top of page

Et si tu...

Dernière mise à jour : 4 juil. 2023

Tu me manques.

Tu me manques, quel enfer.

Un souvenir, un espoir, une horreur.

Tu me manques, alors que tu n'as jamais existé.

Je t'ai admiré, je t'ai adulé et adoré, je t'ai même sans doute aimé.


Mais ce n'était pas toi. Ça n'a jamais été toi. Parce que, toi, tu n'as jamais été comme ça. La personne qui me manque n'a jamais existé, et je le sais. Comme tant d'autres, je t'ai fantasmé, je t'ai inventé. J'ai inventé celui dont j'avais besoin, celui que j'aurais voulu que tu sois. J'ai inventé tes sourires, j'ai inventé notre complicité. J'ai inventé nos rêves, nos projets. Parce que, toi, tu avais ton propre monde, sans moi.

Tu me manques, mais tu n'as jamais été là. J'ai cru que tu me protégeais, que tu tenais à moi, que tu faisais ça pour moi. J'ai cru que tu pouvais prendre soin de moi. J'ai cru que tu avais du coeur, j'ai cru que j'étais dans ton coeur. J'ai cru que je pouvais compter.

Tu me manques, cruellement. Tu me manques chaque jour, malgré mes efforts pour t'oublier. Mes efforts pour ne pas penser à toi, ne pas envisager une autre réalité. La vache. Si souvent, je m'interdis les bons souvenirs, parce que tu as tout détruit. Tu m'as détruit. Je te hais pour ce que tu m'as fait, je me hais de t'avoir laissé faire. Je me hais de t'avoir donné le pouvoir de me briser.

Tu me manques, parce que tu es parti. Je n'ai jamais eu d'explication, d'explication réelle. Et j'en souffrirai sûrement toute ma vie, parce que les explications ne viendront jamais, pas plus que tes excuses ou tes remords.

Tu me manques, parce que je suis parti. J'ai essayé, j'ai vraiment essayé de t'oublier. J'ai tout fait pour cesser de t'aimer, d'aimer un souvenir, une invention. J'ai tout fait pour cesser de croire, cesser d'espérer, parce que je sais depuis longtemps que tu n'en vaux pas la peine. Pour ne pas me dire que, si l'on s'était connus plus tôt... Si la vie s'était comportée mieux, peut-être.

Mais tu me manques, et tu me manqueras encore je crois. Parce que je t'avais élevé au rang d'idole, tu étais la montagne que j'aurais aimé égaler. Tu étais le roc, le socle de ma survie. Et pourtant tu étais déjà parti.

C'est peut-être ton départ qui m'a fait croire que je devais te suivre. Ce sont peut-être tes frasques qui m'ont fait croire qu'il y avait une chance. C'est peut-être ta colère qui m'a fait croire que je devais me battre. C'est peut-être ton sourire, ce sont peut-être tes yeux.

Parce que tu souriais. Et tes yeux riaient.

Je t'aurais suivi au bout du monde, j'aurais voulu, j'aurais vraiment voulu. Je me suis ancré dans ton naufrage, pour organiser le mien. Et j'ai sombré, plus bas que je l'imaginais. Et j'ai sombré, je sombre encore.

Je voulais rire avec toi, je voulais être avec toi. Je voulais être, exister à tes yeux, j'aurais tout fait pour ça. Mais toi, tu avais ta vie, et je n'en ai jamais fait partie. Ça me tue de me dire ça.

Si je regarde le passé avec ce que je sais maintenant, je me rends compte que j'aurais dû le savoir. Je n'aurais jamais dû croire ceux qui me disaient du bien de toi, te trouvaient des excuses pour tout et n'importe quoi. J'aurais dû te regarder comme je regardais le monde, déjà désabusé même avant toi. Enfin, avant toi... Qu'est-ce qu'il y a eu, avant toi ? Est-ce qu'il y a vraiment eu un avant ?

J'ai mal, j'ai si mal. Ce serait plus simple de te mépriser, de t'ignorer. Mais ton existence est une injure à la personne que j'ai tant aimée. Ton existence est un affront à ma raison. Parce qu'une part de moi continuera de t'aimer, toujours. Parce qu'une part de moi continuera d'espérer, toujours. Parce qu'une lumière continuera de briller dans mon coeur racorni, mon coeur que tu as tant piétiné.

Je ferai encore semblant de ne rien ressentir, pour toi. Je ferai encore semblant d'être insensible, à toi. Je ferai encore semblant d'être remis, de toi.

Il est peut-être là, mon instinct de survie. Je veux mourir, je veux mourir si fort. Pourtant, je me suis éloigné de toi. Tu es parti le premier, bien sûr, mais plus tard c'est moi qui ai hurlé que je ne voulais pas te voir revenir. Tu es parti le premier, tu m'as laissé, tu m'as jeté. Tu es parti cent fois, et cent fois j'ai tenté de te rattraper. Tu es parti si loin, si longtemps, si souvent. Tu es parti là-bas, sans que je sache pourquoi. Tu es parti, tu es parti, tu es parti. Infâme litanie qui berça mes nuits.

Je n'avais personne. Je me suis accroché à toi, j'ai cru que tu pouvais me sauver. J'ai cru que tu pouvais me sortir de là, que tu pouvais être le héros, quand tu n'étais que la noyade. J'ai cru que tu voulais m'aider, que tu voulais être l'archange, quand tu n'étais qu'un songe.

Tu me manques, et tu n'as jamais existé. J'aurais aimé ne jamais te rencontrer, pourtant je ne t'ai pas connu. Comment l'aurais-je pu, quand mon cerveau transforme la réalité en permanence ?

J'aimerais oublier. J'aimerais t'oublier.

Et pourtant, pourtant, même si je t'oubliais. Même si je guérissais de toi. Même si tu n'avais jamais existé. Même sans toi, ils m'auraient brisé. Parce que tu es loin d'être le seul à m'avoir marché dessus. Je ne sais même pas si tu as été le premier, mes souvenirs ne m'appartiennent pas.

Mais toi, je te croyais. Un peu. Je croyais en toi. Un peu. Incommensurablement, comparé aux autres. J'ai voulu te croire, j'ai voulu tant de fois. Te croire vraiment, te faire confiance. Mais, même avec toute mon admiration, toute ma contemplation, je savais sûrement déjà que tu me ferais souffrir. Je n'en imaginais pas les proportions, mais je savais. Je savais, comme j'ai toujours su. Parce que c'est là qu'est mon malheur, ma malédiction : je peux être lucide, je peux savoir exactement qui va me faire du mal, et comment, mais me jeter quand même dans le feu des erreurs. Oui, c'est ce que tu as été : une erreur. Une vaste, une horrible, une gigantesque, une immonde, une très longue erreur.

J'aurais aimé te faire du mal, te faire souffrir comme tu m'as fait souffrir. Mais toi, tu ne m'a jamais laissé t'atteindre. J'aurais aimé te faire mal, te faire pleurer, te faire supplier. J'aurais aimé me venger, oui, je l'ai voulu souvent. J'aurais aimé voir la honte dans tes yeux, j'aurais aimé t'entendre reconnaître tes torts, rien qu'une fois.

Finalement, c'est peut-être mieux ainsi. Si tu restes incapable d'assumer tes erreurs, tes horreurs, je peux rester loin de toi. Si tu restes une ordure, sans faire le moindre pas vers une part d'humanité, je peux t'effacer de ma vie.

Dis-moi pour qui j'existerais...

6 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Fuite en avant

J'ai besoin de personne pour alimenter ma parano franchement On pourrait fournir un pays en électricité avec toute l'énergie qu'elle me prend T'inquiète je suis parfaitement autonome en parano Elle s'

PUNK STUPID PUNK, punkage n°6 : Aurillac

Par où commencer ? Bordeeeeeeeeeel. Déjà j'ai embarqué des gens qu'avaient rien demandé mais bon z'étaient d'accord. Du coup on était quatre au lieu de deux, et y avait Rythiel pcq à la base y voulait

bottom of page