Je me rince les pieds avec un bidon d'eau qui traîne (un jerrican rempli au robinet du camping hein, pas genre une bouteille d'eau grande taille), puis je me dis que quand même va falloir que j'aille pisser. Alors je vais sur le parking en face, je rappelle que je tiens clairement pas debout donc ma traversée de la rue (j'ai pas trouvé de travail) est très aléatoire, je me cale entre deux buissons, et... bah je manque de m'étaler au sol hein. Alors bon je vais pas te faire un dessin, j'me fous le cul à l'air et je m'assieds par terre. Eh, j'ai un peu trop l'habitude de faire n'importe quoi de mon cul, alors bon. Bref, j'ai prévu le coup j'ai ma bouteille avec moi donc je peux me rincer le cul, pratique.

Je retourne cahin-caha au camion, re rince mes pieds, grimpe dans la couchette du haut. Pendant que je commence à faire mes trucs pour m'installer, des gens passent à côté et parlent, c'est les gens de la maison devant laquelle on est garé-es. En nous voyant, iels viennent nous dire qu'on peut pas rester là, que c'est dangereux et tout, et pas fait pour. On explique (enfin "on" mais pas moi) les soucis de codes de portail, pis t'façon le deuxième portail ferme à 22h, on pourra pas entrer, c'est la merde. On nous indique le parking où j'ai pissé (en théorie je déteste que des gens fassent ça mais là j'avais pas trop le choix), c'est pas fait pour y dormir non plus mais au moins c'est un parking, pas un bout de trottoir devant une maison. Attends, non, c'est un parking derrière l'autre, bref jsp je suis dans le coltar. Je compte attendre que les gens disparaissent avant de redescendre de mon perchoir, pour pas être vu, mais bon iels restent et attendent qu'on bouge, donc bon, je descends, mon panda dans les bras. On démarre, direction le parking, mais une voiture passe en direction du camping, alors on se dit, pourquoi pas en profiter ? Avec un peu de chance...

On suit donc la voiture, le portail s'ouvre, on se dit peut-être ça passe si on se précipite... La barrière redescend. Punk commence à reculer parce que c'est mort, et là mon cerveau décide d'exister. "Ecoute, c'est débile, mais j'ai une légende personnelle de l'intérieur de ma tête qui dit que puisqu'un code vient de marcher là juste devant nous, peut-être notre code va marcher." Alors on tente, pour rassurer les voix dans ma tête et confirmer que bon non c'est pas comme ça que ça marche. On tente, et... la barrière se lève. Je répète : la barrière se lève ! Ma légende perso avait raison. Alors on entre. La voiture devant nous est bloquée au deuxième portail, on communique, on sait que c'est fermé depuis 22h, nos bips n'ont aucun effet. C'est mort. On se gare sur le parking où on est, c'est pas le nôtre mais bon, on est pas très loin des potes. L'autre voiture se gare à côté, et... repart aussitôt. Y a une voiture du camping qui vient de passer, le deuxième portail est ouvert. L'autre voiture arrive à franchir le portail. On a démarré aussi vite que possible, on est pas loin, mais.... La voiture devant a lâché ses punks pour tenir le portail ouvert après le passage de la voiture du camping, et les punks sont toujours là, nous tiennent la porte. On passe. On les remercie, évidemment, et puis on part vers notre emplacement, et on se gare comme des gros schlags parce que bon il est plus l'heure de faire des fioritures on est pas en état. Nos punks comprennent pas trop mais sont contents. Quelqu'un de la voiture du camping vient nous voir, nous demande si on a un emplacement, on dit que oui genre c'est le nôtre on a payé pour ça (il a demandé plusieurs fois j'ai pas trop suivi), il dit qu'on a pas le droit d'être là fin genre de passer comme ça, après 22h y a que les groupes (escortés par un-e employé-e du camping) qui ont le droit de traverser le camping en voiture, on dit qu'on sait mais que bon on est crevé-es, il nous dit qu'il faut pas recommencer. En vrai il nous a même pas "engueulé-es", genre il nous a énoncé qu'on avait pas le droit de faire comme ça, mais son ton était... je sais pas, tranquille. Agacé, peut-être, pas plus.

Alors oui forcément j'ai oublié de raconter des rencontres, des conversations, des moments d'huile solaire et donc de découverte (et franchement ça va c'est juste de l'huile sur ma peau), des trucs et tout, j'ai pas parlé de la session chant & harmonica pendant qu'on me tressait les cheveux jeudi aprem, la session custo de fringues par posca vendredi aprem on était jsp genre quatre ou cinq je crois à moitié affalé-es sur l'herbe (oui moi j'étais bien sûr totalement affalé, vautré, dans des positions improbables) en plein soleil et y en avait deux assis-es sur des chaises et on a dit on est les enfants et c'est les parents qui nous surveillent et vont arbitrer nos oeuvres d'art eh, fin bref c'était fantastique.

Bref, on a pu dormir au camping, et c'était bien.

Il a fait froid pendant la nuit, mais vers 7h le soleil nous chauffe déjà trop fort hein, bref les punks s'éveillent doucement. On est samedi, et tout va changer. Parce qu'aujourd'hui, nos punks s'en vont, on doit les emmener à la gare. On en pose une fournée le matin, et une le soir. Rien qu'à l'écrire, j'ai envie de pleurer, j'arrive pas à écrire parce que j'ai pas envie que ça arrive, que ce soit arrivé. Parce que j'les aime bien, les punks, j'ai pas envie qu'iels s'en aillent. Alors on finit par grimper en voiture, et on commence à être stupides. Fin on continue. Le trajet je m'en souviens pas, par contre je me souviens de l'arrivée à la gare. On profite de nos quelques minutes d'avance pour sortir les posca parce qu'on aime ça, on va sur le quai et on dessine rapidos, on est très cons et on parle fort. Pis le train des punks arrive, on se lève, on se serre fort fort fort, on se câline et se je sais pas quoi, on est là on existe ensemble et on a chaud mais on s'en fout, on crie fort et on rigole et on est tristes de devoir se quitter. Nos deux punks grimpent dans leur truc, on se crie encore au revoir, puis on les voit à leur fenêtre (sale, c'est important) et on se fait coucou dans tous les sens, on dessine avec les doigts sur la fenêtre, et un punk la lèche. Mais figure-toi que c'est même pas moi ! Je suis contagieux. On s'apprête à repartir, lorsque soudain un-e des trois piéton-nes (peut-être moi) lance l'idée du siècle : et si on courait comme des cons à côté du train qui démarre ? Alors on se met devant la fenêtre des punks, et là y a Ortie qui crie d'un air ravi "oh j'ai un mouchoir sale !!!" Je t'avoue que ça me surprend mais bon c'est drôle. Après explication, il s'avère que c'était pour le cliché d'agiter un mouchoir en tissu, le fait qu'il soit sale étant secondaire. Bref, le train avance, on court comme des abrutis à côté en criant et gesticulant, le contrôleur sur le quai nous regarde en souriant, j'crois ça lui fait plaisir de nous voir exister.

Ok j'y repense à cause du lécheur de fenêtre, à un moment (je crois que c'était le premier soir, ou peut-être le deuxième, peut-être en allant chercher un hotdog) je passe à côté des trucs par terre dans l'herbe, tu sais les trucs noirs en plastique avec du jaune, bref les gaines des câbles quoi, comme un dos-d'âne pour câbles. Oui, les mêmes gaines que dans mon anecdote. Tu sais, ce jour où quelqu'un m'a dit "tu lèches n'importe quoi" et comme j'avais un crush ma réaction logique immédiate a été de lécher le sol, donc les gaines de câbles, en plein milieu d'un festival de metal (le même que là où je suis tombé (littéralement) sur mon cousin au sortir d'un pogo, et où j'ai dit "j'ai perdu mon pote dans le wall of death, c'est un metalleux à cheveux longs... oh." et tout ça). Eh, fallait bien que j'en lèche en festoche punk ! Ce qui fait de moi un des rares êtres humains à avoir léché deux fois des gaines de câbles en festival (peut-être même le seul). Je suis un être exceptionnel.

Alors ça y est, deux des punks ne sont plus là. Ça fait retomber une bonne partie de mon... de mon moi, je sais pas. J'allais dire "de mon énergie", et d'une certaine façon c'est ça aussi, mais je suis déjà à court donc ça a pas trop de sens, peut-être "excitation" mais ça sonne limite sexuel alors que c'est pas du tout ce que je veux exprimer. Bref. J'ai pas trop compris la logistique de la journée, on a fait plein de trajets, déplacé plein de gens, rencontré encore de nouvelles personnes. On a encore des tenues incroyables, bien évidemment, et dans la matinée je suis passé sous la douche, entre autres pour rincer mes cheveux de la tonne de laque qu'il y avait dedans, du coup j'ai les cheveux limite propres ce qui signifie qu'ils sont lisses et tombants c'est ridicule, donc je les attache dans la voiture, dans l'espoir illusoire de pas avoir l'air trop nul. Au même endroit que les jours précédents, y a les flics, et bon moi ça me fait flipper, comme d'hab. Contrôle, je sais pas trop comment ça se passe mais je les entends dire "oh c'est celui qu'était pieds nus" je suis donc officiellement connu des flics de Beautor, en Picardie, voilà.

On arrive au festival sous le soleil et la chaleur, j'accroche ma casquette à mon pantalon au cas où elle serait considérée comme une arme (quand elle est sur ma tête on voit bien les vis et autres trucs pointus qui dépassent, alors qu'accrochée à ma taille bah le staff va pas regarder), le bip à métal fait son taff, on passe, et encore une fois j'ai aucune idée du déroulement donc pour te raconter je vais regarder le programme. Ah oui, bien sûr que je me souviens pas : on est resté-es genre une demi-heure puis fallait déposer la seconde fournée de punks à la gare. Bon à la base copine avait prévu de faire ça seule mais bah vu mon état et mes jambes qui tiennent pas, je la suis pour rester assis au calme, quoi. Bref, retour au camping, récupérage de punks, gare, au revoir.

Trente secondes (ok peut-être cinq minutes) après leur disparition, les revoilà : train loupé à une minute près. Du coup on les emmène à la gare suivante je crois, fin bref c'est beaucoup plus loin et on a pas le temps d'hésiter faut se grouiller. On accomplit la mission, on rentre au camping, on se pose. On décide (surtout à cause de mes angoisses je crois) de pas utiliser le camion pour retourner au festival, ce qui implique qu'on va devoir rentrer à pied à la fin. Alors on reste là à se reposer, on grignote un peu, avant de repartir. Je traverse même le camping tout seul pour aller aux chiottes, le camping désert. Y a aussi un chien qui passe nous faire coucou. On s'apprête à se mettre en route, fourre quelques pulls dans un sac ("quelques" = une poche aldi remplie), et pis on marche. C'est loin, mais moins que quand on marchait à onze, genre on marche marche, on marche vite. A un moment on commence à taper le stop, parce que bah ça reste loin, et une voiture s'arrête. Fin d'abord y a une voiture qui nous fait des grands signes et du klaxon, mais sans s'arrêter. Bref une voiture s'arrête, les deux types vont au festival pour voir un pote, y a Rose Tattoo des Dropkick Murphys qui passe, ils nous déposent devant la grille et vont se garer. On rejoint nos punks, niveau horaire ça doit être environ la fin du Réparateur. En fait, je me souviens juste qu'à un moment donné c'est les Fatals Picards, et c'est marrant parce qu'on est en Picardie et qu'ils sont pas picards.

Cette fois, on se cale pas à l'avant sur le côté, mais au fond en plein milieu, contre le stand de sono. Quelqu'un nous confie un poster à lui rendre après, parce que genre on a un sac c'est fort pratique. On passe un super moment, j'arrive à me lever environ une chanson sur deux pour danser puis je m'effondre à nouveau. Fait intéressant, j'ai tellement mal au dos que je me cale sur les potes pour pas mourir, ce qui est surprenant puisque ça fait genre trois ans que le moindre contact physique me fait fuir, me fait mal, me aaa. Mais là, ça va.

Le degré d'épuisement est tel, que je peux pas te dire grand-chose de plus, jusqu'à l'épisode Krav Boca. Et là encore, je peux pas te dire beaucoup, mis à part que je m'attendais vraiment pas à ça. C'était extra, et pourtant assez proche des sons de teuf, mais je sais pas c'est... différent, c'est plus proche de moi. Le son, les vibrations, je sais pourquoi je suis là. Je reste allongé par terre, puis Ortie (je crois) vient m'expliquer que le groupe fait une performance scénique incroyable, me décrit les costumes, "y en a même un en caleçon !" Alors bon forcément j'me lève pour voir, mais je vois rien, on est loin, je suis petit, y a plein de fumée, j'ai la tête qui tourne, je me recouche. Puis Ortie revient et me dit "faut absolument que tu viennes voir ça", alors je viens, et c'est vrai que c'est cool de près hein, mais ils se sont calmés sur la performance visuelle donc bon je me suis pas approché au bon moment. Mais c'est super chouette. Sauf que je tiens pas debout faut littéralement me tenir pour que je me déplace. J'te jure là je suis deg de pas réussir à raconter ni à me souvenir plus précisément, parce que c'était vraiment totalement exceptionnel et incroyable et ça nous a fait un choc. Si t'as l'occasion, va voir Krav Boca en concert, ça vaut le détour. Pour de vrai de vrai de vrai.

Y a une meuf stylée qui s'approche de moi pendant la dernière chanson, une reprise de Salut à toi qui a ressuscité les punks, genre moi j'me suis relevé de mon semi-coma, et des vieux punks complètement éclatés sont revenus danser. Je pouvais pas applaudir comme les autres avec mes deux mains donc j'ai levé mon casque antibruit en l'air pour le secouer en rythme comme ça les deux oreilles se tapent comme des mains, c'est rigolo j'aime bien. Et donc en me voyant faire ça y a une meuf stylée qui vient me parler, enfin je crois qu'elle me dit des trucs mais en vrai elle est juste très près et elle sourit très fort et je crois qu'elle me touche les bras et étrangement je le vis pas trop mal, genre je l'ai vu danser et s'éclater avant, je vois comment elle bouge et comment elle sourit, elle me fait pas peur. J'ai aucune idée de ce qu'elle me dit mais elle a l'air de bien aimer ce que je fais ou ce que je porte, bref le genre d'interaction prévisible dans ce contexte, ça va, je m'y attends et j'accepte. Tant qu'elle reste pas trop longtemps collée à moi et qu'elle fait rien de gênant, pas de problème.

Le festival est fini, on s'apprête à rentrer. Détour par le stand de ramen (enfin à la base je crois que c'est détour par le stand de soin parce que quelqu'un du groupe a dû s'écorcher, je sais plus, j'étais pas là), y a des restes distribués donc on mange. Bon, perso je mange lentement, donc on se met en route alors que j'ai à peine entamé mon gobelet, ah et on prend le temps d'échanger nos contacts un peu. Je sais pas trop ce qui se passe, on se retrouve séparé-es en deux groupes, on attend les autres sur le début de la route, je tiens pas debout donc direction le sol. Pis ça dure, ça dure, les autres sont pas là, et on se rend compte qu'on a certes récupéré quelques contacts, mais pas ceux qu'il nous faut là tout de suite je crois. Mais on finit par recevoir un appel je pense, bref les autres ne sont pas derrière nous mais loin devant, je sais pas comment on a réussi à se louper. On marche, pis sur le parking où on a garé le camion hier, y a Ortie qui fait "attends mais c'est la meuf avec des cheveux" bon ok je me souviens pas de comment ça se passe ni rien mais en gros on voit deux meufs qui ont des cheveux (genre des repérables jsp) c'est celles qui sont venues nous demander si on avait "de la dure" le premier aprem, et bon je peux pas trop t'expliquer comment ni pourquoi mais on sait plus ou moins qu'elles sont genre à peine majeures et qu'elles ont paaaas spécialement l'habitude du milieu jsp, bref. Et donc on veut rendre le poster à une des deux mais c'est à une troisième, leur pote, qu'a des cheveux aussi (oui je sais beaucoup de gens ont des cheveux mais que veux-tu nous en disant "Cheveux" on sait de qui on parle), et bref on rend le poster et on trace. Quelque part sur le chemin elles nous dépassent, pis sur le pont je me mets à courir comme un con jsp. Ah et pis à l'aller à pied j'ai léché les deux autres panneaux en carton qui indiquaient le festival, pour faire bonne mesure. Et bref Cheveux se barre en courant d'un seul coup, on redépasse les deux autres, un peu plus loin on se scinde encore, c'est l'heure de se dire au revoir, gros gloubiboulga de punks.

Comment on est rentré-es au camping après ça ? J'en ai foutrement aucune idée. On a croisé d'autres gens qui marchaient, ou alors ça c'était peut-être le premier soir. Et puis en arrivant au camping, on passe aux chiottes, et là posé tranquille sur la cuvette avec la tête qui tourne à pas savoir si je vais pouvoir marcher encore les quelques dizaines de mètres qui me séparent de mon duvet, j'entends dans la cabine d'à côté un message vocal, "je sais pas si tu nous en veux si tu nous détestes ou quoi mais stoplaît dis-nous où t'es on s'inquiète", le message est remis plusieurs fois, et en fait c'est Cheveux dans la cabine et voilà elle va pas bien et je sais pas ce qui s'est passé pour qu'elle se tire en courant et s'enferme dans les chiottes mais je vais pas lui demander ce serait flippant, pour elle je veux dire, pour moi aussi mais ça osef mais je compte pas lui faire peur, bref. Quelques minutes plus tard, en attendant devant les chiottes, ou en partant, on voit les copines de Cheveux, donc bon, quoi qu'il se soit passé, au moins elle est plus toute seule. Pis retour vers notre emplacement (désormais tout vide à l'exception du camion, y a plus aucune tente, ça fait bizarre), et là je marche depuis genre dix mètres quand subitement, en plein milieu de la conversation, je lâche dans un sursaut "puTAIN j'ai mal au cul", mon coccyx a décidé de cesser de fonctionner comme ça d'un coup et de me rappeler à quel point c'est un endroit douloureux quand il s'y met. Aucune idée de ce qui a déclenché la douleur mais du coup chaque pas est une torture.

Le lendemain matin, on commence à se lever, on prend le petit dej, est-ce que c'est à ce moment l'atelier couture ou c'était la veille ? On remballe les affaires, dit au revoir aux punks, puis on grimpe en voiture, on est quatre. Ah oui j'ai oublié le moment, vendredi aprem je crois, où je tentais de faire une sieste lorsque subitement j'entends les punks parler d'incendie, y a un arbre en train de cramer de l'autre côté du champ qui borde le camping. Ortie appelle les pompiers, qui au début s'inquiètent pas et pensent à un petit truc en train de cramer au pied d'un arbre, pis finalement iels viennent et éteignent l'arbre. J'ai pas tout suivi c'était ma sieste, je sais juste que j'ai entendu Ortie énoncer "si le feu atteint le champ, tout le monde saute dans le camion direct", sur un ton où tu sais qu'il y a rien à répondre. Bref donc dimanche matin, on est quatre, on part vers le nord (ce que n'est pas la direction de Lyon) pour déposer punk avant de continuer vers la ferme des grands-parents. Nord, beaucoup beaucoup nord.

Je vais pas te raconter de manière détaillée le séjour chez les grands-parents, mais y avait plein plein de chat dont un tout potit bébé, et pis ânesse et ponette, et plein de plantes. On les brosse et les emmène faire un tour (l'ânesse et la ponette, pas les plantes ni les chats). Et aussi, y avait la télé qui tournait, Rafael Nadal existe, le commentateur lâche à son collègue "ta mère fait mieux j'te rappelle" ou un truc comme ça. J'ai aucune idée du contexte mais sur le moment ça fait bizarre. Et puis on repart lundi matin, avec des plantes. Sur le parking du supermarché on fait la pression des pneus et y a une maman canard qui passe suivie de tous ses canetons.

Sur le trajet vers Lyon, enfin je crois, on croise des camions, y a notamment un "it's transpossible" et deux "defitrans" donc on se marre bien. Il fait super chaud et la fatigue nous déglingue, la musique est cool, on fait une pause sur une aire d'autoroute et on se roule dans l'herbe en dévalant une petite colline avec des pissenlits partout. Très peu de souvenirs. Puis Lyon, Rythiel dans la Punkabane, on dit des conneries et on raconte un peu des trucs parce que c'était cool. C'est vraiment très flou pour moi. Pis il est tard, super tard, en attendant mon bus on se rend compte qu'à cette heure il passe toutes les demi-heures au lieu de toutes les dix minutes, je l'ai loupé à genre deux minutes près, on attend une demi-heure, et je sais pas par quel miracle j'arrive jusque chez moi.


Voilà, je crois que le récit est fini.

Ah oui, à un moment (le dernier jour du festival ou peut-être plus tard) on se rend compte qu'on a complètement oublié de faire une photo de groupe, la seule qu'on a c'est celle prise par les vieux punks du premier jour, et on a leur numéro donc on arrive à la récupérer, bam. Et vraiment, c'est super pratique de rencontrer et devenir pote avec un grand à crête rouge-orange, il se repère de loin dans la foule et sur les photos, ces deux-là c'est les pas-du-groupe qui m'ont marqué hein. J'ai pas raconté les instants bogarre ou tendresse ou tout ça, et aussi y a un moment où j'entends punk dire à des gens "je suis pas tactile du tout" du coup je débarque en protestant "t'es pas tactile mais tu me fais des picpic de doigts ou des bogarres ou des piquages de bouffe sans pression eh" et du tac au tac il répond "nan mais toi c'est pas pareil t'es comme un petit frère" bon bah forcément j'ai instantanément décédé hein.

J'ai l'impression d'avoir très mal raconté, oublié plein de choses, et pas du tout rendu justice aux potes, déso.


4 juin. Enfin j'ai commencé à raconter le 4, là on est le 20.

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