top of page

Au sujet du viol

Dernière mise à jour : 4 juil. 2023

Y a un truc un peu flou pour moi, enfin qui me semble évident quand il s'agit de mon expérience mais que je suis incapable d'appliquer à d'autres parce que ça me semblerait violent même si j'en sais rien

Je m'explique : quand je parle de moi, des fois où je me suis fait violer (bon, ça surprend personne ça normalement), je sépare ça en plusieurs catégories. Y a des gens qui m'ont violé, et des fois où je me suis violé moi-même. Parmi mes expériences de viol, y a des gens avec qui ça s'est passé que je qualifie de violeurs, et d'autres non.

Certains savaient très bien ce qu'ils faisaient, c'était volontaire voire prémédité (pour ce que j'en sais), même s'ils ne se sont peut-être pas dit "je vais violer cette personne" mais "je l'aurai quoi qu'il arrive". Y en a eu trois. Là, je parle toujours de violeurs.

Certain-es auraient dû savoir que ça se faisait pas de me toucher pendant mon sommeil (même si je faisais juste semblant de dormir), auraient dû se rendre compte que je venais de dire non ou que j'avais précisé en amont que je voulais pas, auraient dû avoir conscience qu'iels insistaient trop ou ne me demandaient pas mon avis. Ou que je partais pleurer après, ou que je prétextais n'importe quoi pour arrêter une fois que je considérais le rapport accompli. Et, critère aggravant : certain-es militaient contre le viol, justement, donc avaient une notion assez aiguë de ce qu'est le consentement (ou son absence). Iels auraient dû faire attention. Je peux supposer qu'iels n'avaient aucune mauvaise intention, se seraient excusé-es si j'avais osé leur dire à quel point j'avais mal vécu la chose, mais ça reste pas net comme attitude. Y en a eu un certain nombre, mais ça reste une minorité parmi les rapports dont je ne voulais pas et que je vivais mal sur le moment (après aussi, mais y a des trucs sur le moment j'étais consentant et tout, juste trois ans après j'me dis "mais bordel Leo t'aurais jamais dû faire ça", bon ça c'est pas des viols). Les gens en question, quand je parle de ça, parfois je les qualifie de violeureuses, parfois non. Parfois je dis juste que je me suis fait violer, mais sans connecter le viol à la personne (donc sans la qualifier de violeur), comme si ça se passait entre moi et l'univers jsp.

Et puis... Certain-es n'avaient juste aucun moyen de savoir que je voulais pas. Parce que c'est moi qui initiais le truc, moi qui disais que j'avais très envie, moi qui gérais tout (justement parce que j'avais pas envie, j'avais besoin de contrôler toute la scène pour pouvoir la supporter). Certain-es m'ont demandé si j'étais sûr, avant et/ou pendant, si ça allait, si ça me plaisait etc. Iels ont fait tout ce qu'il fallait, c'est moi qui n'ai rien dit. Qui n'ai pas osé dire, ou qui ai volontairement tu mes réticences, pour que la personne ne sache pas que je me servais d'elle pour me faire du mal. Parce que c'est tout ce que c'était : de l'automutilation. Cette course à la baise, ce concours du nombre de partenaires, contre moi-même, c'était juste pour me faire du mal, pour me briser, pour me punir, pour souffrir, pour avoir une raison de pleurer le soir, une raison de m'ouvrir un peu plus le bras. Bon, y avait aussi un soupçon de "si je couche avec plein de gens on finira ptet par me voir comme un mec viril", une once d'espoir de trouver des personnes avec qui ça se passerait bien. Mais, soyons sérieux, j'y croyais pas une seule seconde. Non, vraiment, c'était mon automutilation, c'était ma drogue pour me détruire, c'était pour me bousiller. Pour avoir le courage de me buter tellement ça faisait mal. Et, toutes ces personnes-là, je leur ai pas dit, je leur dirai pas, iels ont aucun moyen de savoir. Parce que, parmi la soixantaine en tout, y en a avec qui c'était pas ça. Y en a avec qui j'étais consentant, avec qui j'avais vraiment envie. Personne à part moi n'a accès à la liste qui dit ça. Personne n'a accès à ma tête. Et, toutes ces personnes-là, je les qualifie jamais de violeureuses, parce que c'est pas le cas (pas avec moi en tout cas, je peux pas parler de l'ensemble de leur vie sexuelle). Toutes ces fois, je me suis violé moi-même, je me suis servi de ces gens pour me violer. Je me suis violé, mais je me suis pas fait violer. Dans cette troisième catégorie, personne ne m'a violé à part moi. Y a eu viol, mais entre moi et moi. Et clairement je laisserai personne qualifier ces gens-là de violeureuses pour ce qui s'est passé avec moi. Parce qu’iels ont été réglo, justement, c’est moi qui ne l’étais pas. Et je connais au moins une autre personne qui m’a raconté un vécu similaire : oui y a eu viol, mais pas par l’autre, un viol de soi sur soi, l’autre a tout fait pour éviter ça.

Bref, je poste ça ici déjà parce que je persiste à croire que personne ne lit mes articles, mais aussi parce que c’est quand même un truc très précis, très personnel, je ne l’applique qu’à moi. Je sais pas si en tant que concept ça craint. Du coup, ma question est : est-ce qu’il y a matière à réfléchir à partir de ça, est-ce qu’il y a un truc à théoriser, ou est-ce que vraiment ça craint ? Pas ma façon de parler de moi, mais l’idée de l’appliquer à d’autres (enfin, d’en parler en tant que concept, pas juste en tant qu’expérience perso, mais évidemment pas l’appliquer à des gens qui n’ont pas la même perception hein, chacun-e qualifie son vécu comme iel veut, je vais pas dire à qqn “bah nan tu t’es violé-e toi-même” si la personne me dit le contraire, comme je vais pas dire “bah si, c’était un viol, même si toi tu refuses de le dire parce qu’utiliser ce terme est violent pour toi, même si c’est à toi que ça fait mal”, fin jsp pour qualifier qqn le consentement c’est important aussi)

Bon maintenant je vais me rouler en boule et serrer les jambes parce que j’ai trop d’images qui me viennent.


9 septembre 2020.

29 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Fuite en avant

J'ai besoin de personne pour alimenter ma parano franchement On pourrait fournir un pays en électricité avec toute l'énergie qu'elle me prend T'inquiète je suis parfaitement autonome en parano Elle s'

PUNK STUPID PUNK, punkage n°6 : Aurillac

Par où commencer ? Bordeeeeeeeeeel. Déjà j'ai embarqué des gens qu'avaient rien demandé mais bon z'étaient d'accord. Du coup on était quatre au lieu de deux, et y avait Rythiel pcq à la base y voulait

bottom of page