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Si tu savais

Oh, tu sais peut-être, c'est si facile à deviner. Je suis un livre ouvert pour ça, une fois que je l'accepte. Ouais, c'est pas la définition d'un livre ouvert, je sais. Précisément. C'est compliqué la vie. Aujourd'hui, ça fait un moment déjà que je l'ai compris, et que j'ai arrêté de lutter. Au début, même hier, j'ai bien essayé de me dire que ça venait des circonstances, d'un rêve que j'ai depuis des années, de la proximité que j'ai avec cet endroit, cette façon de faire, cette facilité. J'ai fait semblant de croire que c'était sans conséquence, une passade, une affection que je cherchais. La vérité, c'est que même en mettant tout ça bout à bout, ça explique pas tout. Clairement, loin de là. Alors bien sûr, ça joue quand même, tout joue. Bien sûr, y a tout ce qu'on partage, nos intérêts et passions en commun. Y a aussi mes émotions qui commencent à se réparer, ce qui est absolument terrifiant en plus d'être extrêmement perturbant, comme si à force de vivre dans un environnement qui ne présente que très peu de danger immédiat je finissais par retrouver un peu de moi. Oh, j'me fais du mal, c'est indéniable. Parce que du coup, je me retrouve de nouveau confronté à la violence démesurée de mes émotions. D'un côté, ça s'est jamais vraiment arrêté, même après toutes ces années d'anesthésie qui ont suivi ma mort. D'un autre côté, c'était seulement une partie, la partie négativement apathique, celle qui me traîne vers le fond sans me laisser respirer, mais sans partir dans des accès d'énergie, des débordements. Y avait que les larmes et le repli, l'ennui et le déni, la peur bien sûr aussi. Ces derniers temps, ça repart dans les tours avec des trucs chelou, genre de la joie, de l'affection, de la colère, des envies, des sensations, des sourires, des chansons. Extrêmement étrange. J'ai perdu l'habitude de tout ça, j'avais perdu tellement de moi tu sais. Alors forcément, je m'inquiète, je panique, je hurle de ne pas savoir ce qui va venir. Parce que, si les émotions reviennent, leurs conséquences aussi. Ce qui implique encore plus d'imprévisibilité, redevenir incontrôlable, partir dans tous les sens sans aucune raison, oublier et spiraler, foncer dans le tas et le mur, merder sévère. Je suis pas prêt pour ça. Je suis pas prêt pour être moi. Et pourtant, qu'est-ce que j'aimerais être moi avec toi. Mais j'ai pas le droit. Je dois garder le contrôle. Et en plus, maintenant, je dois garder le contrôle sans pour autant enterrer tout ce que je ressens, prouesse inimaginable. Je rêve, je peux pas m'en empêcher. J'ai appris il y a très longtemps que j'avais pas le droit d'en parler. Mes rêves sont forcément dérangeants, futiles, malsains, puisque ce sont les miens. Et en l'occurrence, comme ils comportent ton rire et ton sourire dans tous les coins, ils me sont interdits. Je dois contrôler mes pensées, mes émotions, je ne dois pas me laisser aller à ressentir des choses pour toi. Mais c'est trop tard. C'est trop tard, ces choses sont bien là, toutes ces choses, ces émotions, ces sentiments, ces sensations, depuis des mois. Repenser à ces phrases prononcées par ta bouche, à tes doigts aux miens entrelacés, à ton enthousiasme débordant, sentir toute ta tendresse sur moi déversée, c'est très déroutant.

Si tu savais comme tu me manques. Si tu savais comme j'ai l'impression d'avoir attendu cette connexion toute ma vie. Si tu savais comme j'ai honte d'être à ce point obnubilé par toi. Si tu savais comme j'ai hâte de te revoir, de te serrer contre moi, de faire ce qu'on fait de mieux ensemble. Si tu savais comme tu me perturbes, chaque fois qu'on se voit, qu'on se parle, ou que je pense à toi (ce qui signifie : sacrément souvent). Si tu savais comme j'ai peur que tu comprennes ce que je ressens, que tu devines mes sentiments. Si tu savais l'état dans lequel tu me mets. Si tu savais comme je phase sur cette photo, quelle idée vraiment. Si tu savais toutes les questions que je me pose, tous les doutes qui me taraudent. Si tu savais comme tout s'envole quand j'arrive près de toi, quand tu me prends la main ou me souris, quand tu prends cette voix différente, quand tu dis toutes ces choses.

Bien sûr, je n'ai aucune idée de ce que tu éprouves pour moi. Ou plutôt si, mais aucune certitude sur les sentiments précis que je t'inspire. Et ton silence ne m'aide pas à m'y retrouver. J'ai besoin d'attraper ton attention pour savoir ce qu'il en est, même si je ne peux pas te demander ça. J'ai besoin de sentir que j'existe encore pour toi, pour ne pas sombrer dans des questionnements d'une inanité troublante. Ne m'oublie pas, hein ? Ne m'oublie pas... Peut-être que mon ineffable propension à disparaître sans prévenir finira par m'effacer de ton esprit. Cette idée m'effraie. Hallucination collective, je suis voué au néant. "Nous aussi, on aura une belle histoire d'amour", des mots en l'air tu sais. J'aimerais y croire, j'ai rêvé toute ma vie d'y croire. Des histoires, j'en ai eu des tas, des histoires d'amour même j'en ai eu je crois. Mais une belle histoire d'amour ? Une qui ne soit pas belle simplement sur le moment, quand mon cerveau décide que cette personne est la meilleure au monde, la seule source de joie pour moi, l'amour de ma vie, ma raison d'être. Une qui ne soit entachée ni par des horreurs en son propre sein, ni par de malveillantes interventions extérieures, ni par de tragiques coïncidences suicidaires. Une qui ne soit pas uniquement dans ma tête. Mes histoires, je les vivais surtout à l'intérieur. Mes souvenirs de toutes ces relations sont presque inexistants, parce qu'il n'y a pas lieu de se souvenir, en général. Oh, des sensations, des déclarations, des rires, il y en a eu. Si peu d'actes, pourtant. Tu sais, j'ai déjà vécu bien plus de choses romantiques avec toi qu'avec la majorité de mes ex, bien qu'on ne sorte pas ensemble ni rien de cet ordre je crois. Je chante, je chante, et j'imagine ta voix avec la mienne. J'imagine la puissance que ça pourrait avoir, l'effet dévastateur sur moi, si j'osais te regarder en lançant ma voix dans la tienne.

J'ai envie de nager avec toi, de nager pour être moi. Pour que mon corps existe, qu'il donne un peu de substance à ces gestes que je ne peux initier, ces mouvements qui brisent mon âme lorsque tu me les offres. J'ai envie de nager avec toi, de perdre ce poids qui m'ancre dans mes peurs. Pour me débarrasser de ces cassures dans mes gesticulations, de ces accrocs dans mes contorsions. J'ai envie de nager avec toi, de plonger à corps perdu dans les méandres d'un futur possible. Pour créer sans m'enfuir, pour croire sans détruire, pour sombrer sans souffrir. J'ai envie de nager avec toi, de laisser mon corps chanter pour une fois. Pour danser sans prise sur le réel, dériver au son des anges qui me portent, flotter dans tes bras éthérés qui s'impriment dans mes chairs. J'ai envie de nager avec toi, comme je chante avec toi. Pour laisser filer le temps, la peur, les doutes et les pleurs, pour m'endormir près de toi sans craindre la chaleur, pour sentir ta main sur mon coeur, pour embrasser l'écho de tes pas sur ma peau.

Appelle-moi, appelle-moi, je veux juste entendre ta voix. Appelle-moi, appelle-moi, je danse dans un dessin de toi. Alors, tu vois...


8 juillet.

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