J'aurais aimé tes tics tes tocs tes manies.
Tu sais, Leo, c'est un mot. Rien qu'un mot, pour désigner un objet. Là c'est la table, là c'est la chaise, là c'est le Leo. J'parle pas des autres évidemment, juste de moi. Leo, c'est un titre, c'est une description ou un résumé, c'est plein de choses, mais pas vraiment un prénom. Pas vraiment mon prénom. Je le dis souvent, mais je crois que c'est pas très clair. J'ai pas de problème avec ce mot, ni avec ce prénom, j'ai pas de problème avec le fait qu'on m'appelle comme ça. Mais c'est pas mon prénom. Enfin, si, officiellement, ça l'est. Précisément. C'est un nom officiel, c'est comme ça que les médecins, les AS et autres m'appellent. Et ça me va très bien hein, je me reconnais dans ce titre. Mais pas comme un prénom. Et je crois que j'ai envie d'avoir un prénom. Depuis un moment, d'ailleurs. Parce que des noms et des surnoms, on m'en a donné plein dans ma vie, au moins une bonne cinquantaine. Oh, ça me fait penser à une autre cinquantaine de prénoms, mais c'est une autre histoire. Bref, tous ces prénoms font partie de moi, et Leo c'est un peu ce qui regroupe tout le reste. C'est pratique hein, c'est sûr. Sauf que c'est pas moi qui l'ai choisi, et c'est toujours pas mon prénom. Je sais pas comment expliquer ça, parce que ça a pas vraiment de sens. Leo ça reste moi, y a pas de souci, ça marche toujours comme dénomination. Juste, bah des fois j'ai envie d'avoir un prénom aussi. Alors ouais, avec les punks on a commencé à m'appeler Bones, y a un peu trop de raisons à ça, bref. Y a des gens qui utilisent mon deuxième prénom, Sky, pour éviter les confusions entre les milliards de Leo. Mais sinon, le prénom qui colle, c'est mon troisième. Tu sais (probablement pas), Gwendal. Ouais je sais, c'est con, j'arrête pas de faire la navette entre mes trois prénoms, mais c'est bien pour ça que j'en ai trois, non ? C'est toute l'utilité. Bon bref, j'ai déjà essayé de le dire plusieurs fois, sauf qu'il y a un phénomène absolument fantastique qui se produit chaque fois que je tente de me choisir un nom, un prénom, un surnom, ou de dire comment je m'appelle : je bégaie, je panique, j'esquive, je rougis, je cafouille. Non vraiment, c'est un problème récurrent depuis l'enfance, quel que soit le prénom que je tente de sortir c'est compliqué et limite violent. Bon cela dit, ça me fait un peu cet effet-là avec les prénoms des autres aussi, le pire c'est quand le prénom est à quelqu'un sur qui j'ai un crush (ou avec qui je sors). J'ai beaucoup travaillé là-dessus, et maintenant j'arrive à dire le prénom des gens, parce que... Ben parce que j'me suis entraîné à considérer les prénoms en tant que mots comme les autres, voire des interjections pour me forcer à les utiliser. Du coup maintenant ça me sert un peu de ponctuation, et j'aime pas trop ça, mais peu importe. Je crois que le problème ne vient pas des prénoms en soi, mais plutôt de devoir nommer les êtres humains. De devoir m'y confronter. Parce que les humain-es, c'est compliqué. Quelle idée, aussi, d'avoir des prénoms. Pis quand c'est moi qui choisis un prénom, pour moi, pour une bestiole, pour une peluche, pour un humain, ou whatever, ben j'assume pas, je trouve ça ridicule, j'ai peur, bref j'ose pas l'utiliser. Oui ça va être folklo quand je vais adopter un chiot (donc dans quelques jours si tout va bien).
Bref, tout ça pour dire : j'aimerais bien qu'on commence à m'appeler Gwendal, ou Bones.
Et, oui, j'ai parfaitement conscience que grand max trois personnes liront ce texte. J'peux pas faire mieux, déso. J'assume pas d'exister.
15 septembre.