J'aime pas les sources. (Lis jusqu'au bout, je me contente pas de dire ça tkt.)
Mon but sur ce blog n'est pas de convaincre absolument des gens qui ne sont pas d'accord voire s'opposent violemment à mon propos en leur prouvant irrévocablement ce que j'avance, mais de leur proposer de nouvelles réflexions/façons de réfléchir, utiliser la logique simple et ouvrir les esprits. S'iels veulent des preuves de ce que je dis iels les trouveront (par ex dans mon article sur l'autodiag je parle du retard français dans la connaissance de l'autisme, il suffit de taper "retard français autisme" sur un moteur de recherche).
Le truc, c'est que si une personne est farouchement opposée à ce que je dis, quelles que soient mes sources elle persistera. Tu veux une source pour ça ? https://www.youtube.com/watch?v=zXQcsbQLqf0&feature=youtu.be&fbclid=IwAR2F9ycY4Lj7_nn38iy2rhWkl3KQpeQ93I4OJxL19rNPS84LRtvdrHUI_Zg
Je suis personnellement réfractaire à l'utilisation de sources, déjà au collège je détestais devoir les mettre en bibliographie, pour moi l'important c'était d'avoir lu, compris et retranscrit l'info, d'autant que les profs étaient quand même supposé-es savoir de quoi je parlais et être capables de me corriger si je faisais erreur.
Bon là c'pas le même contexte, mais je stresse d'utiliser des sources pour mon blog parce que... aucune source n'est inattaquable. Si je mets un lien vers mon twitter perso, ça compte pas comme source selon moi. Si je mets un lien vers le blog de d-caius, pareil c'est quelqu'un qui écrit des articles et... voilà. Si ce que je dis n'est pas recevable parce que je mets pas de source, alors comment un autre blog indé, ou n'importe quel article publié sur internet pourrait faire office de source pour le mien ?
Je sais que des gens ont besoin de sources. Mais je comprends pas vraiment l'utilité sur un blog comme le mien. Si t'es pas d'accord avec le propos tu veux des preuves, mais là on parle de réflexions perso et donc ma source c'est mon cerveau qui a lu ordonné et analysé plein de données depuis des années, sauf que du coup mon expérience perso ne compte pas comme une source pour l'autisme même si je fréquente plein d'autistes, et même si je me suis renseigné très fort depuis... en vrai depuis mon arrivée à Lyon donc 2014-2015 (au début en me disant que j'étais pas du tout concerné, jusqu'à l'été 2018 en tout cas). Et pour le reste c'est la même chose : cinq années dans la vie virtuelle et dans la vie physique, à lire, écouter, comprendre, comparer, discuter, retranscrire, puis compiler des données, témoignages, chiffres, etc. Cinq années de recherches, de plus en plus poussées, à un rythme de plus en plus soutenu. Effectivement, j'ai pas gardé en tête la référence de chaque article, chaque vidéo, ni même les noms de chaque personne qui m'a donné de l'info informelle (témoignage, lecture perso, cours en fac...), j'ai gardé ce que j'ai pu avec mon cerveau à moi, ses forces et ses failles.
Quand je parle de racisme, de sexisme, de transphobie, je source pas, parce que les oppressions je les constate en permanence. Du coup depuis un an c'est ce que je fais de mes journées, maintenant je gère (comme je peux) un groupe fb dédié à ça et un blog militant. Je devrais faire un article qui explique que, en tant que militant actif, mon domaine c'est le militantisme. J'ai déjà écrit pour expliquer ça : le militantisme est un domaine comme un autre, y a des gens qui choisissent de s'investir dedans, qui apprennent des choses, des concepts, du vocabulaire, qui se rendent compte de violences qu'iels ne percevaient pas avant, qui utilisent et même inventent un vocabulaire adapté. Et y a d'autres gens qui ne font qu'effleurer (et ça les regarde hein), d'autres qui carrément ne veulent pas y toucher, et même des qui décident d'être une part active des oppressions. Mais contrairement aux gens de la première catégorie, celleux des trois suivantes maîtrisent assez peu la question, en général. Parallèle avec la physique quantique : j'y connais rien. Pourtant je sais qu'il y a du vocabulaire spécifique, des façons d'aborder la chose, des trucs que je soupçonne même pas. Et ça me viendrait pas à l'esprit de commenter un article qui en parle en disant "fiou vous utilisez des mots trop compliqués on comprend rien, sérieux vous devriez vous contenter de parler Français et de faire des maths basiques". Ni d'expliquer à une personne qui m'en parle "mais non t'as pas compris, la physique quantique c'est le chat de Schrödinger, et rien d'autre". Alors, si t'es pas militant-e, ni concerné-e par l'oppression dont on parle, écoute les gens qui maîtrisent un minimum la question. (Si t'es concerné-e et que tu trouves ça ridicule de militer, laisse celleux qui veulent lutter le faire en paix.) Si tu veux contredire les arguments d'un-e militant-e et/ou d'un-e concerné-e, assure-toi d'abord d'avoir bien compris, et de prendre en compte le contexte. Parce que, souvent, on nous dit des trucs hors contexte, genre "non mais c'est pas du harcèlement si le mec lui dit juste qu'elle est jolie" alors que la meuf s'est déjà pris dix, quinze, vingt phrases plus ou moins gentilles et polies dans la même journée, et surtout : on vit dans une société sexiste, qui nous enseigne que les femmes sont à la disposition des hommes, ce qui accorde implicitement le droit aux hommes de les interrompre quand elles parlent, quand elles marchent, et même de les harceler. Un fait isolé n'est pas forcément problématique en lui-même, mais une accumulation de faits, un certain nombre de personnes impliquées, la façon dont les gens réagissent quand on leur en parle, le regard des institutions, le fonctionnement du système... Il est là le problème : les gens qui veulent contrer le militantisme ont tendance à uniquement prendre un fait isolé, et à refuser de prendre en compte le contexte, ou simplement ne pas en avoir conscience. Alors que les militant-es et/ou concerné-es sont généralement au courant du contexte d'oppression, et font leur possible pour ne pas l'oublier quand iels voient un fait isolé. Bref, les militant-es font partie des "expert-es" au sujet des oppressions.
Alors oui c'est vrai, y a pas de "diplôme du militantisme", ni même d'études correspondantes. (Enfin y a sûrement des gens qui étudient une ou des oppressions à l'université, mais à ma connaissance y a pas de cours pour apprendre à militer.) Est-ce que ça veut dire que les années qu'on passe à faire des recherches ne valent rien ?
En fait ce qui me gonfle dans le sourçage à l'heure actuelle, ça tient à deux choses. D'une part "si je dis quelque chose on va pas me croire, me faire confiance, faire confiance à mon esprit de raisonnement, on ne se demandera même pas si ce que je dis est pertinent : ma parole n'aura aucune valeur tant que je ne me référerai pas aux travaux de qqn d'autre de manière évidente et citée", ce qui est quand même vachement vexant pour mon taff de lecture compilation analyse de ces dernières années (mais comme y a pas de diplôme de militantisme ça vaut rien, tant que je fais pas des études officielles ça vaut rien). D'autre part, une fois que c'est posté il suffit que quelqu'un lise mes textes pour que ça lui serve de source, mes sources en général c'est des anonymes sur internet, j'en suis un et dooonc je peux servir de source ? Si je veux citer quelqu'un comme source, et servir de source à cette personne, aucun problème (y a un souci), alors que si je me contente d'écrire le fruit de mes réflexions là ça n'a pas de valeur ???
Je comprends bien que les sources importent. Sauf que perso ce sont pas les chiffres ni les études qui m'aident à me déconstruire, mais les conversations avec des concerné-es et/ou militant-es, et les faits accumulés sous mon nez : si je vois vingt personnes sur mon fb parler d'actes racistes différents, je me dis qu'il faut faire quelque chose contre le racisme parce que ça peut plus durer.
Du coup de manière assez logique je crois que mon blog s'adresse à des gens comme moi : pas des gens qui ont besoin de sources pour les bases du militantisme, pas des gens qui vont me demander de prouver le sexisme dans le monde médical, mais des gens qui acceptent de reconnaître qu'il y en a, que c'est un problème, que ça doit changer, et qui en lisant mon article autodiag se diront "ah bah oui merde du coup si la société est sexiste les soignant-es risquent aussi y compris les psy et donc ça a forcément une incidence sur les diag". Pas des gens qui ont besoin qu'on leur prouve qu'iels ont tort, mais des gens qui ont besoin de lire un article qui fait des liens logiques pour arriver à une conclusion. C'est marqué partout sur mon blog, que c'est dans le cadre du militantisme, donc si une personne est pas prêt-e à reconnaître que les oppressions impactent globalement tous les aspects de la vie d'une personne y compris ses soins, forcément mon blog lae touchera pas, j'en ai bien conscience. Je peux pas toucher tout le monde, je sais, j'accepte.
Souvent je suis pas capable de justifier ma réponse. Au collège ou même en primaire c'était déjà le cas (genre "comment s'écrit tel truc, justifiez votre réponse" bah j'en sais rien c'est juste comme ça). Mais je crois qu'en ce moment (surtout dans le militantisme), comme je lis plein de trucs je peux pas tout retenir (je retiens pas les sources déjà), des fois j'me souviens de l'arrivée mais pas du chemin qui y mène, ou l'inverse. Aussi je "regarde" et "écoute" plein de trucs mais pour le coup je peux pas me concentrer donc ma conscience n'est que très rarement impliquée, sauf que mes oreilles et mon cerveau font des trucs sans moi, donc même sans écoute active, je retiens des trucs, mais aucune idée d'où ils viennent.
Cela dit, puisque j'ai envie que ce blog soit le plus complet possible, je vais faire des articles particuliers, dans la catégorie "bases du militantisme", qui seront essentiellement des listes de liens et autres sources. Provenant principalement de ce groupe fb https://www.facebook.com/groups/debatsHNO/ .
10 juin 2020.