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PUNK STUPID PUNK, punkage n°4 : Allemagne

Dernière mise à jour : 4 juil. 2023

Ouais nan je déconne pas on a réellement passé dix jours en Allemagne, à environ deux, ce qui en fait mon troisième séjour d'une semaine et demie dans ce pays, et le premier sans l'école. Rien que pour ça, je suis giga content. Faut dire que l'aut' punk au départ y s'mettait la pression, y a cru fallait faire passer les meilleures vacances de sa vie au Leo, pis quelques jours avant le départ en pleine panique on a discuté et y a compris que tant qu'on annulait pas, tant que je me retrouvais effectivement en Allemagne à entendre des gens parler Allemand, c'est bon Leo content. La pression redescend.

On part de Lyon un vendredi midi y m'semble, y fait méga chaud le décès est présent, mais alors le trajet pour rejoindre le covoit' déjà. Punk part de la maison avec deux élastiques en se disant "bon j'vais sûrement en perdre en route comme d'hab", sauf qu'on en trouve deux autres par terre, ce qui double son capital élastique avant même d'avoir quitté Lyon. Dans le même temps, on reçoit un message qui nous (me mais nous) propose des chiots à adopter, ça y est y a des candidats pour devenir mon chien d'assistance, aaaaa. Sur les quatre chiots en photo y en a deux qui me tapent dans l'oeil, et surtout ça veut dire que je peux arrêter de paniquer à l'idée qu'on trouve jamais de chiot pour septembre.

Le trajet en voiture j'ai surtout dormi, à un moment je capte qu'on est pas loin de la frontière, je me retiens de taper du pied en souriant, et pis là le conducteur change la musique, boum y a Belle qui pop, comédie musicale Notre-Dame de Paris une des deux premières chansons de ma vie (avec Le Temps des Cathédrales t'sais, ouais je chantais déjà ça à quatre ans c'était le feu), forcément je tape du pied et je chante sans le son. Après ça passe sur variété française et je reçois un sms de mon opérateur qui me souhaite la bienvenue en Allemagne, c'est flippant de voir que même sans avoir jamais connecté ton tel à internet on te localise aussi facilement, bref je suis en Allemagne !!!

On arrive en ville, tout le monde change de trottoir (nan j'déconne on est en voiture pas sur un trottoir), là mes yeux tombent sur un blason sur le pont où c'est écrit 1312 en très gros (c'est un tag), allez c'est bon ça va être fantastique. On descend de voiture et je pars prendre le blason en photo, eh, faut bien. On va à la gare de Freiburg pour acheter nos fameux tickets à 9€ et de quoi bouffer, sur le chemin on croise un bar qu'a l'air très cool y a des affiches de concerts, de squats, des drapeaux queers, une petite cour intérieure avec des plantes et tout. D'ailleurs ça, les plantes, les espaces verts, y en a partout dans les villes, c'est fantastique. Entre les arbres, l'herbe et les cours d'eau, la chaleur est beaucoup plus supportable en Allemagne. Pour la bouffe on se dit bon, première occasion de parler Allemand, allez, courage, on met cinq minutes à réussir à entrer, punk dit deux mots et là le type répond "vous pouvez le dire en Français vous en faites pas" boooon apparemment ça se voit qu'on vient de France jsp.

Pour manger on se cale contre une fontaine, parce que j'aime bien les fontaines, on voit des gens dans le parc dont un type qui fait rire les enfants, ah et sur le chemin on a croisé des pigeons donc je les ai pris en photo parce que le rituel quand je vais en Allemagne c'est de photographier des pigeons, ils étaient posés sur des sculptures de mains et de pieds, d'ailleurs les pieds étaient plus propres que les mains alors que sur moi c'est l'inverse (oui je marche pieds nus). À ce stade j'ai déjà quelques capsules et épingles à cheveux dans les poches, parce que bon y a punk (pas punk avec moi, punk chez qui je vais après) qui fait la collec' des capsules, pis y a moi qui peux pas m'empêcher de ramasser des conneries par terre donc autant concilier les deux. Je marche dans la fontaine, y récupère un bracelet, au début j'le trouve moche pis en fait il est sympa j'le garde (EH GARDE), je me fous de l'eau partout pour survivre. Pis après je sais pas trop comment ça arrive mais avec mon sac sur le dos je tente le truc de faire un squat sur un pied, convaincu que je vais me casser la gueule, et... j'me casse pas la gueule. Comme d'hab c'est pas élégant ni rien mais ça fait le taff. Toujours pas compris comment j'ai pu réussir.

On est en Allemagne !!! On est en Allemagne nom de d'là. On repasse sur le deuxième pont qu'on a croisé, pour faire comme les gens et se foutre en haut sur les structures métalliques, c'est super drôle à escalader avec sac au dos et gourde à la main, on est stupides et on aime ça. Une bagnole de flics passe, j'ai peur parce que j'ai peur des keufs, mais y nous regardent même pas. Je manque de faire tomber mon tel, de très haut alors je sais il est blindé ou quoi mais quand même on est au sommet d'un pont au-dessus d'une voie ferrée quoi, tout ça pour prendre une photo de l'église à deux têtes dans le coucher du soleil. Comme je suis un abruti je décide de redescendre en chat perché jsp, genre pour monter on a juste pris le chemin facile l'espace entre deux arches puis marché sur l'arche vers le haut, là je prends la verticale les poutres en métal je dévale, j'sais pas je dégringole comme d'hab, et en fait c'est vachement plus facile que prévu.

Et puis il est tard, on cherche à dormir, le bar de t't à l'heure est fermé on pourra pas demander s'il y a un squat sympa dans le coin, on descend vers la rivière et on la longe. On la longe pendant j'sais pas peut-être deux heures, ok j'abuse un peu mais vraiment on a marché longtemps et puis on a fait des pauses, pour réparer le sac mettre les pieds dans l'eau ou pour checker derrière un buisson si on peut dormir. En plein milieu de la rivière on croise un fauteuil, vu mon état et mon sac je suis pas en état de traverser pour aller m'y asseoir et demain matin je vais oublier mais tant pis. C'est super joli ici, un peu vieille ville dans l'éclairage orangé des réverbères sur les pavés, des gens sur les pierres de la rivière.

Un buisson nous inspire, c'est con il pique vachement pour un buisson à dodo mais bon, on se planque un peu et pis je file me baigner, ouais il doit être pas loin de minuit et moi ma seule idée c'est "je vais aller foutre mon corps dans l'eau pour faire un peu redescendre la température pour réussir à m'endormir, pis j'vais pisser dans l'eau parce que c'est rigolo" bon écoute. Y a des gens sur la berge d'en face mais rien à foutre, enfin si d'ailleurs quelque chose à foutre mais on y va quand même. Ici les gens me regardent moins bizarrement, j'ai même déjà croisé une ou deux personnes pieds nus en ville. T'façon j'ai une excuse, j'suis français j'suis chelou.

J'me réveille en sursaut avec une voix grave qui me dit "tu dors encore ?", j'demande à punk si y m'a parlé, nan y m'a rien dit, en même temps c'était pas du tout sa voix mais j'sais pas ça aurait pu tu sais les voix. Le buisson a semé ses piquants sous nous ça me perce la peau c'est chiant, dans mon duvet c'est humide parce que j'y ai fourré la serviette et le caleçon de bain mouillés pour pas avoir trop chaud je sais c'est pas une bonne idée.

À un moment donné on finit par se réveiller, pour de bon j'veux dire parce que perso j'ai passé ma nuit à me réveiller à me retourner à me retenir de pleurer parce que ça fait si mal d'exister. Retour à l'eau j'ai les pieds éclatés d'avoir trop marché, on cherche un endroit pour prendre le petit dej' et sérieux je sais pas on marche encore tellement, on croise des trucs genre un escalier trop cool en colimaçon dehors entre deux maisons et des plantes, encore des plantes dans la rue et des capsules. Moi je sais pas j'me souviens pas j'étais pas là j'étais en Allemagne.

On mange dans un café, ça coûte cher mais en vrai ça nous fait la journée donc ça va pour deux repas c'est cohérent, et pis faut que j'aille aux chiottes et je demande moi-même, ce qui clairement n'arrive pas en France (déjà qu'est-ce que je foutrais dans un café le matin en France, si j'veux aller aux chiottes j'attends et basta). C'est vachement bon en vrai, le petit dej' en Allemagne y a plein de trucs tu peux prendre une omelette et tout, j'aime manger salé au réveil mais je commence par un croissant dans le chocolat chaud, parce que je suis en Allemagne donc je vois pas pourquoi ma pseudo intolérance au lactose serait en activité ici, j'ai la flemme.

On passe sur le marché, y a plein de jolies choses et de trucs en bois j'aime le bois, faut que je fasse un truc avec mes pieds donc je m'assieds, punk remarque que quand je dois faire un truc je le fais là où je suis, à savoir très souvent en plein milieu du passage, j'ai tendance à oublier que j'existe, des fois ça m'arrive sur un passage piéton par exemple, je sais pas comment j'ai pu survivre jusque-là. On retourne à la gare, on croise une manif anti pass sanitaire (je crois) avec des tambours et tout. J'explique à la guichetière qu'on veut aller à München mais qu'on sait pas comment faire, et mon taff s'arrête là parce qu'assurer une conversation c'est beaucoup trop humain pour moi.

Paf, train pour je sais plus où, à un moment ça s'arrête mais c'est pas encore l'heure de la station où on descend, on se dit que peut-être il faut attendre, mais en fait c'est un train en deux parties et on est dans celle qui continue pas, on arrive pas à rejoindre l'autre à temps. L'avantage du billet à 9€ et de ne pas avoir de programme, c'est que les imprévus ne bousculent pas ce qu'on avait prévu et ne coûtent pas plus cher. Nous voilà donc à Titisee pour quelques heures, c'est super joli et tout mais genre ça ressemble à une ville touristique de luxe entre deux montagnes et un lac. On croise un magasin de chaussettes, j'aime les chaussettes alors j'en achète deux paires, une avec des marmottes et l'autre avec des grenouilles, comme l'an dernier j'avais pris en Bretagne une paire avec des macareux et une avec des arcs-en-ciel, oui j'aime les chaussettes alors que j'en porte pas. On va vers le lac, la seule plage pas privée est blindée de bourges, j'ai aucune envie de me dépoiler au milieu de ces gens donc on passe juste aux chiottes et on repart.

On croise plusieurs fois un potit tracteur rouge avec une queue de fourrure accrochée à l'arrière, les furries sont partout (ceci est une blague, c'était pas un tracteur furry). On cherche un endroit où manger mais y a même pas une baraque à frites, saleté de bourges. Je croise un stand de peluches en train de fermer, elles sont trop choupi les lapins me font de l'oeil, bref j'ai un nouvel ami dans mon lit. Retour vers la gare, on somnole dans un parc, on croise aussi une petite maisonnette toute mignonnette, genre décoration de ville mais façon chalet miniature avec moulin à eau et fleurs. On est dans la Schwarzwald, tu vois le tableau : c'est magnifique partout.

Prendre le train avec mon panda et mon nouveau lapin accrochés sur mon ventre : check. Il fait nuit, il est tard, on repasse par Freiburg pour aller à Stuttgart (ah oui on a abandonné l'idée de München en cours de route), on se tape des changements évidemment et le dernier est à Karlsruhe, ville de laquelle part mon train pour le Havre une semaine plus tard. Bref, on descend à Stuttgart, la gare est méga grande, et là je sais pas on commence à croiser des queers. Mais genre, ok au début c'est deux ou trois, sauf qu'à ouvrir les yeux on se rend compte que nan y en a partout, punk finira par dire "mais est-ce qu'il y a un seul hétéro dans cette gare ?!" Nous, claqués et tout, on remonte la piste, on cherche le nid quoi, on veut savoir d'où iels arrivent toustes. Je t'avoue moi je suis plus là à ce stade hein, je me contente de rire en suivant punk, t'sais il est tard. On suit des gens au hasard sur quelques mètres, donnant lieu à la superbe sortie "j'ai perdu mon gay", j'me marre fort parce que ça devient évident qu'on va se perdre dans une grande ville allemande on a aucune idée de ce qu'on fout là, pis on traverse sur un immense passage piéton.

D'ailleurs, parlons-en, des passages piéton en Allemagne. Je les vois pas. Genre c'est pas une succession de bandes blanches, c'est... que dalle ? Vaguement des p'tits carrés de pierre sur les côtés, genre exactement comme les pistes cyclables parallèles aux passages piétons. Les pistes cyclables sur les trottoirs, bah déjà elles sont sur les trottoirs, et pareil y a pas de marquage au sol avec un dessin de vélo pour bien m'indiquer que comme j'ai pas de roues j'ai rien à foutre là, nan c'est juste : des pavés sur le côté. Je te raconte pas le nombre de fois où j'ai failli me faire écraser par des vélos, le nombre de fois où j'me suis fait klaxonner par des sonnettes. Détail important pour plus tard, les sonnettes.

On arrive sur une place gigantesque et absolument blindée c'est terrifiant, je vois tout flou, pis y a un énorme drapeau gay qui flotte au vent en haut de son mât, c'est bon on a trouvé l'endroit. Là je finis par capter que punk avait un plan depuis le début, à savoir : trouver des gens qu'ont l'air punk ou assimilé-es, leur demander s'il y a des squats dans le coin ou un endroit pas trop craignos où pioncer dehors. Malin, le punk. Alors on cherche, on regarde, on perd un peu espoir parce que les queers autour de nous ont l'air de queers d'intérieur fin genre pas de clodos quoi, même le groupe posé par terre qu'est quand même plutôt looké, bon en France on y serait p't-êt' allé-es mais ici les styles alternatifs sont vachement plus courants, c'pas pour rien qu'on me zieute moins bizarrement. On commence un peu à désespérer je t'avoue, est-ce qu'on va devoir se taper une nuit blanche ici ?

Lorsque subitement, j'aperçois au loin fendre la foule un aileron bleu turquoise (ou bleu électrique jsp je suis nul en couleur et bordel j'écris un livre avec des couleurs mais quelle idée). Une crête ! Fonçons ! Alors on fonce, et punk aborde les punks je sais même plus dans quelle langue (ouais écoute je suis presque sûr que c'est pas de l'Espagnol ni du Russe mais Allemand Anglais ou Français j'en ai aucune foutre idée), moi je suis à peine capable d'ânonner quelques mots de Français à mon punk. Non pas que je sache pas m'exprimer en Allemand, fin forcément j'ai perdu depuis le lycée mais bref, nan c'est juste que : communiquer. En gros j'ai des phrases appropriées en Allemand dans la tête, mais impossible d'ouvrir la bouche. Pis je suis à moitié endormi, donc je pige pas grand-chose à ce qui se passe.

Tout ce que j'ai compris, c'est que les gens en face disent ouais y savent où pioncer parce que justement y vont pioncer dehors on peut suivre, est-ce qu'on a des billets à 9€ oui on en a ok cool tu peux v'nir en effet, et pis là on les suit. Retour dans la gare, faut pas perdre de vue nos nouveaux punks, je titube c'est un enfer, c'est rigolo en vrai mais gosh on dirait que j'suis bourré, comme d'hab quand je suis fatigué, bref on se vautre toustes sur un quai et on attend le train. Pour Karlsruhe. Oui. J'espère que t'aimes bien ce nom parce qu'il risque de revenir assez souvent.

Là on se retrouve dans un train blindé comme jamais, toutes les places assises sont prises et tout l'espace disponible est occupé par des gens debout qui se serrent à balle, moi chuis là avec mon sac de rando sur le dos j'ai l'impression de prendre toute la place mais j'ai besoin de cet espace pour respirer je reste un putain d'anxieux social je rappelle, mon état à ce stade frôle la crise de panique, et si j'avais pas des punks tout autour je m'effondrerais en pleurant. Les contrôleureuses montent, s'étonnent de voir autant de monde à une heure aussi tardive, punk allemande derrière moi leur explique que c'est la sortie de la pride. Premier arrêt, des gens descendent, on peut s'asseoir par terre. Deuxième arrêt, des gens descendent, on peut squatter des sièges. Troisième arrêt, des gens descendent, on peut rejoindre nos nouveaux punks en première classe où les ont envoyé-es les contrôleureuses tout à l'heure (manque de place, eh).

Et puis, enfin, Karlsruhe. On descend, je suis perdu, j'ai besoin de pisser. Et de me brosser les dents, parce qu'hier soir j'ai oublié et avec les dents de sagesse restantes qui se manifestent, si j'oublie un jour je douille, pas très envie de tester deux jours. Spoiler : de tout le séjour, j'ai oublié que deux jours, à savoir le premier et l'avant-dernier. Fun fact, les deux fois, j'ai donc oublié de me brosser les dents la veille de mon arrivée à Karlsruhe. Bref, on passe aux chiottes de la gare, payantes bien évidemment, tiens d'ailleurs c'est honteux non seulement y a pas de toilettes publiques gratuites mais en plus y a même pas de fontaines d'eau potable ??? Les gens meurent de soif en Allemagne ou ça se passe comment ? Donc je me cale tranquille sur un lavabo pour me brosser les dents, les pieds nus en équilibre précaire entre deux flaques d'eau. Y a du papier partout par terre ça déborde des poubelles pour s'étaler sur chaque carreau je sais pas pourquoi. Des types me regardent un peu chelou en passant mais ça va. Bon en même temps, un olibrius pieds nus qui se brosse les dents dans une gare en pleine nuit, je suppose qu'il y a de quoi se questionner un instant.

Après avoir rempli ma gourde et pissé, je sors de là et rejoins les autres, qui ont pu se relayer aux chiottes avec une seule pièce grâce à l'issue de secours (j'ai pas tout compris j'étais pas là). Y en a un qui me dit que je suis cool, ce qui me perturbe grandement puisque je n'ai encore rien dit ni fait, j'existe à peine je suis une ombre. Paf on attend un bus, ou un tram, fin bref un transport, et moi j'me dis mais attends on a pas de ticket ça va être compliqué si on se fait contrôler. Ah oui pis aussi, sur les quatre avec qui on a pris le train, y en a plus que trois, le quatrième a filé à l'anglaise (ce qui est cocasse pour des français en Allemagne). Deux veulent prendre les transports, un veut marcher, les deux autres lui disent que bon quarante minutes à pied c'est mort pour ce soir. Entre ma peur des transports et ma peur de me faire contrôler sans ticket en Allemagne (oui c'est drôle pour un type qu'a fraudé le train et les autres transports pendant des années, sauf que mes papiers étaient pas à jour donc ça allait, maintenant j'ai une adresse frère), je me dis que perso marcher ça m'arrangerait, genre ça fait moins peur. On est cinq, y a moyen de faire un groupe de petons et un groupe de sièges, fin tu vois. En vrai on finit par toustes monter dans le bus / tram / whatever j'me souviens pas, et j'pense c'était une meilleure idée. Il s'est avéré que nos billets à 9€ incluaient les transports à l'intérieur des villes (y a sûrement des exceptions mais on en a pas croisé), donc de toute façon on était en règle, mais ça j'le savais pas sur le moment.

Pendant le trajet, y a un punk qui commence à jouer avec ses doigts et du coup on part toustes dans un jouage avec les doigts. Fin genre en positionnant ton majeur d'une certaine façon, sa dernière phalange devient molle, genre tu peux la faire gigoter avec l'autre main mais pas avec celle à laquelle il appartient, ni l'empêcher de bouger. C'est pas clair ? Bon osef. Et aussi, on file des bonbons parce qu'un des punks n'a pas mangé et faut manger dans la vie et donc on le nourrit, et punk dit que c'est rigolo parce qu'y a l'habitude d'être le punk qu'on doit faire penser à manger, ou de me faire manger moi. Hein ? Oh.

Après on descend, je sais plus trop mais on arrive dans un parc, les punks me demandent si ça va aller pieds nus sur les cailloux, moi j'dis ouais tranquille. Et puis subitement je vois une fontaine, donc je leur fausse compagnie pour courir m'amuser dans l'eau, j'crois ça répond à la question de "ça fait pas trop mal les cailloux ?", et pis même si mon sac est lourd (dedans j'ai deux livres écrits par moi parce que je veux bosser dessus au Havre, et deux livres à filer à punk du Havre, ça pèse, j'ai plus mon dos d'avant) bah c'est rigolo de courir ça fait du bien.

On se cale sur un échiquier grandeur nature, et c'est pas une façon de parler genre un sol avec carreaux noirs et blancs, nan, pendant la journée y a vraiment dessus des pièces d'échecs à taille humaine (ok peut-être taille petit humain). On papote (fin j'dis on papote mais moi à ce stade j'ai p't-êt' prononcé deux phrases), on échange des musiques (surtout du punk), on évoque la question de l'âge et franchement on s'attendait pas à avoir autant d'écart moi dans ma tête z'avaient mon âge mais bref, on sort les patchs et stickers et tout, on montre nos fringues, fin voilà on punk, quoi.

Pis aussi, on entend des gens jouer de la gratte et chanter dans le buisson d'à côté, ça a l'air sympa alors mon punk et deux autres filent voir, la troisième reste assise en disant que genre pas l'énergie d'aller voir, et moi je suis juste mort. Sauf qu'en restant avec elle, elle finit par me préciser qu'en fait, elle aurait bien envie de les rejoindre, mais elle a enlevé ses chaussures et elle se sent pas de traverser buissons et cailloux pieds nus. Alors forcément je lui propose de la porter, elle refuse parce que soi-disant elle serait trop lourde pour moi. Du coup j'lui explique que j'ai porté un pote de 125 kilos quand j'en pesais 45 (ou à peine plus), donc franchement tranquille. "Au pire, on essaie ?" Elle accepte de monter, je la porte jusqu'au banc où y a nos punks. Je crois que ça fait rire les gens, c'est chouette. On m'apprendra plus tard que ça lui a fait vraiment plaisir de pouvoir rejoindre tout le monde.

Après je sais pas trop, on a sûrement fini par s'endormir, un truc comme ça. Je peux pas te dire combien de fois je me suis réveillé dans la nuit, mais plusieurs fois, et pis quand il a commencé à faire un peu jour y a eu les chants d'oiseaux et les écureuils dans les arbres autour, c'était fantastique mais j'étais pas assez réveillé pour en profiter. J'me rendors, à un moment j'me réveille et la seule punk qu'était déjà réveillée a disparu, j'panique j'me dis qu'elle est partie qu'elle doit se sentir mal ou jsp, et pis en fait elle s'est juste posée sur un des bancs autour de nous. Ah pis sûrement juste avant ça, j'entends un vélo passer pas loin, bon c'est un peu flippant mais ça devrait pas durer, sauf que le vélo s'arrête, et dessus y a quelqu'un avec de longs cheveux blancs (je crois, j'ai pas regardé), qui se pose justement sur un des bancs autour de nous, et genre, reste là à nous fixer. Ultra creepy. Bon en vrai j'me dis c'est sûrement pas quelqu'un de méchant ni rien, juste qui sait pas comment se faire des potes, mais chaton, ça c'est la pire technique. (Ou une des pires en tout cas, bref.)

Et pis bon tout le monde commence à se réveiller, donc j'arrête de fixer le ciel du fin fond de mon duvet, et je rampe vers les autres. Sans doute en faisant des bruits chelou, je fais toujours ça. Bon bref, on part prendre le petit dej dans une boulangerie, on prend du jus de fruits parce que c'est la vie, et des bretzels pour tout le monde. Pour aller aux chiottes faut un code c'est terrifiant. Et pis d'un seul coup, y a un punk qui m'demande si j'veux aller dans la fontaine à jets d'eau là-bas. Bien sûr que j'veux aller dans la fontaine là-bas. Alors on court bras d'sus bras d'sous, et pouf nous voilà au milieu des jets, à chahuter comme des enfants en s'envoyant de l'eau et tout. Avant de courir à la flotte, j'ai laissé mon portable et tout à punk, en disant "je compte pas mouiller mes fringues mais on sait jamais", eh frère t'as vraiment cru que t'allais pas te mouiller ? Le punk avec moi enlève ses chaussures d'ailleurs, pouf deux punks pieds nus dans l'eau.

Quand on commence à retourner vers les autres, il trouve une branche de laurier rose par terre, il me l'offre et je l'installe dans mes cheveux. Je suis désormais une fleur. On arrive tout dégoulinants, j'crois à un moment on se secoue (oui les punks sont des chiens un peu), pis on remballe nos affaires et on part faire la manche dans le centre-ville. En chemin, punk nouvellement pieds nus s'arrête brusquement pour signaler que l'espèce de caoutchouc qui entoure les rails de tram c'est tout mou tout doux tout confort, ce qui m'emplit de joie parce que d'habitude je suis le seul à remarquer ça et personne ne peut partager la sensation vu que les autres ont des godasses. Ah oui pis les voies de tram, parlons-en : celle-là elle est dans une rue piétonne, bon y a pu de trams dessus mais quand même, mais sinon en général elles sont sur la route, genre les voitures et les trams roulent au même endroit. Absolument perturbant. Aussi, plusieurs fois déjà, et pour des raisons que j'oublie, nos nouveaux punks m'ont appelé "poor little french boy", j'crois que c'était soit parce qu'iels s'inquiétaient pour mes pieds, soit parce que j'avais mal aux genoux / tibias / chevilles / dos etc, à grand renfort de craquements sonores.

Une fois posé-es, punk et moi on chante des trucs en Français, ou peut-être que les autres punks commencent avec des trucs en Allemand, bref ça chante. Pis d'un coup, punkàcrête (oui sur CINQ c'est le SEUL à avoir une crête, fin y a bien punk qu'a une crête-mulet mais pas dressée, bref) chante en Anglais un truc que je connais, alors je chante avec, en baissant les yeux parce que bon hein euh voilà. Pis après, boum une autre que je connais, je chante encore. Il se lève pour danser, genre faire des trucs je sais pas, et pis je suppose que punk lui dit que je fais des trucs comme ça dans la vie, parce qu'il se plante face à moi, s'incline en me tendant la main. Du coup j'me lève et je fais des conneries, ah ça bouger mon corps n'importe comment ça ça ça je sais faire, c'est mon moment !

On a chanté un bon moment, Le Pieu ça leur a beaucoup plu, y a même punk qu'a chanté avec elleux du punk allemand parce que bon logique quoi. J'me souviens plus trop, c'est compliqué tu sais, mémoire-passoire tout ça. En tout cas, personne nous a filé de thunes, malgré le superbe bâton prolongé d'un bocal prévu à cet effet. Comme punk a repéré un festival qu'a l'air sympa et qu'est ce soir à Nürnberg, on doit quitter Karlsruhe en début d'aprem, enfin genre dans l'aprem (je t'avoue que je me souviens pas de l'heure), pour encore prendre des trains et tout. Alors on descend dans le métro, et là pouf je me fais colorer ! Bon en gros y a un prisme dans le plafond et ça fait un cercle de lumière par terre, lumière blanche, mais quand tu passes dessous ça décompose la lumière et ça fait des "ombres" colorées de toi genre dans chaque couleur c'est trop beau et trop chouette et trop stimmy et je pourrais y passer des heures. (Bon, pour être tout à fait honnête, je sais pas si c'est à ce moment que ça se passe, ou la veille au soir en arrivant, ou quand on revient à Karlsruhe pour mon train vers le Havre.) Sauf que le prochain métro est dans trop longtemps je crois, donc on remonte et on attend le bus, ou le tram je sais plus. T'façon les trams roulent au même endroit que les voitures, donc forcément j'arrive encore moins à m'y retrouver.

Et puis gare, et puis quai, et puis il faut se dire au revoir. Ah moi j'aime pas ça hein, parce que au revoir ça veut dire on se voit pu en attendant, c'est nul. Là devant notre train qui s'apprête à partir, on se fait des câlins. Ah oui y a aussi le moment où quelqu'un a dit un truc que j'ai compris comme "on prend toustes le train ensemble jusqu'à Stuttgart" mais en fait c'était une des trois prend le train avec nous, du coup ça me fait un peu des montagnes russes émotionnelles de "on doit se dire au revoir" puis "omg pas au revoir tout de suite on reste ensemble" puis "ah merde non vraiment au revoir" puis "oh pas au revoir à tout le monde c'est chouette mais moins chouette que au revoir à personne", bref c'est le bordel. Donc câlins aux gens qui montent pas dans le train (fin aux deux punks, pas aux inconnu-es sur le quai), coeur qui bat et qui triste et qui tremble et qui voudrait rester. Punk qui reste sur le quai me demande mon fb, j'ai peur de louper le train alors je dis qu'on le notera dans le tel de punk qui monte avec nous.

Dans le train, je m'assieds avec mes écouteurs et dors, je suis en sale état. Je sais plus exactement pourquoi, fin y a plusieurs facteurs dont le manque de sommeil, la marche avec sac de rando que bon ça faisait longtemps que ça m'était pas arrivé et d'ailleurs même juste sortir du canapé je le fais pas, la douleur, le contexte genre l'humanité existe, dormir dehors juste dans mon duvet ça aussi ça faisait longtemps, bref, toujours est-il que mon état est... préoccupant. Donc j'arrive pas à en parler, j'arrive juste à me fermer, mettre mes écouteurs, et dormir. Ou tenter. Je veux pas penser, je peux pas penser, je suis en Allemagne je dois profiter. Oublier ma tête et mon corps, et profiter. Alors je dors.

Avec le recul, je me rends bien compte que j'aurais dû parler avant. Que j'aurais dû dire que bon, le festival, ça risque d'être trop crevant pour moi, que peut-être c'est pas la peine, que j'ai même pas compris ce qu'on va y faire même si ça a l'air chouette, que ça peut pas être aussi chouette que nos nouveaux punks. Sauf que moi, sur le moment, je me dis juste que ça va lui faire plaisir et que ce sera chouette pour moi, que toute façon où qu'on aille et quoi qu'on fasse je suis satisfait parce que je suis ravi d'être en Allemagne, que j'ai pas envie d'être un poids et de changer les plans au dernier moment, que toute façon les punks vont devoir rentrer à un moment et ce serait chiant de se retrouver juste nous deux à Karlsruhe au lieu d'être dans un festival, que j'ai envie de retourner à Nürnberg vu que j'y suis allé en seconde et que c'était cool enfin c'est surtout Schwabach qu'était cool mais tout de même les souvenirs, que vraiment la meilleure décision c'est de suivre le plan et d'aller au festival comme un grand. Au pire, je me cale dans un coin et je dors pendant que punk s'amuse au festival, ça ira.

Mais Nünrberg en a décidé autrement. Déjà parce que la gare est un enfer, on meurt de faim et on doit aller aux chiottes, remplir nos gourdes, je veux changer de caleçon pour une obscure raison (pose pas de questions, les caleçons et moi c'est compliqué), bref on se dit qu'on va manger ici. J'me dis que burger king est une bonne option, j'y ai mangé une fois à Lyon et c'était bon. Y a une file d'attente infernale, y fait chaud les sacs pèsent, bruit partout enfer sur Terre, j'ai peur. On commande, on part se caler tout au fond contre une baie vitrée avec vue sur l'intérieur de la gare mais d'en haut c'est marrant, y a un groupe bruyant d'ados footeux ou un truc comme ça sur la table à côté, l'avantage des groupes comme ça c'est qu'ils bouffent rapidement et se tirent ensuite. Après leur départ, je vois juste derrière leur table la porte des chiottes, avec un écriteau qui dit "déso c'est hors-service va voir ailleurs" (ouais, pas comme ça, mais bref). Chier. Enfin justement non, on peut pas chier ici, du coup. On mange, à la moitié de mon burger j'me rends compte qu'il manque un truc dedans mais bon osef, et y avait pas d'oasis donc j'ai du prendre du fanta ce qui est une très mauvaise idée puisqu'au-delà de pas aimer avoir des bulles dans la bouche j'ai une sale tendance à avoir mal au bide une fois qu'elles y sont, et clairement c'est pas le moment. M'enfin, le premier matin j'ai pris un chocolat chaud alors que je digère pas le lait, je suis plus à une stupidité près.

On sort de là, on trouve des chiottes, se dit que peut-être si le bk nous indique ces chiottes précisément, potentiellement avec le ticket de caisse on peut y passer gratos. On check le ticket : c'est pas le nôtre. Aucune idée de comment c'est arrivé, mais c'est pas notre ticket, mais ça reste un ticket du bk donc pourquoi pas. Evidemment, ça marche pas, la dame de l'entrée nous répond que ça sert à rien. Bon. Je fouille mon porte-monnaie mais il me manque genre dix centimes, punk me les passe mais dans la panique j'ai mal compté il m'en manque dix de plus, le gars derrière moi est pressé et me file une pièce, je veux lui rendre la monnaie il dit non, j'me dépêche d'avancer pour lui laisser la place. Il croit que je me trompe de côté c'est rigolo mais je mets trois plombes à comprendre alors que lui s'est déjà excusé et tiré, bref. Je suis légèrement en panique, je fais pas du tout ce que j'ai prévu, j'ai même pas pensé à prendre un calbute pour me changer, ni à remplir ma gourde avant les chiottes. Bon. Je sors, punk sort pas loin derrière, me voit pas parce que je suis accroupi pour faire des trucs dans mon sac (moi je savais pas qu'y serait aux chiottes en même temps que moi), bref on se tire. Et on se dit, pourquoi ne pas tenter les consignes, laisser nos sacs pour être plus libres de nos mouvements pour cette histoire de festival ? Alors on passe quatre heures (pas littéralement) à les chercher, on finit par trouver, je mets mon sac dans une petite et y reste de la place, je dis qu'y faut laisser tout sauf ce dont on a besoin pour dormir, punk répond qu'il lui faut toutes ses affaires pour dormir, donc ça voudrait dire utiliser une consigne juste pour mes affaires, ça me casse les couilles donc je ragequit, faut sortir de la gare tout de suite parce que la crise est vraiment pas loin. Et je comprends qu'il y aura pas de festival pour moi, pas cette fois.

Devant la gare, on erre un peu, se retrouve au milieu des panneaux de transports, à côté d'un arrêt de tram. Y en a partout, j'en peux plus je veux mourir, c'est trop. Je veux dormir. J'ai aucune idée de ce qui se passe mais je suis à bout de nerfs. On finit par partir à pied, quelques minutes de marche pour un parc au bord d'une rivière dégueu, avec une pause comme ça j'me sens un poil mieux. Suffisamment pour reprendre des transports, retourner à la gare, pour prendre un train direction nulle part. Sauf que je sais pas, entre la fatigue et le reste on se retrouve à attendre genre deux heures dans cette horrible gare, donc on s'engueule à moitié, on en peut plus. On finit par monter dans un train, descendre un peu n'importe où, se trouver un coin de forêt où dormir. Enfin on marche un moment quand même, on croise un ruisseau je mets mes pieds dedans, et on s'échoue dans un champ. Je me brosse les dents je sais pas trop comment, on a presque plus d'eau. On se dit qu'on va se lever très tôt le lendemain pour pas risquer de se faire emmerder. Et je m'endors avec la conviction que punk me déteste et est en train d'expliquer à tout le monde à quel point je suis une merde et à quel point faut pas me fréquenter. Ouais, un zeste de parano, ça fait toujours plaisir (non).

Le matin, on se lève vers 9h, ce qui dans notre vie s'appelle une grasse mat'. Les gens qui passent disent rien, nous regardent à peine. On retrouve la rivière, on se baigne et se lave à moitié (ouais on pue le punk), je manque de marcher sur une écrevisse et à l'heure actuelle je peux toujours pas dire si elle était vivante ou non, puis on grimpe dans un arbre. On reprend le train, pour aller à aldi quelques arrêts plus loin. Et puis jsp on se tire dans la forêt, on cherche le lac (on le trouvera jamais), on bouffe sous les arbres, on remplit au tel des papiers pour le chiot. On se trouve un coin de forêt, une rivière, je me baigne bien comme y faut, punk fait des trucs, à un moment y me lance des feuilles etc et j'en fais des bateaux (oui fin des pitits radeaux de fortune). Après je sors et on discute et on chante ou en tout cas on fait une liste de chansons. Bref on se passe la journée peinards au bord de l'eau, on mange et même on se couche, parce que deux nuits loin de la civilisation c'est une bonne chose. On avait besoin d'une journée de vacances dans nos vacances.

Bon alors là le problème c'est que ça part en couilles. Parce que ok on chante, ok on dit des conneries, mais surtout on meurt de moustiques. Du coup on se retrouve à se foutre un sac sur la tête. Perso c'est le sac de mon duvet, punk met un tote bag je crois. Bref, c'est pas méga confort, mais au moins on se fait pas piquer. T'as déjà essayé de respirer avec un sac sur la tête ? Essaie un peu de chanter. C'est hyper marrant hein j'dis pas, mais voilà quoi. Et pis là subitement sans prévenir y a un truc qui me pique la cuisse, mais genre le côté droit de la cuisse gauche, celui qu'est protégé par le duvet, et pis ça pique fort genre ça mord, je serre les cuisses par réflexe en hurlant et je chope une sorte d'araignée vraiment petite mais vraiment coriace manifestement, fin j'ai pas eu le temps de trop voir, vu que déjà je tente de la dégager avant qu'elle remonte entre mes cuisses genre j'suis pas fan de l'idée, et en plus elle semble vouloir fuir jsp elle disparaît instant. Hyper désagréable ça comme moment. J'veux dormir, moi.

Sauf que bon, y fait encore trop chaud pour dormir, même s'il fait nuit depuis un moment, donc j'me tire pour me re baigner un coup, et je sais plus qui mais un de nous deux dit que punk garde son tel à portée de main au cas où (bah ouais, forêt en pleine nuit, je risque de me perdre). Je suis en calbute, évidemment. Plouf, Leo dans l'eau, avec portable en mode torche. De jour, la rivière était trouble mais pas trop, de nuit je vois pas deux centimètres sous la surface et c'est verdâtre. Super joli, mais pas super rassurant. J'aime pas trop ne pas savoir où je mets les pieds, j'aime pas trop non plus le nuage de moustiques et autres bestioles autour de moi. Et je stresse à l'idée de lâcher mon portable dans la flotte, parce que même avec la torche allumée je suis pas sûr de pouvoir le retrouver là-dedans (même si j'ai déjà retrouvé les lunettes de quelqu'un qui venait de les perdre dans un lac autrement plus opaque, plus profond, plus fréquenté et plus argileux, ou des boules de piercing dans un jardin de nuit), et même s'il est genre blindé et conçu pour résister à l'eau dans une certaine mesure, je doute qu'il apprécie un séjour prolongé dans celle-ci, surtout qu'on a rien pour le faire sécher après. Bref, cette pensée m'obsède, au point de presque lâcher mon tel. Là, j'me dis c'est bon, je suis dans la flotte depuis genre une minute complète, sauf la tête, ça devrait suffire à baisser un peu la température du putain de radiateur qui me sert de corps. Je retourne vers le spot de dodo, je suis allé tout droit en descendant donc ça devrait pas être dur à remonter. Bon. Manifestement je suis pas allé si "tout droit" que ça, ou alors c'est en remontant que j'ai foiré un truc, parce que me voilà pas du tout au bon endroit. Je crie pour que punk me dise par où aller, je crie, je crie, mais pas de réponse. Parce que punk s'est endormi, son tel en silencieux, et m'a pas entendu crier. Heureusement que j'étais pas loin hein.

Le lendemain matin, re baignade, puis retour à la civilisation (hélas). On cherche un train pour euh, Leipzig, parce que c'est l'étape suivante sur notre liste et puis punk a des nouvelles de punk qui nous a trouvé un hébergement là-bas. Dans la gare, je croise un truc qui indique train pour Schwabach, je suis content, j'irai la prochaine fois. Et puis voilà, train, mais à un arrêt on doit descendre pour finir en bus, j'ai pas tout compris mais c'est en rapport avec le ticket à 9€, j'sais pas, bref c'est provisoire. L'avantage, du coup, c'est qu'on risque pas de se perdre en chemin : on a qu'à suivre une ado qu'était à côté de nous dans le train et qui doit aussi prendre le bus. Ce bus, un enfer. Température en hausse, on est 125 000 là-dedans (genre probablement une cinquantaine), bref l'horreur. Pendant UNE HEURE. On descend de là morts, et trempés. On se cale à un endroit qui nous semble repérable, pour que la personne chez qui on va aller puisse nous récupérer. Apparemment, c'est le spot des punkach, on l'a trouvé direct, y a une conscience de groupe chez les punkach écoute.

La personne nous trouve, nous rapatrie dans sa voiture, on voit un peu Leipzig et ça a l'air fort cool, et aussi y dit que genre dans les jours qui viennent y a Acidez en concert (moi j'avais compris ACDC), ce qui est fort cool, surtout pour punk qui veut les voir depuis longtemps et que la fois où y devait bah ça s'est pas passé comme prévu donc il a pas pu voir vraiment, et donc c'est super important et on se dit ok on reste là et on concert. Au total on reste trois nuits je crois, et on part le lendemain du concert, à genre 7h du mat' (ok ptet 9h mais on est rentrés après 2h du mat' et à pied et c'était loin donc ressenti : debout 5h du mat'). Bref on arrive chez lui et y a son coloc qu'a très une vibe de pote mais j'crois au total on va échanger trois phrases max avec. Et là j'me tire pour aller me laver, déjà parce que marchant pieds nus quand j'arrive chez des gens je me lave les pieds, et ensuite parce que deux nuits en forêt et deux nuits en ville et cinq jours à vadrouiller en plein cagnard, ouais là faut de l'eau chaude pour décaper un peu. Y m'a carrément fait couler un bain donc je barbote un peu puis commence à décaper, l'eau chaude ça fait du bien aussi aux douleurs.

Je sais plus trop ce qui se passe ce jour-là, pis après on dort, et après c'est demain, et demain c'est le jour du lac. D'abord petit dej, ce qui est fort cool y a plein de choses différentes et j'aime manger salé le matin. On passe au Rewe Markt pour acheter à boire et des glaçons à mettre dans la glacière (acheter des glaçons c'est vraiment une coutume étrange, genre frère prends un pain de glace c'est fait pour ça), y a pleiiiiin de punks partout mais j'ose pas aller dans le magasin parce que la vie, et parce que aussi ça fait du bien d'être un peu tout seul, même en ville et en plein cagnard, ça va j'ai ma super casquette. Je mets de l'huile solaire (ah oui à Karlsruhe y a punk (pas punk punk, mais une des punks) qui m'a demandé si j'avais de la crème solaire parce que j'étais en train d'attraper un coup d'soleil un coup d'a... euh non juste de soleil du coup, et j'ai pas de crème parce que la crème solaire est un enfer, déjà l'odeur la texture genre la sensation sur les mains et sur le corps bref je supporte pas, donc dans la vie en général j'attends de cramer pour après cramer un peu moins, voilà, et cette année j'ai décidé de tester l'huile solaire que c'est pas forcément de l'autobronzant j'ai découvert, et ça marche plutôt bien, je kiffe pas plus que ça la sensation mais au moins c'est supportable, et du coup bref pendant tout le séjour j'ai essayé d'en utiliser), je mate discrètement les punks qui passent ou qui traînent, j'aime bien. Pis les autres reviennent, on part au lac, on marche dans une forêt pour y accéder, on voit des chevaux, et pis pouf lac !

C'est grand c'est beau et heureusement on est loin de la plage où y a des normies en pagaille entassé-es, nan nous on est dans un trou de verdure entouré d'autres trous et genre oui y a du monde mais les voisin-es sont à plusieurs mètres de nous et caché-es par des arbres quoi. Bref je file dans l'eau, fin on file dans l'eau, et là tu veux que je te raconte quoi ? Y a de l'eau, y a un Leo, y a un Leo dans l'eau, la vie quoi. Les autres sortent alors je les suis, puis j'y retourne, pis je les rejoins, j'y retourne, je rejoins, on y retourne, on repart, j'y retourne, bref, et pis même je bois du jus de fruits. Puis il commence à se faire tard, on s'en va, sur le chemin je croise une capsule mais elle est vachement enfoncée dans la terre dure alors je creuse avec un bâton parce qu'elle est cool c'est une étoile argentée sur fond rouge j'aime bien. Quand j'achève ma besogne, les autres sont plus loin parce que forcément à m'arrêter d'un coup z'ont failli me perdre. Et la journée du lendemain c'est exactement la même en fait, à part qu'après le lac on va pas manger un kebab mais un burrito végé et c'est super bon je comprends pas genre à quel moment un chou-fleur peut être bon ??? Genre avoir du goût déjà, et en plus un goût bon ??? Après ça on rentre pour se préparer pour le concert, on y va à quatre en bus, il fait super méga chaud je veux mourir, c'est long en plus. Pis on arrive à un tas de punks et on s'y colle parce que notre hôte les connaît, le concert est dans genre deux heures je crois, on prend à boire et pis il nous file des capsules comme la rouge mais en drapeau gay à la place et c'est joli. Un être humain en face de moi tente de communiquer, j'ai beaucoup de mal à entendre, il me demande qui je suis alors je réponds qu'on est avec le grand qu'est debout là, y répète sa question pis il la dit en Anglais aussi et je comprends pas pourquoi ma réponse le satisfait pas, mais banane parce qu'il voulait savoir ton PRENOM. J'ai oublié le sien d'ailleurs, bon pas grave toute façon je l'ai jamais revu, mais bref les punks allemands ça fait moins peur que les gens en France mais ça fait peur quand même un peu tu sais.

Et pis après, concert. Alors faut préciser, c'est un bar punk (ptet squat j'ai pas tout suivi) pas très grand et c'est un concert à 6€, donc ça va être bien. L'inconvénient majeur, c'est que les gens fument à l'intérieur, donc forcément je passe ma soirée à mourir mais c'est pas grave. On a droit à un joli tampon à l'entrée, pis punk va au stand de merch' pour prendre des patchs, le batteur (je crois ?) d'Acidez nous entend parler au gars du stand et dire qu'on est français, du coup il nous parle Français aussi et propose à punk qui voulait un vinyle (mais mdlol on prend pas un vinyle quand on est en road trip sac à dos) de le filer à sa femme française pour qu'elle lui envoie après, mais finalement punk a pas pris cette option le vinyle attendra. Le concert commence par un groupe dont j'ai aucune idée du nom ni de rien, ça fait mal aux oreilles parce que j'ai ni casque ni écouteurs ni rien et la résonance de la pièce jsp, du coup j'utilise ma chemise. Oui parce que j'ai des bouchons d'oreilles cousus sur le col de ma chemise depuis des années, et je t'avoue qu'à ce stade je suis plus très regardant. En vrai j'me souviens plus trop, je sais qu'à un moment notre hôte me file des bouchons d'oreilles, à la fin du premier groupe on sort un peu pour prendre l'air, aussi avant le début du concert on est allés chanter un peu sous un lampadaire parce que sinon j'allais mourir, pis bref on re rentre j'me cale contre une fenêtre (fermée, hélas) et punk file au milieu du pogo et s'éclate. C'est super cool et super épuisant, je finis par m'asseoir sur le rebord de la scène pour me reposer, oui c'est le seul endroit où je peux m'asseoir, devant les enceintes et le cul dans des substances non identifiées, ça vibre, heureusement que j'ai les bouchons. Ah oui si quand même, élément notable que j'ai oublié : le chanteur avait perdu sa voix, donc il a pas pu chanter (pas du tout, je crois, mais en même temps j'connais ni sa tête ni sa voix ni le groupe ni les chansons), du coup les membres du groupe ont demandé à des gens du public de le remplacer, y a plusieurs personnes qui se sont relayées, c'était très fun.

Le concert s'achève, les fenêtres s'ouvrent, on se cale dessus pour reprendre notre souffle. J'enlève les bouchons d'oreilles parce que quand même je supporte très très mal les trucs comme ça, les écouteurs aussi d'ailleurs, en plus ça tient pas dans mes oreilles, sauf que bon j'ai pas trop le choix des fois. Ah oui aussi on a une bouteille d'ice tea et chaque fois que punk revenait vers moi pour s'arrêter de pogoter quelques minutes je lui en faisais boire un peu, parce que l'hydratation c'est important (eh j'me suis fait complètement hypnotiser hein regarde-moi ça j'encourage les gens à s'hydrater c'est n'importe quoi JE DETESTE M'HUDRATER). Bref on boit sur la fenêtre, on meurt un peu, et là y a un gars qui vient nous parler en Anglais avec un accent à couper au couteau, il précise dans sa phrase qu'il est français, il essaie de continuer sa phrase mais il galère, et on lui dit frère c'est pas la peine on est français aussi t'embête pas. Il nous regarde kécho "genre vous êtes français c'est vrai oh putain" tout ça, on se marre à trois, pis y a son pote qu'arrive pour demander la même chose (un truc à fumer) en Anglais avec le même accent français, le premier lui dit nan mais arrête y sont français aussi, et bam on se marre à quatre. En vrai ça fait bizarre d'entendre quelqu'un parler Français, genre vraiment Français, et qu'est ni punk ni moi, mais ça fait plaiz de croiser des français c'est rigolo, du coup on discute un moment ensemble. On se retrouve même vautrés tous les quatre en travers de la rue devant le bar, on dit qu'on est là parce qu'on profite du ticket à 9€, ils nous expliquent qu'ils savaient pas pour le ticket, qu'ils avaient prévu de taper le stop dans toute l'Allemagne, qu'ils dorment dehors sauf ce soir ils ont pris une chambre pour se reposer un peu, qu'ils arrivent de Berlin là, pareil que nous ils savaient pas pour le concert ils sont tombés dessus par hasard, on demande depuis combien de temps ils fréquentent le milieu punk, le deuxième j'ai pas trop retenu sa réponse mais le premier il est né dedans comme moi c'est rigolo. Je sais pas trop comment expliquer mais il a une vibe douce.

On prend le chemin du retour à pied à quatre (alors, pas avec les deux français qu'on vient de rencontrer, mais avec notre hôte et sa pote, qu'est cool mais qui parle ni Français ni Anglais donc on a pas beaucoup discuté avec elle, moi à ce stade du voyage j'en suis encore à fermer ma gueule et paniquer même si je comprends ce qu'on me dit, enfin je comprends en partie seulement genre faut pas déconner frère en France déjà je pige pas la moitié de ce qu'on me dit donc c'est pas mieux en Allemand qu'en Français t'sais, bref). C'est long, c'est méga long, on est dans l'épuisement total, je peux pas te raconter grand-chose parce que j'étais pas très là. Juste, à un moment, y a une conversation, et j'entends un bruit d'eau, alors je cherche à localiser l'eau parce que j'aime aller dedans, c'est des arroseurs automatiques de l'autre côté de la rue, alors je traverse en random total (il est genre 2h du mat' y a pas de voitures même sur cet immense boulevard) et en courant, je me mets dans les jets d'eau, c'est cool, ça coule. Et pis je retraverse en courant n'importe comment, j'arrive au niveau des autres (vont commencer à avoir l'habitude que j'me tire pour revenir deux minutes après mes conneries), et là y disent que pile au moment où j'me suis évaporé, z'expliquaient à punk qu'on était devant un HP, grand modèle. Youpi tralala, je choisis bien mes endroits pour être stupide moi. Après on finit par arriver à un parc, on fait une pause, ce qui est une très mauvaise idée pour moi parce que quand je suis dans cet état faut pas que je m'arrête sinon les chances pour que je sois capable de repartir diminuent de plus en plus et pis sans déconner on part tôt demain matin faut se grouiller pour qu'on puisse dormir un peu, en plus il reste genre dix minutes de marche, mais bref pause. Pis on repart, on arrive en bas de l'appart, et là jsp notre hôte reste devant la porte à discuter au lieu d'ouvrir et de monter, mes jambes me portent plus va falloir me porter dans l'escalier je veux mourir. Bef on finit par arriver en haut, je passe sous la douche pour me rincer, j'me brosse les dents, et dodo.

Vendredi matin, j'me réveille et me lève à peu près en sursaut, mais en fait c'est parce que le réveil a sonné, tout va bien il est donc l'heure mais on est pas en retard. On se prépare, heureusement qu'on a à peu près bouclé nos sacs hier soir avant le concert, et puis voilà on part. Devant la gare on est en avance il pleut on se cale viteuf dans le parc en face, puis la gare, le train, et Berlin. Oui, ça y est, on a réussi : on est à Berlin. Mon prof d'Allemand du collège serait fier de moi (nan j'déconne j'en ai aucune idée mais perso j'pense à lui en arrivant à Berlin). On pensait descendre à la Hauptbahnhof à la base, d'ailleurs les punks de Karlsruhe avaient peur pour moi à cause de ça parce que pieds nus tu sais, mais au final on s'arrête avant, me souviens plus du nom de la gare mais t'façon y en a 150 dans cette ville c'est terrifiant. Bref il se met à pleuvoir encore, on a faim alors on cherche un endroit où manger, mais là on est quand même en plein milieu de la capitale donc tout est méga cher, et on est en début d'aprem ou un truc comme ça bref tout est en train de fermer faut qu'on se grouille, alors on traverse la moitié de la ville (pas de cette ville, mais d'une ville, genre on marche super longtemps mais vu que c'est immense bah genre en distance on a bien traversé l'équivalent d'une ville mais ici on a juste jsp changé de quartier un truc comme ça), à pied, on passe pas loin de la Brandenburger Tor (punk me prend en photo devant, ah oui parce que du coup on passe dessous après) et au milieu du Mémorial de l'Holocauste, et puis on arrive dans une rue blindée de restos, mais manger c'est compliqué et les restos ça l'est encore plus donc pour en trouver un dans lequel je peux manger bon courage. On croise des piafs, des capsules, des arbres. Pis on finit par atterrir devant une petite pizzeria, on y mange et c'est super bon, y a un grand groupe de touristes qui s'arrête pis qui repart, on passe aux chiottes et on remplit nos gourdes, on finit pas nos pizzas donc le gars nous les emballe dans une boîte. Après ça on passe à Check Point Charlie, on prend un métro, on va dans un parc, y a une grosse rivière dégueu j'me cale les pieds dedans un moment pour faire redescendre un peu la température, bon en plein soleil c'est pas très efficace mais osef. Y a plein de cygnes aussi, et un tuyau qui envoie de l'eau gelée.

Après on s'enfonce dans la ville pour chercher des tatouages. Parce que chacun de son côté on a eu l'idée de "eh mais attends et si on s'faisait tatouer à Berlin" et à un moment donné on a fini par mettre l'idée en commun et se rendre compte qu'on avait la même. Ok pour être honnête ma pensée c'était surtout "si j'me fais tatouer à Berlin, j'me dessine quoi sur la peau". Sauf que bon forcément on trouve pas, parce que plus personne ne fait du [je sais plus comment ça s'appelle mais un truc genre "entre et encre" en Anglais], fin quasiment plus personne, et nous on connaît pas on a pas les adresses. Les aléas de la vie quand on prépare pas son voyage. Le truc c'est que Berlin sans préparation ni plan ni quelqu'un qui connaît pour accompagner, bah c'est pas génial. Genre oui y aurait plein de trucs intéressants à faire, d'endroits où aller, mais justement trop, on sait pas où, on sait pas quoi, on sait pas comment. Du coup après quelques galères de métro (funiculaire ?), on s'échoue dans un parc avec une fontaine, je laisse mes pieds traîner dedans. Et là au fil de la conversation et de l'épuisement, on se dit que dormir ici c'est ptet pas la meilleure idée, genre c'est Berlin à un moment niveau overwhelming ça se place là, est-ce qu'on veut vraiment y pioncer ? Alors on reprend un train en direction de Karlsruhe, fin direction Leipzig techniquement je suppose parce que genre pour retourner à Karlsruhe on a 13h de route (ou 11 ? jsp) et 125 000 changements (environ) dont Leipzig Nürnberg et Stuttgart, donc commencer ce soir et dormir dans un trou perdu ça semble être un bon plan. Bref train, passage aux chiottes de la gare avant et bordel ça c'était très nul, et pis on arrive dans un trou paumé et on descend. Bon le problème c'est qu'avec mon état de fatigue bah je fais n'importe quoi je peux plus inhiber mes trucs et mon moi et tout, du coup je parle super fort et je fais de grands gestes et je manque d'éborgner quelqu'un qui passait juste par là déso, bref je suis insupportable et j'y peux absolument rien. On traverse un pont, on prend un chemin chelou, on se cale sous les arbres pas loin de la voie ferrée, mais honnêtement le passage des trains ce sera pas pire que le reste. J'ai encore une montée de parano mais bon faut dormir.

Matin. Debout. On va devoir passer la journée dans le train ça va être un enfer. On retourne à la gare, on mange nos restes de pizza sur le quai et on finit la bouteille de jus de fruits achetée la veille à Berlin, y a un vieux type pieds nus qui passe, train(s), changement(s), jsp, et pis une pause plus longue à Nürnberg (hélas). On se cale dans un parc, on mange des muffins (j'ai aucune idée d'où on les sort parce que dans ma tête la dernière fois qu'on en a acheté c'était juste avant d'aller à Leipzig, ou peut-être même la veille, mais on a dû passer dans un aldi à un moment entre Berlin et Nürnberg jsp je comprends pas, bon Leo c'est juste des muffins dont la provenance ne te revient pas c'est pas grave), et pis on retourne vers la gare (souffrance), re train(s) changement(s) puis Stuttgart. Tiens c'est bizarre, c'est là la longue pause ? Mais on a eu combien de longues pauses ? Bon bref, on trouve un endroit où manger, y a encore pas de chiottes décidément on a la poisse pis genre j'ai envie de chier et ça devient urgent (retiens ça, ou pas d'ailleurs), je prends un muffin (encore), et je sais pas attends c'est pas logique je l'ai gardé combien de temps dans la main ce putain de muffin parce que je l'ai mangé en arrivant à Karlsruhe donc est-ce que je l'avais sur les DEUX bancs ??? Bon j'en sais rien, à un moment on se cale sur un banc dans un couloir de la gare, le couloir où y avait plein de queers l'autre nuit, punk passe un coup de fil, et après on se cale sur un autre banc dans la même gare (enfin je crois, ou alors ce deuxième banc est en fait le premier et pas à Stuttgart mais ce serait bizarre parce que c'est la seule gare qui ressemble à ça, bref, vraiment je vrille encore pour un putain de muffin) dans un couloir moins passant (non sans dec c'est pas possible ce banc ça devait être avant parce que le coup de fil c'était juste avant de remonter dans le train, je le sais parce que je m'inquiétais de l'heure, donc je suppose qu'on a mangé, qu'on s'est calés dans le couloir peu fréquenté, qu'on a re bougé pour une raison qui m'échappe, puis qu'on est revenus au couloir de l'autre soir, bref, j'ai trimballé mon muffin partout). Après ça, on monte dans le train pour Karlsruhe, et jsp c'est le rush le train est blindax, le truc c'est que je peux clairement pas rester debout même avec mon sac posé par terre pis je peux pas m'asseoir dessus vu qu'il y a des trucs fragiles dans la poche du haut et que le portable de punk est en train de charger à moitié sous ledit sac. Un enfer, donc. En plus punk en s'appuyant sur la porte appuie sur le bouton qui demande la passerelle pour les fauteuils roulants et du coup ça fait des bips et de la lumière, bon l'avantage c'est que comme c'est pas la porte côté quai bah quand le train fait des arrêts elle s'ouvre pas. Y a une gamine debout à côté de nous qui parle mieux Allemand que moi, ce qui me dépite alors que bon c'est logique c'est manifestement sa langue maternelle mais bordel je parlais mieux Allemand avant.

Arrivée à Karlsruhe. Quelques minutes avant, punk lit un message qui dit que les punks nous attendent sur le quai, alors qu'on croyait qu'iels arriveraient tard parce que y en a qui bossent ou des trucs comme ça. Du coup c'est chouette. Et donc, le train entre en gare, j'ai toujours mon muffin à la main, et tu m'connais j'suis un abruti. Donc quand je descends sur le quai, je vois punkpunk un peu plus loin et je COURS. Je manque de rentrer dans des inconnu-es, donc je freine, attends deux secondes, et RE COURS. Et pis après ça fait BONK et BOUM et PAF parce que euh bah on s'dit bonjour quoi ? Sauf que j'ai qu'une main pour le prendre dans mes bras et mon sac est encombrant et je sais pas par quel miracle on finit pas par terre. Pis après je capte que les deux personnes derrière, y en a une qu'on connaît pô, c'est un nouveau punk. Bref on descend du quai, on attend quelques minutes dans la gare je sais plus pourquoi, on dit qu'on doit passer au supermarché pour acheter d'la bouffe pour ce soir et demain matin et le train, et aussi d'la bouffe vegan pour les punks du Havre chez qui je vais après, alors punkcheveux nous file un paquet de bonbons vegan qui traînait dans son sac puis on part au magasin. Punkpunk et nouveau punk s'asseyent, nous on entre à trois, et sauf que le vigile est pas d'accord avec mes pieds (seule fois de tout le voyage où ça a posé problème), du coup j'dis à punk ce dont j'ai besoin et je ressors pour me poser avec les autres. Ah oui pour aller au magasin on a pris un bus ou un tram (nan vraiment je peux pas différencier parce que ça demanderait d'avoir des yeux et de les utiliser), et dedans j'ai expliqué à punkcheveux que j'ai des soucis de processus auditif, genre en soi j'entends bien mais je pige pas ce qu'on me dit, et du coup j'ai souvent besoin qu'on me répète les choses plus lentement, et je précise aussi que l'Allemand c'est plus simple pour moi et que donc me répéter les choses en Anglais ça aide pas forcément, genre je comprends pas moins en soi sauf que bah c'est plus les mêmes mots donc ça me perd, comme quand en Français les gens au lieu de répéter expliquent ou reformulent, ça veut pas dire que je peux pas comprendre mais ça complique le processus. Et là devant le magasin, j'explique tout pareil à punkpunk, et lui y fait sonner sa sonnette pasque maintenant y a une sonnette sur son bâton qui fait la manche ! C'est trop rigolo ! Sauf que quand on marche dans la rue et qu'il la fait sonner bah à chaque fois je crois être en train de gêner le passage pour un vélo, oui même en plein milieu de la gare.

Et là jsp y a une pote à lui qui passe, avec un bébé dans une poussette (j'ai pas trop compris si c'était le sien ou celui de son mec ou jsp un bébé qu'elle garde), et iels se mettent à discuter, ce qui en soi n'est pas un problème, par contre me faire fixer par le bébé dans sa poussette, un peu plus. Parce que tu sais j'ai peur des gosses et des bébés, j'ai peur de les casser sans faire exprès ou de les faire pleurer juste en les regardant, j'ai peur de me faire engueuler par leurs parents ou leurs adultes. Donc là je suis par terre à ressembler à moi, ce qui je le sais grâce à mes neveux a tendance à intéresser les bébés parce que y a plein de breloques en vrac sur moi et des trucs qui font gling et des couleurs et même souvent des peluches, et ce bébé me fixe, et du coup je sais pas quoi faire, et pis en plus c'est terrible parce que nouveau punk non seulement il est de l'autre côté de punkpunk donc je pourrais pas discuter avec si je voulais mais en plus j'le connais pas donc je peux pas discuter avec et pis il parle hyper vite donc je pige rien à ce qu'il raconte de toute façon (et pis j'sais pas quand on attendait le tram / bus / whatever il a dit des trucs pendant que je me changeais et ça m'a laissé une impression bizarre, c'est pas à moi qu'il parlait et j'ai saisi que quelques mots donc j'ai rien dit mais quand même j'en ai saisi suffisamment pour savoir que euh bof), et punkpunk bah je pourrais discuter avec dans le sens où y me fait pas peur sauf que bah sa bouche est d'jà occupée à papoter avec un être humain qui semble extrêmement normal et qui est en plus accompagné d'un bébé. Donc j'ai pas d'activité donc je me contente de paniquer en fixant ce bébé qui me fixe. Je me souviens subitement que j'ai besoin de barres de céréales pour le trajet de demain, donc j'appelle punk, sauf que comme on est en Allemagne l'identifiant est pas le bon, donc je galère un peu, puis j'appelle, ça décroche pas, puis je rappelle, ça décroche pas. Là-dessus punk et punkcheveux sortent du magasin, je parle à punk des barres, y retourne en chercher parce que c'est vraiment important fin genre c'est pour éviter de me taper un malaise dans un train ou pendant le changement que je vais devoir faire seul à Paris, bref c'est un petit peu une question de survie. Du coup je demande à punkcheveux ce que je dois faire par rapport au bébé qui me fixe, je sais plus mais genre sa réponse c'est quelque chose comme fais-lui un sourire ou existe ou jsp, et donc je reste dans ma panique parce que c'est un peu tout ce que je sais faire. Quand punk ressort du magasin, on se dirige vers le parc de l'autre nuit, et là waow c'est pour ça que ça s'appelle le parc du château, y a un putain de château. Bon en vrai j'crois que ça on a capté en se levant l'autre matin, mais bref. L'échiquier est occupé, par des gens et des pièces d'échecs, donc on se pose ailleurs pas loin, sous un arbre. Oui sous un arbre dans un parc oui je sais y en a partout ta gueule. Forcément comme on est cons on file grimper dedans, c'est marrant mais très résineux.

Après on redescend, et on parle du punk, et punkcheveux commence à raconter son arrivée dans le punk et donc d'abord dans le rock, à savoir : La Guerre des Clans. Fantastique ! Sauf que pendant l'explication, y a punkpunk qui trifouille des feuilles et des bâtons, ah oui moi j'ai agencé plein de pôtits bâtons pour faire un feu fin genre on va pas faire de feu évidemment mais ils sont positionnés, et bref y trifouille dans des trucs et je sais pas y grave nos initiales (quatre initiales même si on est cinq parce que bah nouveau punk c'est un SDF rencontré juste avant de nous récupérer et il est plus vieux que nous et genre c'est un adulte un peu et genre il est pas dans la même vibe que nous donc le contact est différent) pis y plante le bâton dans la terre, et on s'amuse à y coller des feuilles, et c'est comme ça qu'on a fabriqué un arbre. Mais du coup on est là à bidouiller de strucs et rigoler, alors que punkcheveux raconte des trucs importants et s'adresse en partie à punkpunk, bref notre manque de concentration à deux balles là. On se remet à écouter (vraiment des gosses jpp, ou des chiens), et j'ai aucune idée de ce qui se passe après. Pis à un moment on met du punk, punk et punkpunk se lèvent pour faire un pogo à deux pendant qu'on les regarde (et les filme, je crois ?), et pis plus tard y a tipunk qui nous rejoint et on mange des tomates, et pis aussi je m'enfuis dans un arbre pour chanter, pis punkpunk m'emmène à la fontaine et y est pieds nus et du coup on va pas trop vite parce que bon ça peut être douloureux les graviers je comprends, je lui dis que la technique pour pas avoir mal c'est d'y aller naturellement, de pas prendre de précautions pour poser le pied (non j'crois ça c'est ce que je comptais dire au départ mais j'ai oublié) et genre aller ni hyper lentement ni très vite, juste moyen. Eau, pieds, lançage d'eau parce qu'on est stupides, puis retour vers nos punks en chantant une chanson ensemble bras dessus bras dessous. Pardon, en braillant.

Là je sais plus trop ce qui se passe non plus, mais des trucs, nouveau punk s'en va, j'me brosse les dents dans un buisson, et pis on finit par aller se caler sur l'échiquier, enfin juste à côté parce que les dalles font mal au dos donc on se fout autour sur la terre et on met la couverture de survie, je pose mes affaires dessus en essayant de pas prendre trop de place mais genre je détermine mon emplacement, je me concentre fort fort sur mon panda parce que je commence à perdre pied et j'ai un peu la flemme de partir en crise là tout de suite. Sauf que d'un coup y a punk qui décale toutes mes affaires et met les siennes à la place, je sais pas pourquoi je comprends pas mais du coup quand je tente de communiquer sur le fait que non, bah ça sort n'importe comment, et je finis par remettre mes affaires et me tirer. Je peux pas partir loin vu que je risque de me perdre et qu'on est en Allemagne et en plus je suis même pas sûr d'avoir mon téléphone à cet instant, donc je suis juste à genre vingt mètres ou dix jsp et derrière une ou deux rangées d'arbres, je vois les punks mais y me voient pas (je le sais parce qu'à un moment entre deux phrases murmurées à moi-même j'entends quelqu'un demander où je suis, comme quand j'étais perché dans l'arbre). Donc je tente de rester à l'intérieur de mon corps et de retrouver ma tête, je répète que tout va bien, bref je fais des trucs, peut-être j'ai la tête dans mon panda je sais pas. Pis je finis par y retourner, tout le monde s'allonge, et on dort.

En fait non. Parce que déjà trouver le sommeil dans la vie c'est compliqué, dehors même entre deux punks ça reste en pleine ville, et comme il est pas aussi tard que la semaine dernière bah y a encore plein de gens et de musique. Et là d'un coup y a des gars qui passent à côté de nous en parlant très fort et y nous regardent et j'crois y nous mettent même la torche des téléphones dans la gueule, ce qui est loin d'être fantastique, et quand punkpunk leur dit de décaler pour nous laisser pioncer ils... se posent sur les bancs à genre deux mètres de nous. Je dois encore contrôler la crise qui monte, l'angoisse, la parano, tout. Du coup je tremble un peu, je parle tout seul, et punkpunk vient m'aider à respirer. Y demande si je veux qu'il dise aux inconnus de partir, mais ça c'est terrifiant parce que ça leur donnera une conscience plus intense de notre existence, forcément je trouve pas ces mots-là en Allemand je suis à peine capable d'ânonner trois mots quelle que soit la langue, mais bref on arrive à se comprendre et pis finalement ils se barrent donc je peux commencer à survivre. Du coup là après on dort.

Pendant la nuit je me réveille plusieurs fois mais ça c'est normal, mais alors le matin j'me réveille pour cause de course d'écureuils dans les arbres et ça c'est beau. Y a aussi des corbeaux tout plein tout plein, mais pas de vieille personne sur un vélo qui nous regarde dormir, ce qui est positif. Pis punkcheveux dort pas, évidemment, et m'explique avec surtout des gestes pour pas réveiller les autres que bah dormir avec la tête dans les ronflements de punkpunk c'est pas facile, on tente des trucs pour qu'y ronfle moins mais ça marche pas, et on finit par carrément le déplacer pour que punkcheveux puisse être à nouveau sur la couverture de survie, ce qui signifie : j'y prends ses jambes pour les bouger, punk bouge le reste, on tire, on pousse, pis on s'arrête parce que ça a fort peu marché mais suffisamment pour libérer un peu de place. Pendant tout ça, punkpunk a même pas fait mine d'arrêter de ronfler, et encore moins d'ouvrir les yeux, y a même pas protesté dans son sommeil. Une vraie souche. On discute plus ou moins, on rigole un peu, et je sais pas je suppose qu'à un moment donné punk se réveille et manifeste sa présence, du coup on discute à trois et on regarde les écureuils et les oiseaux, et pis en fait punk a super froid parce que pendant la nuit manifestement on est trois à avoir effectué un décalage vers notre gauche, du coup punk n'a plus son radiateur portatif (aka : moi), donc pouf on bouge pour bam mon dos contre son dos ou un truc comme ça, ce qui suffit à lui couper le froid. Y a aussi tipunk qui se réveille, elle dormait un peu à l'écart de nous, et voilà jsp on discute à quatre je suppose, je sais plus trop. Toujours est-il qu'un peu plus tard y a punkpunk qui nous dit qu'on cause un peu fort juste au-dessus de sa tronche quand même, pis après voilà poum tout le monde est réveillé on dit des trucs on fait des trucs j'en sais rien. Tipunk va s'asseoir sur le banc, punkpunk rampe en duvet c'est marrant c'est une chenille, et moi je vais me renverser sur le banc tête en bas. On grignote des trucs en préparant nos sacs, je range mon duvet et le file à punk qui rentre à Lyon alors que moi je vais au Havre et que je compte pas dormir dehors donc pas besoin de duvet. Ah oui tiens hier soir au moment d'aller se caler sur l'échiquier punkpunk a demandé d'un air tout triste si j'avais écrasé notre arbre mais nan je l'avais rangé dans mon sac et du coup là en rangeant mes affaires bah pouf arbre et pis aussi y a des plumes partout je sais pas pourquoi ça fait quelques jours que je me re tape une collection de plumes.

On part, direction la gare. Pour le train de punk. Pis nous voilà sur le quai, à se dire au revoir, moi ça va parce que je monte pas dans le train donc j'ai encore du temps avec les punks et pis punk j'le revois dans genre une semaine ou deux, tranquille. Mais les autres bah faut dire au revoir à punk et faut punk dire au revoir aux punks et donc c'est triste et tout le monde se câline et aaa. Et pis punk monte dans son train, qui part pas tout de suite mais que ce serait con de le louper, et là bon on pourrait rester sur le quai à lui faire coucou mais faut vraiment que j'aille aux chiottes. Du coup on descend du quai et je vais chier et remplir ma gourde. Pis on reste un peu dans la gare, et pis après on va s'asseoir devant, et là il se passe plein de trucs ! Genre on écoute du punk, y parlent et tout, et même j'arrive à parler et à raconter des trucs, j'crois c'est là que je raconte la fois où un écureuil est descendu d'un arbre en rebondissant sur ma tête, et pis je dis que mon Allemand il est très très cassé et mon prof il aurait honte et je suis très nul et tout, pis y me rassurent en disant que genre ça va j'me fais comprendre. Y m'ont ramené un jus de fruits, en plus, ça veut dire peut-être y me détestent pas. Pis à un moment Tipunk s'en va. Et il n'en resta plus que trois. Là on écoute encore des trucs, même y a punk qui met du Heilung, et je connais parce que Rythiel, et pis je leur fais écouter les Ramoneurs de Menhirs, les Sales Maj, et d'autres trucs mais j'me souviens pas trop. Y a aussi je sais pas on danse comme des cons et à un moment j'ai aucune idée de comment pourquoi qu'est-ce que quoi, toujours est-il qu'à force de faire les cons j'me retrouve sur le dos de punk, et pour pas tomber je tente de m'accrocher, sauf que bah je m'accroche comme je peux et genre je chope sa cuisse ce qui est logique en soi sauf que pour assurer ma prise je bouge et là j'me dis merde je suis en train de remonter ma main sur sa cuisse c'est très étrange et surtout c'est très pas du tout ce que j'essaie de faire et c'est gênant même si je suis pas encore "trop" haut sur la cuisse toujours est-il que ça se passe en une fraction de seconde dans ma tête hein et donc paf je redescends ma main vers le genou en espérant ne pas avoir été trop awkward. Y a aussi le moment où on fait de la danse bretonne, le moment où punk envoie un message à son père pour lui demander s'il connaît les Ramos, le moment où je lèche mon coude, le moment où je fais le koala sur punk, le moment où y me demande si je connais Tri Yann BIEN SÛR que je connais donc y m'en chante, me raconte qu'y les a vus en concert, et aussi y a la fabrication d'un pose-gobelets à partir d'un morceau de grillage.

Le soleil commence à taper sévère, du coup on part se caler dans un parc juste à côté, dans l'herbe sous un arbre. On bavarde, je m'allonge, on s'amuse avec des Zungenbrecher c'est ultra fun mais on galère (oui pas que moi), du coup j'leur en sors en Français et là j'galère beaucoup moins, parce que c'est des sur lesquels je m'entraînais beaucoup étant gosse ça m'amusait vachement et donc ça va, mais ceux que je connais pas par coeur bah si j'ai pas le texte sous les yeux je peux pas. En vrai j'me débrouille pas si mal pour la prononciation en Allemand, ça aurait pu être pire. Pis là on se met à chanter j'pense, je vais virer salement émotif dans environ trois secondes à raconter ça. Parce que j'ai chanté, vraiment. Ok, pas avec le coffre que j'avais, pas de toutes mes forces, et clairement pas bien, mais j'ai lâché des trucs que ça m'était pas arrivé depuis un bail, et encore moins en public. En plus là c'est pas juste "en public" de type "devant quelques potes", mais dans un lieu public avec des gens autour. Alors ouais, ma gorge était tellement nouée que c'était même plus du tremblement, que les cathédrales sont restées coincées à faire un son atrocement faux, que en plus j'crois j'ai été assez stupide pour les chanter avec la vidéo youtube à côté alors que j'ai jamais su le faire en même temps que la vidéo parce que j'ai pas le même rythme et j'ai appris pendant genre dix ans a capella avant de découvrir la vidéo et bref voilà j'ai toujours fait a capella, mais n'empêche, j'ai chanté, j'ai chanté pour de bon, et j'ai chanté les cathédrales. J'ai cru mourir en entendant ce son discordant, ce truc que normalement je maîtrise à peu près mais qui des fois foire si je stresse trop, et je me suis senti horriblement nul, horriblement diminué, et horriblement ridicule. Mais je l'ai fait, et punk dit que ça lui a filé des frissons, et pas des frissons de dégoût a priori. J'explique à quel point j'me sens nul, à quel point je sais plus faire ce que je faisais avant genre même quand j'avais quatre ans je faisais mieux que ça, et punk écoute et tente de me rassurer. Tu me connais, ça marche pas le rassurage, mais essayer c'est déjà bien. Je suis au bord des larmes je crois. Et puis on chante encore, aussi on chante ensemble, punk chante un truc aussi et avec tous ses efforts, je lui fais chanter avec moi une autre chanson, y m'en fait chanter une avec, bref on chante. J'en refais une aussi, pour lui montrer les vibrations. Je peux pas te raconter les vibrations, parce que ça vibre, je peux juste te dire que c'est bien, confortable.

Les deux punks disparaissent un instant pour discuter, je suis baby-sitté par le téléphone donc je musique, et pis pendant Céline y a punk qui surgit derrière moi et qui câlin, alors je me lève et y peut pas s'enfuir et donc je l'ai sur mon dos et je marche en chantant et c'est rigolo. C'est peut-être juste après ça que punk dit à punk "mais attends c'est ce petit bout de truc qui nous a porté-es sur son dos omg" (approximativement). Ah oui à ce stade je suis en panique parce que mon train commence à être dans moins d'une heure c'est pour ça que je lâche ni le tel (qu'est pas le mien, qui confie son tel à un Leo bordel de merde) ni la musique. Panique, donc. On retourne vers la gare (punk me propose sa main pour que je meure pas trop, je m'y agrippe mais de la main droite donc doucement), histoire que je panique sur place, pour varier les plaisirs, et juste avant d'y entrer punk me propose son numéro et genre oui, mais je panique parce que je sais pas comment on dit "indicatif" en Allemand, et du coup y croit que je veux pas son num alors que si, mais finalement on arrive à se faire comprendre et on échange nos numéros. Gare, donc, on monte sur le quai, je tente de ne pas détruire mon billet dans ma panique donc je le laisse majoritairement dans ma poche, on se pose loin des gens presque au bout du quai. Là je tremble de partout, punk me prend dans ses bras, je tends ma main vers punk qui la prend, on existe à trois.

Le train sera là bientôt, on se lève pour être au bon endroit, on traverse la foule, le train arrive, j'ai peur et j'ai pas envie de partir, tout est flou, j'ai tellement de choses à dire et si peu de mots. Et puis câlins, et puis vérification de billet, et puis re câlins, et puis punk me parle à l'oreille, et puis punk me tend l'élastique de mon masque qui pendouille parce que j'ai accroché un des côtés à mon oreille et pas le deuxième côté. Punk m'emmène à la porte du train, me tient la main, et je monte. La porte se ferme, je leur fais coucou devant la vitre, je les vois sourire mais y peuvent pas voir mon sourire (qui tremble) vu que j'ai mon masque, je me penche un instant pour prendre mon mp3 et mettre mes écouteurs, et quand je relève la tête je vois punk en train de courir le sourire aux lèvres qui me fait coucou et tout, y court à côté du train qui s'est mis en marche j'adore comment on a les mêmes idées de merde tous les punks sont des abrutis.

Voilà, l'Allemagne c'est fini, au revoir et à la prochaine fois.


J'ai réussi ma vie ça y est : je suis allé en Allemagne sans l'école et j'ai rencontré des punks allemands et je leur ai même parlé en Allemand.


J'ai pas le courage de raconter la semaine et demie au Havre parce que ma mémoire bon voilà, mais voici quelques éléments amusants ou importants. en arrivant, on sort de la gare, je file mon sac à punk parce que je suis vraiment plus en état de rien, et en traversant un passage piéton subitement je tombe mais genre pas comme je tombe d'habitude à juste pas passer loin du sol, nan là je roule par terre, comme ça, d'un coup. Punk a fait des lasagnes méga bonnes et monté des bibliothèques tout seul, on a utilisé le chat pour savoir si c'était stable. Punk était content de recevoir des capsules, m'a offert un sticker et un cendrier et m'a fabriqué un bracelet punk. J'ai réussi à bosser un peu sur mon livre, et avant de repartir je leur ai fait un dessin et même si je sais pas dessiner c'était pas si mal, et punk l'a accroché sur le frigo. Ah aussi plusieurs fois punk arrive dans le salon ou un endroit random de l'appart, me regarde, et me sort "mais Leo est-ce que t'es *encore* en train de faire le ménage chez moi ?!" (et la réponse était oui). Et pis voilà on a beaucoup rigolé et discuté et été stupides, c'était vraiment très chouette. Pis après ça j'devais aller à Aurillac mais finalement c'était trop compliqué donc je suis rentré.


3 septembre. (Je sais plus quel jour j'ai commencé à écrire ça mais ça fait au moins une semaine. Edit : j'ai commencé le 22 août apparemment.)

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